Mais qu’est-ce qu’il a celui-là ? Que fait-il celui-là ?
Impossible de l’ignorer. Il est partout. Il gagne tout. Ira-t-il jusqu’au bout ? Fort possible, il est capable de l’emporter. Qui l’aurait cru au début des hostilités ? Qui peut dorénavant l’en empêcher ? À priori personne, au grand dam de l’establishment américain. Donald Trump c’est l’Attila du coin : partout où il passe, la marijuana ne repousse pas. Mais lui, qui aime couper l’herbe sous les pieds de ses adversaires, la repousse-t-il ?
Mes proches, à juste titre, souvent me reprochent de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Pourquoi s’intéresser à la politique américaine alors qu’au Canada les sujets de préoccupations ne manquent pas ?
Pourquoi se fasciner pour les élections primaires de nos voisins du Sud, particulièrement celles des Républicains, quand nous avons chez nous un gouvernement qui joue la carte du prince charmant à la poursuite de Cendrillon qui vient d’adopter les sept nains, abandonnés par Blanche Neige ? Quel intérêt peut représenter pour moi cette course pathétique à l’investiture républicaine ? Aucun. Je n’ai pas le droit de voter et les yankees n’ont que faire de mon opinion. Mais voilà, c’est plus fort que moi. J’ai honte de l’admettre. Je suis accro. Je ne peux résister au spectacle épouvantable et immonde que m’offrent les candidats républicains : le « trash » à son meilleur. La bêtise humaine prise en flagrant délit d’ignominie.
Ils étaient 22 au départ à briguer la présidence. Ils ne sont plus que 5 (peut-être même 2 ou 3, d’ici la parution du journal) et Donald Trump domine tout ce bas monde. Plus il est outrancier, grotesque, désobligeant, insultant, rustre, grossier, goujat, plus il s’affirme auprès de l’électorat républicain. Si j’étais américain je m’inquiéterais sérieusement. À bien y penser, même en tant que Canadien, je suis préoccupé. Son succès pourrait avoir de sérieuses répercussions chez nous. Certains politiciens canadiens seraient tentés de l’imiter. Ils pourraient s’en inspirer, n’est-ce pas Monsieur Kevin O’Leary ? C’est ce qu’on appelle le nivellement, politique, par le bas.
Impossible donc d’y échapper. Nous devons faire face à ce phénomène. Nous devons confronter la « trumpitude » qui a gagné l’Amérique. Cette nouvelle maladie, apparentée à la turpitude dont on ne connaît pas encore l’ampleur ni la portée, commet des ravages, partout où elle passe, aux cours des primaires républicaines américaines. Les pontes du Parti, qui ne savent plus par quel bout s’y prendre pour contrer l’effet « trumpeur », n’ont pas encore découvert d’antidote pour freiner l’épidémie qui menace la santé mentale de la vie politique des États-Désunis d’Amérique. Récemment découvert, ce fléau affecte et infecte les esprits faibles et fragiles d’une population à l’esprit vindicatif, haineux et hargneux. Les laissés-pour-compte y trouvent leur compte sans que ce soit celui de la banque du mec Donald.
Nous avons eu la « Trudeaumania », maintenant nous assistons à la « Trumpomania ». Après le trotskysme, le stalinisme, le gaullisme voici qu’éclot le « trumpisme » : une philosophie politique de type antagonisme virulent, se revendiquant de Donald Trump par ses incartades, la vulgarité de ses discours, son arrogance et, en particulier, sa xénophobie. Rien, ni personne, pour le moment, ne semble pouvoir arrêter ce magnat « casinodo » de l’immobilier.
Il ne cesse de surprendre. Il y a deux semaines de cela, rappelez-vous, nous avons assisté à une altercation, par média interposés, entre le pape et Trump. Le pape François, retournant d’un voyage au pays de Zapata, a laissé savoir que, pour lui, tout individu désirant ériger des murailles et créer des barrières entre les êtres humains plutôt que de construire des ponts et faciliter les rapprochements, ne peut-être un vrai chrétien. Sous-entendu, c’est ainsi que je l’ai interprété : ce n’est pas un chrétien, c’est un crétin. Il n’a nommé personne mais on a pu suivre son regard. Nous avons ainsi assisté à une prise de bec, à distance, entre le christianisme et le crétinisme.
Donald, qui ne vit pas à Disneyland, n’a pas apprécié les propos du vicaire de Rome. À juste titre, il s’est senti visé. Je le soupçonne, depuis, d’envisager de sévères représailles. Trumpinette, qui ne manque pas de toupet, serait capable, je vous le parie, d’interdire au pape l’accès à ses casinos. Il pourrait aussi ne pas l’inviter à ses émissions de télé-irréalité, ou encore, lui refuser l’entrée au concours de Miss Univers.
En attendant, par calcul certainement, il a fait preuve de magnanimité. Il a fait savoir qu’une fois élu président, il viendrait à la rescousse de l’État emmuré du Vatican si la cité devait être menacée par des invasions barbares islamistes. Le pape, qui ne peut compter que sur sa garde suisse et leurs vétustes hallebardes, n’a pas cru bon de répliquer. Que peut-il dire à ce croisé que personne sain d’esprit ne désire croiser ? Trump, ce richard au Foie Gras de Lion a l’intention, si je saisis bien la situation, de mettre à la disposition de la papauté ses « trumpliers » afin de protéger la cité sainte. Quelle générosité. De quoi se plaint-on ? La « trumpitude » a peut-être du bon.
La « trumpitude » c’est aussi ça : l’art de dire n’importe quoi. J’ai oublié de me faire immuniser.