Les racines musicales de la bossa nova en débat

Dérivée de la samba, la bossa nova est un genre musical datant des années 1950. | Photo de Tractatus Fotogalería

Dérivée de la samba, la bossa nova est un genre musical datant des années 1950. | Photo de Tractatus Fotogalería

Le Café Philo de SFU organise le 7 avril un débat autour des racines culturelles de la bossa nova brésilienne. Le Dr Luis Sojo pose la question de l’origine de la création de la bossa nova : a-t-elle été créée à la suite d’une dilution des racines musicales de la samba ou est-elle due à l’occidentalisation de ce genre musical ?

C’est au fin fond du Bahia, l’un des vingt-six états composant le Brésil, que la samba est née. Elle englobe un genre musical et une danse tous deux hérités des traditions musicales africaines de l’Angola et du Congo, d’où provenaient la majorité des esclaves arrivés dans le pays entre les 16e et 19e siècles. La samba s’appuyait alors sur une composition rythmique simple, effectuée par des instruments à cordes et des percussions. A l’origine un peu rebelle lorsqu’il était joué par les anciens esclaves, ce genre musical est devenu très populaire une fois que les Portugais s’en sont emparés et l’ont complexifié en jouant des morceaux avec plus d’instruments. La samba reste l’un des symboles du Brésil, aux côtés du Carnaval de Rio.

Dr Luis Sojo pose la question de l’origine de la création de la bossa nova. | Photo par Camera Obscura, Flickr

Dr Luis Sojo pose la question de l’origine de la création de la bossa nova. | Photo par Camera Obscura, Flickr

Dérivée de la samba, la bossa nova est un genre musical datant des années 1950. Il s’agit d’un mélange de samba et de jazz, et « même de Rhythm’n’Blues », indique le Dr Luis Sojo, musicien passionné de musique brésilienne, venant d’un pays voisin du Brésil, le Venezuela. Les rythmes de la bossa nova sont fortement inspirés de la samba mais contrairement à elle, il n’y a pas de danse associée à la musique. Plus complexe que la samba, elle est surtout jouée à Rio et développée par des musiciens expérimentés tels que « Antonia Carlos Jobim, l’un des meneurs du mouvement depuis le départ », indique Luis Sojo. Certains perçoivent la bossa nova d’une façon péjorative et la voient telle « une version édulcorée de la samba créée par et pour la classe bourgeoise blanche de Rio » parce que les musiciens jouent un grand nombre d’instruments et qu’ils maîtrisent « les sons de la musique occidentale, l’harmonie… », ajoute Luis Sojo. La bossa nova est toutefois devenue si populaire depuis son émergence dans les années 1950 qu’elle est aujourd’hui considérée comme l’une des « expressions standards du jazz ».

Entre dilution et inspiration

La discussion sur les racines musicales de la bossa nova menée par Luis Sojo invite à identifier dans ce genre musical les éléments-clés de son évolution vis-à-vis de la samba. Est-elle issue de la dilution des traditions musicales originelles ou bien de l’influence de l’Occident par l’arrivée des Portugais lors de la colonisation débutée à partir du 16e siècle ? Luis Sojo estime que les origines de la bossa nova s’expliquent par les deux hypothèses. Cette musique est « issue d’une dilution, ou plutôt d’une transformation » de la musique qui n’est qu’un « reflet du temps », ainsi que de l’influence d’autres traditions musicales occidentales « le Rock’n’roll, les Beatles, etc. ». La bossa nova est un mélange de nombreux genres. Antonio Carlos Jobim a par exemple écrit un morceau, Insensatez (insensibilité), inspiré du Prélude n°4 du pianiste polonais Chopin.

Occidentalisation n’est pas un gros mot

Techniquement, l’occidentalisation de la musique brésilienne a commencé avec « la samba elle-même » à partir du moment où les « musiciens africains ont commencé à interagir avec les musiciens portugais », ajoute Luis Sojo.

L’évolution de la musique est « inévitable » et l’acquisition de nouvelles techniques telles que celles provenant des pays occidentaux n’est pas quelque chose « de mauvais en soi », mais ce que l’on remarque, c’est qu’aujourd’hui la bossa nova est très éloignée de ses racines musicales d’origine.

Luis Sojo souligne qu’il est important de « connaître les racines d’un genre musical » pour comprendre comment il a évolué. Les origines d’un genre et les premiers morceaux devraient pouvoir faire office d’« endroits auxquels chacun puisse revenir à ses origines », souligne Luis Sojo. De plus, connaître les « différents âges de la musique » permet d’enrichir son expérience musicale personnelle, termine Luis Sojo.

 

Le Café Philo intitulé Samba vs. Bossa Nova : The dilution of Cultural Musical Roots se déroulera le 7 avril à 19h à l’adresse suivante : False Creek Community Centre, Fairview room,
1318 Cartwright St. (Granville Island), Vancouver