Dans le cadre du PuSh Festival, le comédien vancouvérois Charles Demers présente sa pièce de théâtre comique et politique, The Leftovers, réalisée en collaboration avec l’auteur Marcus Youssef. Jouée du 26 au 30 janvier au York Theatre, la pièce met en scène le sentiment de désenchantement du socialisme de ses acteurs sur un fond humoristique. The Leftovers fait le point sur ce qu’il reste aujourd’hui des idéaux de la gauche.
Après la publication en 2009 du roman The Prescription Errors et d’essais tels que The Horrors: An A to Z of Funny Thoughts on Awful Things en 2015, Charles Demers s’essaie au théâtre. Pas vraiment étonnant de la part de cet hyperactif, qui donne également des cours d’écriture à UBC depuis deux ans et qui participe régulièrement à l’émission de radio The Debaters sur les ondes de CBC, son médium favori puisqu’il préfère les « situations dans lesquelles il peut à la fois écrire et jouer ».
Avec The Leftovers, Marcus Youssef et Charles Demers signent une pièce de théâtre comique amenant une réflexion politique portant sur les utopies de la gauche. L’idée centrale ? Qu’est-ce que ça veut dire, être un socialiste né dans les années 1980 entre les élections de Thatcher et Reagan, à une période charnière pour la gauche vaincue ?
La pièce mêle humour et politique tout en restant « extrêmement autobiographique », puisque Charles Demers y partage beaucoup de sa vie, de son expérience ainsi que de sa pensée. Demers fait également référence à The Leftovers comme une pièce « cathartique » car au-delà de l’aspect idéologique, il y partage son histoire personnelle en évoquant sa mère, gravement malade lorsqu’il était enfant et dont le décès fut un grand déchirement pour lui.
Les restes d’une gauche dénuée de sa vigueur d’antan
Bien que le titre de la pièce soit à la fois un jeu de mots ironique sur la gauche en politique, il est également un aveu du désenchantement idéologique en ce qui concerne « ce qu’il reste du vingtième siècle » ainsi que des « idées socialistes de cette époque », en lesquelles « plus personne ne croit vraiment » selon Demers. Alors, que reste-t-il de la gauche ?
Pour Demers, les idées du socialisme du vingtième siècle ont été rabaissées à tel point qu’il semblerait presque qu’elles n’aient « plus rien à offrir » de nos jours. Désormais, on se préoccuperait davantage de la « logique des marchés ».
Ainsi, la grande interrogation que la pièce soulève est la suivante : « Comment se fait-il qu’en 2016, alors qu’on a plus de richesses et que l’on a atteint un niveau d’innovation tel que l’on n’en a jamais connu auparavant, nous avons l’impression qu’il y a moins de possibilités que lorsqu’on sortait de la seconde guerre mondiale, où chacun pensait que tout était possible ? » Pour y répondre, l’auteur explique qu’il est nécessaire de « réinventer l’idéologie socialiste » en l’adaptant à notre époque.
Il n’est plus aussi tabou d’être socialiste au Canada
Connu pour son militantisme, Charles Demers estime que la population tend à « redécouvrir ce terme [socialiste], sa signification et les valeurs qu’il implique ». Il estime que de plus en plus de personnes « se rendent compte de l’importance de conserver ces idées de nos jours, même si ce ne sont pas elles qui ont le plus de succès ».
L’auteur voudrait que le public assistant à la pièce passe « un bon moment », qu’il « rie ». Par ailleurs, il aimerait également que The Leftovers permette aux spectateurs de se « souvenir de ces idées socialistes qui existaient alors qu’ils étaient enfants » ou bien qu’ils puissent être « agréablement surpris par ces nouvelles idées dont ils n’avaient jamais entendu parler ». Demers refuse que le public quitte le théâtre se sentant « démoralisé », il voudrait qu’il parte avec « un désir d’étendre le champ des possibles » en ce qui concerne l’avenir politique de la gauche.