À l’image de la Vancouvéroise Jami Gigot, plusieurs artistes de l’Ouest canadien se spécialisent dans cette discipline à part entière qu’est l’illustration jeunesse. Les œuvres de neuf d’entre eux sont à l’honneur dans le cadre de l’exposition collective Canada West Illustrators : Cultivating Imagination, jusqu’au 29 mars à North Vancouver.
Enfants comme adultes, maîtrisant la lecture ou non, pour un ouvrage romanesque ou une biographie historique, écartant les pages d’un ouvrage, le premier réflexe est souvent de chercher des yeux des images pouvant satisfaire sa curiosité. Mais il n’en a pas été toujours ainsi.
Quand Lewis Caroll fait dire à Alice « À quoi peut servir un livre sans images ? », il met en avant le rôle crucial des images, particulièrement dans les livres destinés aux enfants. Pourtant, ce n’est qu’au milieu du 19e siècle que l’illustration pour enfant devient un incontournable, avec le lancement de la Bibliothèque rose illustrée, en 1858, par Louis Hachette. La présence systématique d’illustrations sera alors un des attraits de sa nouvelle collection.
De l’importance des images
L’image est cruciale, primordiale, elle est la première approche dans le monde livresque pour les enfants les plus jeunes, ceux qui ne savent pas encore lire. Les livres s’ouvrent pour eux grâce à la présence d’illustrations. Qui n’a pas déjà écouté un tout petit se plonger dans un livre, inventant une histoire à partir des images ? Il se crée un univers imaginaire en s’inspirant des dessins qui lui sont proposés et qui agrémentent le livre. Plus tard, lorsqu’il aura accès aux mots, il pourra connaître l’histoire et apprécier le lien entre le texte et son illustration.
Jami Gigot, dont c’est devenu le métier, affirme avoir « toujours aimé l’art de raconter des histoires et la relation entre les mots et les images ». L’enfant se trouve dans la même situation qu’un parent n’ayant pas de cartel pour la lecture d’une œuvre d’art. Mais, au lieu d’être désorienté comme un adulte pourrait l’être cherchant à identifier, à poser des mots sur l’œuvre, il en prend son parti et se créé sa propre histoire. L’image suscite l’imagination.
Portrait d’une illustratrice voyageuse
Née dans le Wisconsin, aux États-Unis, où elle a suivi des études d’art axées sur le film d’animation, Jami Gigot décide ensuite de parcourir le monde, attirée par la création d’art numérique : « Toy Story m’a impressionnée. Intriguée par les possibilités qu’offrait ce nouvel univers né de la fusion entre l’art et la technologie, j’ai emménagé à Vancouver afin de continuer mes études à l’École du cinéma. » À la suite de cette formation, elle voyage à Los Angeles, puis à Londres, afin de participer à la création de nouveaux films d’animation.
Mais, réellement amoureuse de Vancouver, c’est là qu’elle revient s’installer en 2011. « Il n’y a que deux ou trois ans que j’ai envisagé l’illustration de manière sérieuse. » C’est ainsi que Jami dévoile ses talents d’illustratrice au service d’une histoire qu’elle compose elle-même. Son premier ouvrage, Mae and the Moon, publié en septembre 2015, prend vie sous ses pinceaux réels et numériques. Mais après cette première expérience, Jami veut absolument publier un autre livre ! « J’ai adoré le processus entier de création pour Mae and the Moon et j’ai beaucoup appris. J’ai plusieurs projets en cours actuellement et j’ai très envie de continuer à partager des histoires et de les illustrer ».
Une exposition, un pari
En faisant le pari d’exposer des illustrations jeunesse, la District Library Gallery de North Vancouver mise sur la probabilité que des parents vont se sentir assez concernés pour emmener leurs enfants voir de telles œuvres. Et en même temps, c’est l’occasion de montrer aux enfants que les livres qu’ils dévorent sont préparés avec soin, à leur intention, par des artistes contemporains, qui leur créent de nouveaux univers. Mais c’est aussi l’occasion de leur présenter et de leur expliquer les différentes étapes et les différents acteurs de la fabrication de l’objet livre.
Jusqu’au 29 mars, ce sont ainsi neuf femmes artistes illustrant des ouvrages jeunesse en exploitant diverses techniques telles que l’aquarelle, l’encre, la photographie ou encore le numérique, qui sont à l’honneur. Toutes membres de la société des écrivains et illustrateurs de livres pour enfants, une même passion unit Lisa Cinar, Dani Duck, Jami Gigot, Akemi Ito, Helena Juhasz, Anne Lei-Yeung So, Cyndi Marko, Anita Miettunen et Nancy Vo.
Les portes de leur imaginaire sont ouvertes du lundi au vendredi de 9h à 21h, le samedi de 9h à 17h et le dimanche de midi à 17 h.