Wandering Hearts, second long-métrage du réalisateur vancouvérois Jeff L’Heureux, a récemment été diffusé pour la première fois. L’événement a eu lieu à Vancouver en présence de l’équipe de tournage. La Source a été invitée à assister à cette projection unique et, le moins que l’on puisse dire, c’est que Jeff L’Heureux fait partie des espoirs canadiens à suivre !
Originaire d’Edmonton, Jeff L’Heureux déménage à Vancouver en 2002 et y étudie l’art cinématographique à l’Université Capilano. Technicien aux multiples talents, il est capable de maîtriser aussi bien la prise de son que la musique, le montage vidéo, la photographie ou encore l’édition. Mais, il le confie volontiers, sa passion est la réalisation, tenir la caméra, et diriger les acteurs est ce qu’il préfère avant tout.
Tomber amoureux malgré la barrière de la langue
Wandering Hearts nous raconte le voyage à Paris d’un Vancouvérois, Ethan (Deva Middleton), qui va rencontrer Valérie (Anne Schmitz) à Paris. Hasard ou destin ? Les deux jeunes gens vont passer du temps ensemble et Valérie va faire découvrir à Ethan d’autres parties de la France moins connues des touristes que Paris. Elle l’emmènera notamment au pied du Mont-Saint-Michel et dans l’est du pays, vers Nancy.
Vous l’aurez compris, il s’agit bel et bien d’une histoire d’amour, d’une passion simple et pourtant ravageuse qui va s’abattre sur nos deux jeunes protagonistes et tout emporter avec elle. Cependant, l’écart culturel, aussi léger soit-il entre la France et le Canada, se ressent forcément. Notamment lorsqu’Ethan est invité à un repas au sein de la famille de Valérie et qu’il ne comprend pas un traître mot. Impossible de communiquer alors.
On assiste également à des moments drôles illustrant bien certaines différences sociales entre ces deux pays. En particulier lorsque, maladroitement, Ethan essaie de faire la bise à son beau-père pour le saluer. S’en suit un dialogue amusant où Valérie explique à son petit-ami qu’en France, deux femmes se font la bise, un homme et une femme se font la bise, mais un homme et un homme… se serrent la main ! Enfin, ça dépend des situations bien sûr ! L’incompréhension d’Ethan est très amusante à voir à l’écran.
Le film est actuellement en train de passer les sélections de plusieurs grands festivals, y compris celui du Festival de Cannes.
Le charme de la pellicule
Si ce film est touchant dans sa sincérité et dans sa manière de filmer les sentiments à fleur de peau, la qualité de la réalisation n’y est pas étrangère. En effet, Jeff L’Heureux a choisi de privilégier l’authenticité en filmant sur pellicule et non pas au format numérique.
« Kodak nous a fourni le matériel » informe le réalisateur. « Ce tournage s’est fait sur pellicule, par opposition au format 35 mm qui est le plus courant actuellement ».
Les avantages de tourner sur pellicule ? L’image est magnifique, et même si le budget n’égale pas celui des superproductions hollywoodiennes, cela ne se voit pas. La lumière est incandescente, elle flatte autant les acteurs que les monuments historiques.
Les inconvénients ? « On n’a pas le droit à l’erreur quand on tourne sur pellicule. Ça demande une grande confiance en soi pour sentir quand c’est dans la boîte, tu dois croire en toi en tant que réalisateur. On ne peut pas revoir ce que l’on vient de filmer, il n’y aura pas de deuxième chance, il faut tout réussir en trois prises. »
Derrière la caméra
L’idée de ce film est née lors d’un voyage en France. Canadien lui-même, Jeff L’Heureux s’est posé la question : qu’est-ce que penserait un Canadien qui viendrait pour la première fois en France et qui rencontrerait une jeune femme qui lui ferait tout visiter ?
« Mon premier film [Shadow of the Lotus] était très violent et très dur. Je voulais faire quelque chose de différent, quelque chose qui donne le sourire », confie Jeff L’Heureux. « Des amis français m’ont dit que les films français ont souvent une fin triste. C’est en cela que mon film n’est pas français, car il est vraiment joyeux ! », s’amuse le réalisateur qui s’identifie bien volontiers comme un francophile de la première heure.
Son premier film était chorégraphié au millimètre, notamment pour les scènes de combat, tandis que celui-ci a plutôt été réalisé à l’instinct. « La scène devant le Mont-Saint-Michel a été laissée à la libre expression des acteurs principaux et a été achevée en deux prises seulement. »
On ne peut pas faire un grand film sans avoir de bons acteurs. Les prestations d’Anne Schmitz et de Deva Middleton sont excellentes et l’alchimie entre eux deux est bien présente. D’ailleurs, la magie se prolonge à la ville comme à la scène puisqu’Anne Schmitz a quitté sa Belgique natale pour Vancouver où elle poursuit sa carrière d’actrice.
« C’était une première grosse expérience avec un long-métrage », explique Anne Schmitz. « J’ai savouré du début à la fin, j’ai appris des choses, c’était une première expérience rêvée, pas celle où l’on est perdu au milieu d’une grande production. Là, il y avait beaucoup d’échanges, on était proches », conclut-elle.
Une histoire d’amour poignante et touchante à découvrir et à soutenir. Le cinéma canadien a un bel avenir devant lui en la personne de Jeff L’Heureux.
Toutes les informations sur Wandering Hearts sont à consulter ici : www.facebook.com/wanderingheartsfilm