Que promettaient les libéraux ?

Quelle soirée électorale ! Le Parti libéral du Canada, qui était en troisième position dans les intentions de vote au départ de la campagne, a remporté 184 sièges sur les 338 que comptera le prochain Parlement. Au pouvoir depuis 2006, les conservateurs ont fait élire 99 députés, soit 67 de moins que lors de l’élection de 2011. Le NPD, en tête dans les sondages lors du déclenchement de la campagne, a remporté 44 sièges seulement. Enfin, le Bloc Québécois a fait élire 10 députés et le Parti vert a récolté un seul siège, celui de sa chef, dans la circonscription de Saanich-Gulf Islands en Colombie-Britannique.

Au cours de son mandat, nul doute que le gouvernement libéral devra faire face à des imprévus, il sera confronté à des enjeux inattendus autant à l’échelle nationale qu’internationale. Un déversement de pétrole, un conflit armé, une crise sociale ou une catastrophe naturelle, seul le temps le dira.

Pourtant, la plate-forme électorale du Parti libéral permet néanmoins d’entrevoir les priorités gouvernementales au cours des quatre prochaines années. Quelles étaient les grandes promesses des libéraux ? Quels engagements se retrouveront dans le discours du Trône, prévu pour le début décembre ? Bref, à quoi peut-on s’attendre du gouvernement libéral ?

En campagne, Justin Trudeau a promis de bonifier l’investissement fédéral en infrastructures de 60 milliards de dollars sur dix ans, soit de 65 milliards à 125 milliards de dollars. La plate-forme libérale propose d’injecter des nouveaux fonds dans le transport en commun, les logements abordables, les centres communautaires et finalement dans les « infrastructures vertes ». En transport en commun, les libéraux promettent 6 milliards de dollars durant les quatre prochaines années et 20 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

Les libéraux promettent davantage de collaboration et de coopération avec les provinces et les villes. En matière de santé, par exemple, ils proposent la négociation d’une nouvelle entente fédérale-provinciales. Dans le dossier chaud de l’environnement, Justin Trudeau a invité les chefs des partis de l’opposition et les premiers ministres des provinces à l’accompagner à la conférence de Paris sur le climat.

La plate-forme libérale comporte aussi une série de promesses en rapport aux Premières nations. Les libéraux souhaitent « bâtir une relation de nation à nation sous le signe de la reconnaissance, des droits, du respect, de la coopération et du partenariat ». De plus, le parti s’engage à lancer une enquête publique nationale sur les 1 200 femmes et filles autochtones disparues ou assassinées.

Depuis le printemps dernier, les libéraux proposent que le Canada accueille 25 000 réfugiés syriens, engagement contenu dans sa plate-forme électorale. Dans le feu de la campagne, Justin Trudeau
s’est engagé à recevoir tous ces réfugiés avant la fin de l’année. En termes concrets, l’objectif est désormais de recevoir 25 000 réfugiés syriens en deux mois. En 1957, suite à l’invasion soviétique de la Hongrie, le Canada avait ouvert ses portes à 37 000 réfugiés hongrois, mais c’était sur une période d’un an. Le défi est de taille.

Le Parti libéral s’est aussi engagé à une série de mesures et de réformes touchant la démocratie canadienne et le fonctionnement des institutions politiques. Entre autres, les libéraux ont promis de mettre fin au système électoral uninominal à un tour, d’accroître le nombre de votes libres au Parlement, de revoir la façon de nommer les sénateurs et les juges à la Cour suprême et enfin d’instaurer la parité hommes-femmes au sein du Cabinet.

Enfin, mais non le moindre, les libéraux s’engagent à légaliser et réglementer l’accès à la marijuana. La plateforme promet la collaboration avec les provinces et les experts dans la mise en application de cette réforme. Plus directement, les libéraux proposent « un réseau strict de vente et de distribution de marijuana qui sera dûment soumis aux taxes d’accise provinciales et fédérale ».

Justin Trudeau et les libéraux respecteront-ils leurs engagements ?

 

Rémi Léger est professeur de sciences politiques à Simon Fraser University.