Avez-vous déjà vu ou entendu des cordes magiques qui vibrent et émettent un son sans que le musicien n’ait à les toucher ? Voici le pari que relèvera samedi 13 février.
Garth Knox avec son instrument de prédilection, la viole d’amour. Alors qu’il est déjà venu plusieurs fois au Canada, Garth Knox garde de Vancouver l’image d’une ville « belle et accueillante ». Cinq ans après un récital soliste, il revient avec grand plaisir présenter cet instrument particulier. La Source vous révèle quelques caractéristiques de sa viole d’amour…
Garth Knox est un musicien écossais, né en Irlande. Il est le cadet d’une fratrie de quatre où chacun des membres joue d’un instrument à cordes. Lui choisit l’alto, puis se tourne ensuite vers la viole d’amour. Très tôt, il décide de faire de la musique son métier. Après avoir étudié puis remporté des prix au Collège Royal de Musique de Londres, il est invité par Pierre Boulez à intégrer l’Ensemble Intercontemporain de Paris en 1983.
En 1990, il retourne à Londres et participe pendant sept années au Quatuor Arditti avec lequel il fera plusieurs tours du monde. Après cette expérience, il décide de regagner Paris où il vit encore aujourd’hui avec son épouse et ses enfants, français.
La « Viola d’amore », la viole d’amour
Instrument méconnu qui aurait vu le jour au tout début du 17e siècle, la « viola d’amore », ou viole d’amour, acquiert ses lettres de noblesse au cours des 17e et 18e siècles avant de tomber dans l’oubli. Cette viole d’amour étant liée à un style musical particulier, lorsque ce dernier tombe en désuétude, elle disparaît à son tour. Cet instrument est remis sur le devant de la scène aujourd’hui par Garth Knox, un des rares musiciens qui sache en jouer.
Mais d’où vient son nom si évocateur ? Il existe plusieurs légendes romanesques. Celle privilégiée par Garth Knox repose sur une déformation de l’italien « viola da More », More désignant les Maures du califat des Omeyyades de Cordoue. En effet, cet instrument pourrait avoir des origines moyen-orientales et avoir été importé en Europe grâce à ce califat. Un indice qui vient étayer cette théorie, la plus plausible aux yeux de Garth Knox, est que la viole d’amour est ornée de découpes en forme, non pas de F italien comme l’est un violon traditionnel, mais du symbole de la flamme en arabe.
Si, au premier regard, cet instrument peut se confondre avec un violon, il n’en est toutefois qu’un parent éloigné. Alors que le violon baroque ne comporte que cinq cordes en boyau de mouton, la viole d’amour se compose de quatorze cordes métalliques. Pour cette raison, d’ailleurs, le manche est plus large que celui d’un violon classique. Cependant, cet instrument possède une particularité quelque peu magique : des quatorze cordes présentes, l’archet n’en frottera que la moitié. Sept cordes sont mises en vibration par le passage de l’archet, alors que les sept autres, qui doublent chacune des cordes principales, lui sont inaccessibles. Elles sont appelées les cordes sympathiques. Étymologiquement, le grec sum-pathos signifie souffrir avec : ces cordes résonnent donc par volonté de partager le sort de celles qui sont accessibles. Il est le seul instrument occidental à posséder cette caractéristique acoustique que l’on retrouve habituellement dans le
monde moyen-oriental, notamment avec le sitar.
Pour une expérience unique
Nul besoin d’être un spécialiste pour venir apprécier ce concert. Garth Knox l’assure : « je présenterai chacune des pièces avant leur exécution ».
Afin que l’on puisse découvrir les multiples facettes et les nombreuses qualités de cet instrument original, il a choisi de nous présenter des œuvres illustrant toute son histoire. Ainsi, il interprétera deux pièces de style baroque ; deux morceaux contemporains composés par de jeunes artistes canadiens présents ce soir-là, Farshid Samandari et Donald Stewart ; et enfin, deux autres pièces incluant un support électronique.
C’est donc tout à la fois un voyage historique et auditif que Garth vous proposera le samedi 13 février au soir !
Garth Knox en concert:
13 février à 20h
The Annexe, Vancouver New Music, 823 rue Seymour, 2e étage