Les résidents de Whistler et les amateurs d’art attendaient ça depuis longtemps ! Un vrai musée d’envergure internationale dans leur station de ski. C’est maintenant chose acquise, puisque le Musée Audain, du nom du philanthrope et milliardaire Michael Audain qui l’a construit et qui lui a fait don d’une grande partie de sa collection privée, est ouvert au public depuis le 12 mars.
Mais qui est donc ce mystérieux Michael Audain ? Quand on lui pose la question, ce monsieur
de presque 80 ans, calme et distingué, répond qu’il est un grand amateur d’art depuis toujours, mais qu’il a aussi une forte conscience sociale et il veut qu’on le sache. Il désire partager sa passion avec ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des oeuvres de grands artistes.
Il faut dire qu’il a commencé sa carrière comme travailleur social avant de changer de cap et de faire fortune dans la construction immobilière. Il collectionne l’art autochtone et les oeuvres de la célèbre Emily Carr depuis les années 60. « J’ai une fascination pour l’art de la côte ouest », dit-il.
Dans le musée, 200 oeuvres sont exposées, notamment des masques amérindiens. Il y a aussi des tableaux d’Emily Carr, certains rarement vus, étonnants et inspirés de son séjour en France et des mouvements et couleurs chers à certains impressionnistes.
On peut voir aussi des oeuvres d’artistes contemporains de la côte ouest, comme celles de Jeff Walls. Ce dernier, dont la cote est haute, a récemment vendu une de ses photos aux enchères à New-York pour 3,6 millons de dollars (dead troops talk).
« J’ai un autre amour : l’art mexicain… les couleurs, les thèmes sociaux qui font réfléchir », confie le collectionneur. Des oeuvres de Rufino Tamayo et de Diego Rivera qu’il collectionne depuis plus de 40 ans sont ainsi exposées dans son musée. Il sourit en soulignant que le très célèbre Diego Rivera n’est pas toujours très connu des jeunes, mais si on leur dit qu’il est le mari de Frida Kahlo… là ils comprennent, car ils ont vu le film ! Ces oeuvres mexicaines font partie de la collection non permanente du musée.
Une belle histoire
Pourquoi Michael Audain a-t-il construit son musée dans une station de ski ?
C’est une longue histoire, admet le philanthrope. Il explique qu’il voulait faire don de sa collection privée d’art de la côte ouest afin que le plus grand nombre de personnes puissent apprendre à apprécier l’art autochtone et les artistes locaux.
Il avait d’abord pensé à Vancouver, mais des discussions sans fin l’ont découragé. Il voulait surtout que son musée soit construit de son vivant. Il explique qu’un jour il est allé à Whistler et que ç’a été le coup de foudre. Son rêve était de construire en pleine nature.
Il est même allé à la fondation Maeght, dans le sud de la France, pour voir ce qu’ils avaient fait. Ce musée spectaculaire, construit dans les pins près de Saint-Paul-de-Vence, a une réputation internationale pour l’excellence de son lieu et de ses expositions.
Michael Audain a contacté la municipalité de Whistler, qui a sauté sur l’occasion d’avoir un musée sans dépenser un sou. Elle lui a fait don d’un terrain en plein centre-ville pour quelques dollars, pendant 199 ans. Un terrain toutefois inondable qui a été un peu un casse-tête pour les architectes !
Le musée s’étend finalement sur 56 mille pieds carrés au lieu des 30 mille pieds carrés imaginés au départ, et il a coûté 43,5 millions de dollars (au lieu des 30 millions initialement prévus) à Michael Audain. Ce nouveau monument a déjà attiré plus de 1 000 visiteurs lors de son ouverture, le 12 mars.
Des défis pour demain
La directrice du musée, Suzanne Greening, était très émue lors de la conférence de presse. Elle a même promis de ne pas verser de larmes… de joie !
« Ce musée est une aventure extraordinaire pour tous à Whistler », a-t-elle dit. Elle a toutefois ajouté qu’il allait falloir faire preuve de créativité. La fondation Audain va contribuer au cours des années pour les frais d’administration, mais ce ne sera pas suffisant : il faudra compter sur les recettes.
« Nous devons trouver des moyens d’attirer un grand nombre de visiteurs, a-t-elle insisté. Pour cela, nous devons mettre en place des programmes, des conférences, louer des salles et garder le musée ouvert tard pour attirer le plus de gens possible ». Il faut souligner que le tourisme culturel est de plus en plus populaire dans le monde et que Whistler devrait en bénéficier.
Le mot de la fin revient à Michael Audain : « Je veux un musée qui pourra attirer des jeunes. ll n’y a rien de plus fantastique que de voir une oeuvre originale en vrai… bien sûr on peut la regarder sur son ordinateur ou son Ipad, mais ce n’est pas pareil. (…) Si des jeunes viennent jeter un coup d’oeil et n’ont pas l’air de s’ennuyer… alors pour moi ce sera un succès ! ».
L’entrée du musée est gratuite pour les moins de 17 ans, et pour les autres, les billets d’admission coûtent 18 dollars. Whistler accueille environ 2 millions et demi de touristes par an.