Le mardi 15 mars dernier, Victoria a célébré la Journée de la francophonie en Colombie-Britannique. Le ministre de l’Agriculture, Normand Letnick, aussi responsable du Programme des affaires francophones, était du rendez-vous, accompagné de son collègue ministre de la Santé, Mike Bernier.
À l’agenda pour la Journée, l’hymne national en français, quelques discours, une reconnaissance pour le président du RésoSanté et des photos évidemment. Aussi pour souligner la Journée, la présidente de l’Assemblée législative, Linda Reid, a formulé un « Bonjour », le ministre Letnick a pris la parole en Chambre afin d’accueillir les francophones présents et le député Marc Dalton a salué les avancées en matière d’accès aux services de santé en français.
Du symbolisme, je me suis dit, mais le symbolisme peut néanmoins ouvrir la voie à des meilleurs rapports ou des nouvelles sensibilités. En Colombie-Britannique, les progrès en matière de langue française sont une histoire de petits pas.
Or, il y a un truc dans le cadre de cette journée qui m’a irrité. À bien y penser, j’ai trouvé la province mesquine. Pour bien m’expliquer, je dois remonter un peu en arrière.
Il y a un peu moins d’un an, la Cour suprême du Canada rendait son jugement dans la cause opposant les parents de l’école Rose-des-vents au ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique. La Cour donnait raison aux parents en confirmant que l’article 23 de la Charte canadienne garantit le droit à une expérience éducative de qualité équivalente à celle offerte aux élèves de la majorité. Pour le dire simplement, les francophones en situation minoritaire ont droit à un enseignement, des installations et des activités parascolaires équivalents à ceux de la majorité.
Ce jugement ne s’est malheureusement toujours pas traduit sur le terrain. Presque un an plus tard, l’école Rose-des-vents n’est toujours pas « équivalente » aux écoles anglaises. La province évoque le méga-procès en cours l’opposant au Conseil scolaire francophone pour expliquer son inaction.
Pour moi, il est évident que cette province-là ne veut pas bouger en matière de francophonie et de langue française. La classe politique provinciale estime qu’un Conseil scolaire francophone, des petites écoles, souvent mal aimées, un Programme des affaires francophones, une Journée de la francophonie et quelques autres initiatives ponctuelles sont satisfaisants. Pour plusieurs, cela a assez duré !
Je reviens à la Journée de la francophonie organisée la semaine dernière. J’ai d’abord été passablement irrité par le fait que c’est toujours silence radio par rapport à Rose-des-vents et des écoles françaises plus globalement. De manière précise, les belles paroles tenues par les ministres et les députés sont à mille lieues des actions entreprises au cours de la dernière année.
Par contre, le pas qui sépare la parole des actes dans le dossier de l’éducation n’est pas la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cet honneur revient au communiqué de presse. Le communiqué est intitulé « La Colombie-Britannique célèbre la Journée de la francophonie avec de nouvelles ressources ».
J’insiste sur les « nouvelles ressources ». La terminologie est importante parce que le dossier des écoles porte sur les ressources : les ressources des écoles françaises ne sont pas équivalentes à celles des écoles anglaises. Il faut donc se demander quelles sont ces nouvelles ressources dévoilées la semaine dernière ? Assurez-vous d’être bien assis.
Healthy Schools BC a désormais des ressources en français. C’est dire que les parents francophones demandent une expérience éducative de qualité égale et la province réplique avec la traduction de quelques documents. Disons qu’il y a encore du chemin à faire pour joindre la parole aux actes par rapport aux écoles et à la francophonie plus globalement.
Rémi Léger est professeur en sciences politiques à SFU.