Le Canada est le premier pays au monde à avoir adopté une politique en faveur du multiculturalisme. C’était en 1971, sous le gouvernement de Pierre Trudeau, le père de l’actuel premier ministre. Le pari ? Réussir à faire vivre en harmonie des citoyens issus de cultures et de pays différents.
Une trentaine d’années plus tard, le 13 novembre 2002 précisément, le gouvernement canadien décide d’instaurer une journée officielle du multiculturalisme le 27 juin. Une manière de rendre hommage aux peuples qui ont contribué à la stabilité du pays.
Alors que la date approche à grands pas, l’événement est peu médiatisé, du moins à Vancouver. Est-ce un problème de communication ou bien un manque d’intérêt de la part de la municipalité, voire de la province ? Quelles sont les animations prévues pour la Journée du multiculturalisme ?
Des publications officielles en décalage avec la réalité
L’idée d’instaurer une Journée du multiculturalisme au Canada émane de la volonté d’une femme d’origine hongkongaise : Adrienne Clarkson, gouverneur général du Canada de 1999 à 2005. C’est d’ailleurs en sa présence que la proclamation du 13 novembre 2002 a eu lieu. Depuis, chaque gouverneur général publie en ligne un communiqué à l’occasion du 27 juin.
Mais lorsque l’on consulte le site officiel de David Johnston, gouverneur général du Canada depuis 2010, on constate qu’en dépit du fameux communiqué, il n’a jamais participé à des événements en lien avec la Journée du multiculturalisme.
Après avoir mené l’enquête dans différents services du gouvernement fédéral et de la Colombie-
Britannique, il semblerait que la Journée du multiculturalisme soit un événement célébré à titre privé par des particuliers ou des entreprises. Il n’y aurait donc pas de cérémonie officielle ou de défilé. Pourtant, le site Internet du gouvernement canadien propose une page avec la liste des événements organisés pour le 27 juin dans tout le Canada. Après vérification auprès des mairies de Vancouver, Burnaby et Surrey, il s’avère que les informations du site sont totalement erronées.
The B.C. Multiculturalism Week, un événement célébré … en novembre
La Colombie-Britannique est la province du Canada la plus diversifiée en termes de population. Près de 30 % de ses habitants sont des immigrants. C’est la raison pour laquelle des fonds publics colossaux sont reversés à des organisations locales qui luttent contre le racisme par la promotion des cultures. Toujours d’après le site officiel de la Colombie-Britannique, cela correspond à 1.7 million de dollars pour ces trois dernières années.
Face à de tels chiffres, il est surprenant de constater que la province n’organise aucun événement pour la Journée du multiculturalisme. Néanmoins, une partie de cet argent est consacré au financement d’un programme de bourse (The Multiculturalism Grant Program) et à l’organisation de la Semaine du Multiculturalisme (Multiculturalism Week).
The Multiculturalism Grant Program est une bourse de 2 480$ consacrée à financer des projets tels que des festivals, des forums communautaires, des événements destinés à promouvoir le multiculturalisme dans la province.
Contre toute attente, la Semaine du multiculturalisme n’a pas lieu en juin, mais en novembre, la troisième semaine du mois pour être exact. Pour couronner le tout, The BC Multicultural Awards récompense les individus, organisations et entreprises ayant œuvré en faveur du multiculturalisme. La cérémonie a lieu chaque année dans le prestigieux Fairmont Hotel à Vancouver.
Le 27 juin, tous à la Vancouver Public Library !
Jusqu’à présent, aucune activité n’a été proposée par la Province ou les municipalités du Grand Vancouver pour le 27 juin. Dans ce contexte, les institutions culturelles pouvaient tirer leur épingle du jeu. Il n’en est rien, à l’exception de la Vancouver Public Library (VPL).
Depuis plusieurs années, ce réseau de bibliothèques de quartier célèbre la Journée du multiculturalisme au rythme des danses, chants et musiques traditionnelles du monde entier. À la croisée des langues et des cultures, conteurs, artistes et écrivains animent gratuitement des rencontres ouvertes à tous.
Le 27 juin prochain, les festivités auront lieu de 15h à 21h à la Bibliothèque centrale (350 W Georgia Street). Une manière d’accueillir le plus grand nombre et, une fois n’est pas coutume, de rendre le lundi agréable.
Malgré son caractère officiel, la Journée du multiculturalisme n’a rien de solennel. C’est peut-être parce que cette journée est avant tout un hommage. Celui d’un pays qui remercie sa population pour sa contribution à l’effort national et à la paix.
Ainsi, les citoyens sont libres de célébrer le multiculturalisme comme ils l’entendent. Il n’y a ni contrainte ni devoir particulier à accomplir ce jour-là. Néanmoins, toutes les célébrations nationales sont l’occasion de réunir les différentes communautés, de créer une forme d’unité au sein de la société canadienne.
Donc, si vous avez envie d’organiser un repas de quartier ou un événement dans votre école ou votre entreprise, n’attendez pas la troisième semaine du mois de novembre. Le 27 juin est tout indiqué.
Extrait de la proclamation du 13 novembre 2002
« Attendu que le multiculturalisme est un élément fondamental du patrimoine canadien ;
Attendu que les Canadiens et les Canadiennes de toutes les origines ont apporté et continuent d’apporter de précieuses contributions à la société canadienne ;
Attendu qu’il est jugé approprié que, chaque année, une journée marque la célébration de ces contributions et la reconnaissance de la diversité canadienne ;
Attendu que, par le décret C.P. 2002 à 1869 du 31 octobre 2002, la gouverneure en conseil a ordonné que soit prise une proclamation désignant le 27 juin de chaque année comme Journée canadienne du multiculturalisme, une célébration des contributions des diverses populations du Canada à la société canadienne ;
Sachez que, sur et avec l’avis de Notre Conseil privé pour le Canada, Nous, par Notre présente proclamation, désignons le 27 juin de chaque année comme Journée canadienne du multiculturalisme, une célébration des contributions des diverses populations du Canada à la société canadienne. »