Comment deviner qu’un choix fait à l’âge de 11 ans influencera à jamais notre vie personnelle et professionnelle durant de longues années ? Ayant le français comme langue maternelle, quelle sera ma « première langue » étudiée ? Pour moi, l’allemand. Mais alors, qu’advient-il de l’anglais ? Ce sera ma « seconde langue » étudiée. Je ne lui ai consacré qu’un « second temps ». Or, quand 10 ans plus tard, je m’oriente vers le tourisme, je mesure mon erreur.
Après quelques années à exercer, je me rends à l’évidence : l’anglais devient incontournable. Je reprends quelques cours du soir, mais la théorie n’égale jamais la pratique. Ma décision est prise, je dois partir habiter dans un pays anglophone ! Le Canada s’impose à moi. Montréal éliminée, trop française, Vancouver m’appelle avec son océan, ses montagnes et sa vie active. Mon Permis-Vacances-Travail (PVT) en poche, je pars avec devant moi deux années pour devenir bilingue. Mais Vancouver me réservait bien des surprises…
A peine débarquée, je me rends au logement réservé pour mon premier mois. Immédiatement, j’observe la décoration du studio et note la récurrence de l’alphabet cyrillique… Le propriétaire est un Ukrainien. Mais ce n’est qu’un avant-goût de la diversité culturelle qu’offre Vancouver. Lors d’une sortie shopping, je converse avec une conseillère de vente. Cette dernière est écossaise. Afin d’atteindre mon objectif de maîtriser la langue, je participe à des « échanges de conversations », soit des échanges mi-français, mi-anglais. C’est ainsi que je rencontre de nombreux Vancouvérois. Mais tous ne le sont pas depuis longtemps ! Certains sont Indiens, d’autres Chinois, Coréens, ou Taiwanais… Ils me racontent alors leurs vies à Vancouver, leurs arrivées dans cette ville et la raison de leurs venues. Dans la rue, descendant d’un bus, je demande mon chemin à un passant qui note mon accent et me demande mes origines. A l’annonce de ma nationalité française, il me parle en français, m’annonçant qu’il est lui-même britannique, marié à une Française ! Au travail, quelques heures dans un commerce, la rencontre régulière de clients me permet de commencer à essayer de deviner leurs origines. A la manière dont certains demandent les produits, je commence à noter différents accents. Ces découvertes se poursuivent de jour en jour à travers toutes ces nationalités qui s’entrecroisent dans la ville de Vancouver.
Ces diverses rencontres sont à l’image de la richesse de la ville. Lorsque l’on quitte la France destination Vancouver, on pense aller apprendre l’anglais. Telle a été mon erreur. A Vancouver, on ne vient pas apprendre une langue, mais des langues. La ville est riche de ses multiples nationalités, principalement asiatiques, installées au cours des trois siècles derniers. Chacun de ses habitants l’enrichit de son accent, de ses sonorités et de son vocabulaire parfois intraduisible.
Au gré des détours, au gré des chemins, ce ne sont plus des Vancouvérois que l’on rencontre mais des pays, des cultures et des peuples qui ont été portés par les flots jusque sur les berges de la ville. Ces mélanges culturels font la richesse de la ville, mais également celle de ceux qui viennent y pratiquer leur anglais : savoir décoder les différents accents, reconnaître les origines et s’adapter aux attentes inhérentes à chaque culture.
Vancouver est l’illustration parfaite de l’expression du
« melting pot » ! Au sens littéral, il s’agit de la fonte des gens, de la fonte de leurs origines pour ne former qu’un peuple de Vancouvérois uni par un même élan d’amour de la nature, de la mer et des montagnes… Chacun met en avant son appartenance à la ville de Vancouver. Au fil des avenues, des rues et des dédales de la ville, on rencontre diverses nationalités, mêlées dans un ensemble chamarré mais pragmatique, qui cherchent à se fondre dans la masse tout en conservant leurs différences !