Quand on met les mots Mexique et immigration dans la même phrase, on pense tout de suite aux Mexicains qui vont habiter aux États-Unis.
Il est rarement question des Américains qui vont habiter au Mexique. Or, ils sont de plus en plus nombreux, mais il est pratiquement impossible d’obtenir un chiffre précis. Selon les statistiques du gouvernement américain, au moins un million de citoyens des États-Unis résident au sud du Rio Grande, sans compter les quelque trois cent cinquante mille enfants nés américains qui sont partis au Mexique pour accompagner leurs parents expulsés par l’oncle Sam. Il existe aussi un grand nombre de bi-nationaux qui n’entrent pas dans les statistiques mexicaines comme étrangers même s’ils sont nés à Chicago ou à Dallas.
Il y a aussi la question des touristes éternels. En effet, de nombreux retraités américains (et bon nombre de Canadiens) vivent au Mexique à l’année longue sans visas de résidence. Le Mexique tolère très bien cet état de choses pour autant que l’étranger ne prenne pas un emploi qui pourrait être occupé par un Mexicain. Pour l’étranger en question, il suffit de demander un permis de séjour touristique de six mois en entrant dans le pays. Une fois cette période terminée, il suffit de sortir du pays, ne serait-ce que pour quelques heures, avant d’y revenir avec un autre permis de six mois. Dans les villes proches de la frontière américaine, c’est la méthode utilisée par de nombreux Américains ne disposant pas d’un revenu suffisant pour obtenir un visa de résident retraité.
Après avoir longtemps fermé la porte aux étrangers, le Mexique a complètement changé sa politique migratoire ces dernières années. Maintenant, le principe de base est très simple : si votre présence est avantageuse pour l’économie du pays, vous êtes le bienvenu. Les étrangers disposant d’un revenu provenant de l’étranger peuvent obtenir un visa leur permettant de vivre au Mexique sans être taxés. Cela concerne les retraités, mais pas exclusivement. J’ai rencontré une Canadienne qui louait la maison qu’elle a héritée à Victoria et vivait confortablement dans une petite ville côtière du Mexique.
Un Américain qui travaille trois mois par an sur un bateau de pêche en Alaska, passe le reste de son temps à Mazatlan. Un New-yorkais qui gère l’argent des autres en pianotant sur son ordinateur a décidé qu’il valait mieux pianoter au soleil que dans la neige. Un artiste peintre qui vend ses toiles en Californie a décidé qu’il était préférable de vivre confortablement au soleil que pauvrement dans son pays. Ces immigrants nord-américains, résidents officiels ou touristes permanents, sont de plus en plus nombreux et certaines villes, comme San Miguel de Allende, Mazatlan ou Ajijic, font tout pour les attirer. Selon le département canadien des affaires extérieures, cent vingt-cinq mille Canadiens résidaient au Mexique en 2013, sans compter les « snowbirds » qui ne font que passer leurs hivers dans ce pays. Alors que notre dollar faiblit de jour en jour au point de rendre les États-Unis hors de prix pour les Canadiens, le Mexique devient une alternative de plus en plus évidente pour les amateurs de soleil.
Les entrepreneurs forment une autre catégorie d’immigrants bienvenus dans ce pays. Bon nombre des quelque dix mille Français résidant au Mexique se placent dans cette catégorie. Petit hôtel, restaurant, compagnie d’import-export, peu importe le type d’entreprise, pour autant qu’elle emploie des Mexicains. Pour l’obtention des visas, la procédure a été simplifiée et allégée, ce qui enchante ceux qui sont habitués aux lourdeurs bureaucratiques de l’Europe ou de l’Amérique du Nord.