Montréal est en ruines. En fait presque en ruines. Voilà la constatation que je faisais lors d’un récent voyage dans la métropole québécoise. Vous n’avez qu’à bien regarder l’enchevêtrement de bretelles d’accès, de voies surélevées, de tunnels, d’échangeurs et autres autoroutes, quand vous y roulerez la prochaine fois.
En fait, cela vous sautera aux yeux si vous devez emprunter le rond – point Dorval – Côte de Liesse, la route 20 et l’autoroute du Souvenir. Vous traverserez des bouts de paysages apocalyptiques où des voies élevées sont en état de démolition partielle en attendant d’être reconstruites. Voilà qui donne un paysage étonnant de géants qui se défont sous vos yeux. Mais voilà aussi qui entraîne des coûts à la mesure de l’envergure de ces travaux d’Hercule. Si vous devez passer par les échangeurs de Côte de Liesse, Décarie ou de l’autoroute des Laurentides, ce n’est guère mieux !
Les ex-Montréalais ou ceux d’entre vous qui y voyagent souvent, connaissent bien les défis de la circulation s’ilsont choisi de s’y déplacer en voiture pendant leur séjour : autoroutes Bonaventure, Métropolitaine et Ville-Marie, échangeurs Turcot, Des Sources et Saint Pierre, sans oublier le tunnel Louis Hippolyte, les ponts Mercier et enfin le pont Champlain, qu’il faut remplacer le plus tôt possible ! À lui seul la reconstruction de l’échangeur Turcot, dont l’échéancier est 2020, devrait coûter près de 4 milliards de dollars, et le nouveau pont Champlain est chiffré à près de 5 milliards de dollars, le pont Mercier étant une aubaine à 1 milliard seulement ! L’ensemble des 20 projets les plus importants répertoriés en 2013 s’élevait à plus de 20 milliards ! Les seuls coûts d’entretien du réseau existant sont de 3 milliards.
Une fois que vous serez rendu au centre-ville vous renouerez avec ce sport d’hiver typiquement montréalais, soit comment éviter les nids de poule, les ventres de bœuf, les dos d’âne et autres obstacles hivernaux y compris la chasse aux places de stationnement ! Une fois garé, vous aurez aussi constaté que les déplacements à pied sont eux aussi accompagnés d’une série d’obstacles qui constituent le deuxième sport d’hiver préféré des Montréalais, soit comment éviter de se faire arroser aux intersections par les automobiliste qui oublient qu’ils sont parfois piétons et qui passent en trombe en soulevant une trombe de ce mélange semi liquide constitué de neige fondante et d’eau salée, ce qui fait des merveilles sur l’état de vos belles bottes de cuir et du pan de votre manteau.
Il vous faudra ensuite vous méfier des trottoirs défoncés et crevassés qui n’ont comme seul véritable but que de vous faire trébucher si vous n’avez pas déjà perdu pied sur une bande de glace ! Ah les joies de Montréal ! Mais voilà, le miracle de la métropole francophone de l’Amérique du Nord, c’est qu’on se réhabitue à tout cela en l’espace de deux ou trois coins de rue. On se laisse plutôt séduire par la vitalité de la ville, sa francité parfois menacée, ses bistrots, restos et cafés bien achalandés à toute heure du jour et tard en soirée ! Et mon Dieu, quel bonheur que de bouquiner dans de vraies librairies avec des vrais livres où le bouquinage est une activité sociale et culturelle bien ancrée.
Les amateurs de mode connaissent déjà la réputation dont jouissent les labels de mode montréalais. Après tout, les Montréalaises ont depuis toujours la réputation d’être les femmes les mieux « habillées » du Canada. Ah, si seulement on avait toute cette vitalité à Vancouver en plus de la qualité de vie qui nous est tellement enviée…moins le prix de l’immobilier et du logement bien sûr ! Mais voilà. Montréal est une vraie grande ville avec les qualités et les défauts qui viennent avec ce statut. Comme toute chose dans la vie, l’habiter vient avec des choix inhérents, dont certains se payent autrement que par le coût plus abordable du logement.
À la fin de votre séjour à Montréal, quand vous aurez fait en sens inverse la route vers l’aéroport Trudeau et que vous serez bien tassé…dans l’avion, vous aurez raison de vous demander comment tous les projets d’infrastructure de Montréal vont peser dans la balance quand le gouvernement fédéral annoncera le partage de ces dollars entre les grandes villes du pays.
Et vous vous rappellerez…avec un petit sourire en coin, qu’à Vancouver on se demande encore comment on va faire pour se défaire des viaducs Georgia et Dunsmuir, deux bretelles d’accès à des autoroutes jamais construites, dont les Montréalais auraient tôt fait de se défaire en l’espace d’un weekend. De la petite bière…sauf peut être pour le pont qui remplacera le tunnel Massey et la ligne de métro Commercial-UBC !