Le modèle solidaire se redessine

Malgré la crise économique, les grandes marques n’hésitent pas à lancer des actions solidaires pour s’offrir un supplément d’âme. Mais, loin des stratégies commerciales d’entreprises, nombreux sont les « monsieur ou madame tout le monde » qui s’investissent dans le mécénat, redessinant les contours de la solidarité.

Dans une province où le bénévolat fait souvent partie intégrante de la culture, l’avènement des plateformes interactives et des réseaux sociaux a clairement changé le paysage de l’entraide. C’est ce qu’explique l’artiste James Buddy Rogers, basé à Maple Ridge. Il a décidé de venir en aide à la petite Kira Smith, diagnostiquée du sarcome épithéloïde, une maladie très rare. « C’est par un groupe Facebook que j’ai découvert Kira. Je suis papa de deux filles, et la situation m’a touché, j’ai alors appelé sa famille et proposé d’organiser un concert pour leur venir en aide. »

Le raccourci offert par le web

Il a ensuite posté l’annonce du concert Blues Aide sur différents sites et billetteries en ligne, et la nouvelle a fait son chemin. « Avant, je passais des heures à essayer d’entrer en contact avec les journaux, de pousser les radios pour qu’elles annoncent nos actions. Aujourd’hui, même si les médias sociaux restent un vrai travail, il est plus facile de toucher les gens. »

Les quatre jeunes fondateurs de Indian Umbrella. | Photo de Indian Umbrella

Les quatre jeunes fondateurs de Indian Umbrella. | Photo de Indian Umbrella

Un avis partagé par Jamie et Chris Ruscheinski, créateurs de la Twins Cancer Fundraising. Suite à la perte de leur mère après une longue bataille contre le cancer du sein, les jumeaux se sont retrouvés démunis. « Nous avons décidé de tout faire pour que d’autres familles n’aient pas à traverser la même chose que la nôtre », souligne Chris. Les débuts ont été difficiles et les frères avouent avoir eu à relancer souvent les donateurs, et même « mendier et ramper » pour trouver des dons. « C’était une lutte constante. Maintenant, Facebook est la clé pour nous. Nous restons aussi transparents que possible et les “fans” apprécient que nous passions beaucoup de temps à communiquer et à poster des nouvelles ».

Des moyens qui permettent une interaction plus rapide, comme un bouche-à-oreille illimité qui attire les bénévoles. Les efforts ont payé puisque, grâce à leur notoriété, les deux frères organisent une soirée Gone Country pour aider la famille Richardson dans laquelle Denise, la mère, se bat contre un cancer en phase 4.

Proche par le lieu ou par le cœur

La proximité géographique avec les gens qu’ils aident semble être une valeur commune à ceux qui s’investissent dans les événements de charité, comme le souligne James Rogers qui a participé à des centaines de collectes de fonds au cours de sa carrière. « Tout dépend de mes disponibilités, mais aussi de la cause à défendre. Personnellement les causes locales me touchent, je trouve plus de sens à aider les gens autour de moi. »

Certains décident pourtant d’exporter leur donation et leurs efforts pour aider à l’autre bout du monde. C’est le cas de Quinn Underwood, Kevin Dhir, Logan Underwood, et Lewis Dillman, quatre amis vancouvérois ayant fondé l’association Indian Umbrella en 2012. Après de longues recherches, ils ont découvert que de nombreux membres de la communauté indienne avaient été laissés pour compte dans le développement du pays. Kevin ayant des liens familiaux et culturels en Inde, les amis ont décidé d’y cibler leur engagement. « C’est donc une destination où nous pouvons avoir un impact important et convaincre nos donateurs de l’efficacité avec laquelle l’argent est dépensé. Nous avons choisi de ne pas nous concentrer sur des causes locales, car nous voulions que nos dons aillent le plus loin possible. Le besoin est plus urgent là-bas. »

Un pari qui a fonctionné puisque les contributions reçues par Indian Umbrella ont permis d’aider à la construction d’une école et de réveiller les consciences sur les effets débilitants de la pauvreté dans les pays comme l’Inde.

Aider les autres pour s’aider soi-même

Pourquoi autant d’efforts ? Ces philanthropes auraient-ils un espoir de retour marketing, à l’instar des grandes entreprises ? À cette insinuation, James Rogers sourit et lance « un tel événement demande tant d’efforts, de temps et même d’argent personnel. Si je cherchais à en tirer un avantage, je ferais aussi bien d’économiser tout cela et d’investir dans des supports de publicité. »

Chris Ruscheinski réfute aussi l’idée de tirer profit du succès de l’association. « Nous n’avons jamais tiré un centime de l’organisation et nous ne le ferons jamais, maman l’aurait voulu ainsi. » Il ajoute : « aider les autres ne nous a pas seulement aidés dans notre processus de deuil, cela nous a aussi rapprochés. »

 

Retrouvez les associations lors de leurs événements :

Blues Aide (Benefit for Kira Short)
21 février à 18h
Tickets disponibles sur Eventbrite

Comedy vs Comedy
27 février à 20h
www.twinscancerfundraising.com

Indian Umbrella Charity Gala
13 février à 18h
www.indianumbrella.org