Professeur à l’Université de Colombie-Britannique, Jean Barman s’est vu remettre, le vendredi 16 octobre à Ottawa, le Prix d’histoire du Gouverneur général pour la recherche savante. À travers elle et ses travaux, c’est l’influence des Canadiens français et des femmes autochtones dans l’histoire du Nord-Ouest du Pacifique qui se voit officiellement reconnue.
En novembre dernier, au moment de la publication de son ouvrage intitulé French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest (UBC Press), Jean Barman expliquait à La Source que les Canadiens français et leurs partenaires autochtones avaient été quasiment « biffés » des récits d’histoire de la Colombie-Britannique et du Nord-Ouest du Pacifique du 18e au 21e siècle. Longtemps, en effet, les versions officielles avaient plutôt mis l’emphase sur le rôle des anglophones dans le commerce de la fourrure. En toute franchise, elle confiait alors avoir été « complice » de cette omission, ayant elle-même ignoré l’influence des francophones dans un livre publié antérieurement, intitulé The West Beyond the West. L’oubli est désormais chose du passé !
En se voyant récompensée par le Prix d’histoire du Gouverneur général (Prix Sir John-A. Macdonald), remis depuis 1977 à l’ouvrage publié non romancé sur l’histoire du Canada qui a le plus contribué à améliorer la compréhension du passé, Jean Barman montre – et c’est tout à son honneur ! – qu’il n’est jamais trop tard pour défricher davantage et offrir à l’histoire une séance de rattrapage. Comme le souligne Michel Duquet, directeur exécutif de la Société historique du Canada, l’ouvrage de Jean Barman « rappelle que l’histoire est très vivante grâce à ces nouvelles interprétations continuelles du passé fondées sur la découverte et les nouveaux questionnements de sources. »
Pas de côte ouest canadienne sans Canadiens français
Dans le communiqué publié par la Société historique du Canada, Jean Barman résume ainsi le propos de son livre : « Lorsque la Compagnie de la Baie d’Hudson a repris le commerce de la fourrure des mains de la Compagnie du Nord-Ouest de Montréal en 1821, les employés canadiens-français sont demeurés dans la région du Nord-Ouest du Pacifique essentiellement en raison des liens qu’ils avaient tissés avec des femmes autochtones. Même si l’Angleterre était tentée de céder la région aux États-Unis au moment d’établir la frontière, en 1846, la Compagnie de la Baie d’Hudson a convaincu le pays de conserver ce qui est aujourd’hui la Colombie-Britannique pour ses perspectives économiques prometteuses. N’eût été de ces employés canadiens-français, le Canada n’aurait aujourd’hui aucun territoire longeant le Pacifique. »
D’une certaine façon, alors que Jean Barman reçoit les honneurs, on peut donc dire que les pendules sont remises à l’heure… pour mieux écrire la suite ! En conclusion, comme elle le soulignait l’an dernier dans nos colonnes : « Il est important de reconnaître que la langue française constitue une part importante de notre héritage commun en tant que Britanno-Colombiens et Canadiens. »