Peu de villes au monde peuvent me parachuter dans différents endroits et me rappeler différentes époques de ma vie. Parcourir les rues de Vancouver c’est comme entrer dans une machine à remonter le temps qui m’amène vers d’autres villes – Hong Kong, Tokyo, Osaka, Amsterdam, New Delhi, Mexico.
Parfois un souvenir remonte à la vue d’une enseigne de magasin, parfois il est éveillé par une odeur presque oubliée de cuisine de rue, savourée à l’étranger. Ou encore, c’est une conversation entre amis que je surprends dans la rue. Je ferme les yeux et j’écoute. Ces bribes de langage, soit en mandarin, en japonais, en coréen, en néerlandais ou en espagnol peuvent déverser un torrent de souvenirs qui me rappellent d’autres conversations dans d’autres pays.
Je peux à la fois attendre un feu vert sur un coin de rue de Vancouver et en même temps me retrouver à des milliers kilomètres d’ici et à plusieurs années de distance.
La plupart du temps, j’ignore ce que je vais tirer de la boîte à surprises qu’est Vancouver, je sais seulement que je peux m’attendre à la fois à une nouveauté et à un rappel du passé. C’est grisant et réconfortant en même temps.
Originaire d’Ottawa, j’ai déménagé à Vancouver l’automne dernier. J`étais au Mexique depuis trois ans et il était temps pour moi de rentrer au Canada.
Je savais que le retour me donnerait une belle occasion de m’embarquer dans une nouvelle aventure. J’ai pensé, à un moment, aux Maritimes et à Toronto, mais je sentais l’appel de l’ouest bien que n’ayant jamais été plus loin que Calgary.
Le doux climat et la beauté du paysage de Vancouver ont leur attrait, mais finalement c’est la communauté culturelle de la ville qui a conclu l’affaire.
J’ai vécu au Japon il y a de cela plusieurs années. Basée pendant trois ans à Osaka, la ville était mon point de départ pour des voyages à travers le sud-est de l’Asie et l’Inde. Ces cultures étaient si différentes de mon expérience canadienne et chaque voyage m’apportait quelque chose de neuf. J’étais chaque fois en présence de quelque chose de totalement inconnu et séduite par l’exotisme des cultures dans lesquelles je m’aventurais.
Plusieurs diasporas de l’Extrême-Orient se retrouvent à Vancouver mais la ville garde en même temps ses influences britanniques et autochtones. Ce mélange d’histoires, de valeurs, de cultures et de langages tisse une tapisserie multiculturelle que je n’ai rencontrée nulle part ailleurs. À ma grande joie, j’ai même découvert une présence latino-américaine en plein essor ici.
Dans peu d’autres villes pourrais-je déguster un petit déjeuner de bangers and mash suivi d’un déjeuner de rajas con crematacitos et d’un choix de pho, okonomiyaki, ou de fish and chips pour le dîner.
Dans quelle autre ville pourrais-je passer la matinée émerveillée par les totems des Premières Nations au parc Stanley, l’après-midi errant à travers le jardin classique du Dr. Sun Yat-Sen dans le quartier chinois, suivi d’une gambade au parc Reine Elizabeth en début de soirée.
En une seule journée, les résidents de Vancouver sont exposés à une myriade de langues, de parfums, de spectacles, de saveurs et d’expériences culturelles. Le plus souvent, le tout est simplement absorbé comme faisant partie de la vie quotidienne, inconsciemment. Pour les Vancouvérois d’origine, ce paysage multiculturel avec lequel ils ont grandi représente simplement leur chez-soi.
Pour les nouveaux arrivants, Vancouver est une ville sans pareil au Canada, une combinaison parfaite de l’Orient et de l’Occident. Je suis venue à Vancouver seule. Je connais peu de gens ici et je parcours la ville afin de mieux la connaître. Parfois c’est une expérience décourageante et solitaire mais je suis réconfortée par les rappels quotidiens de ma vie vécue dans d’autres pays. Ce mélange d’exotisme et de familier est probablement pourquoi je me sens chez moi à Vancouver.