L’été en Colombie-Britannique connaît une ambiance musicale spéciale, et lors de cette saison particulière, les festivals de musique fleurissent dans toute la province. Y participent de nombreux artistes francophones venus des quatre coins du monde, et ce, même lorsque les festivals ne sont en rien associés à la culture francophone. Un seul constat : les talents francophones de la musique parviennent avec brio à défendre leur place et à tirer leur épingle du jeu sur la scène internationale ! Afin d’en savoir plus sur ce que nous réservent ces artistes talentueux et sur ce qui guide les choix des festivaliers qui les programment, La Source s’est entretenue avec les directeurs artistiques du Harrison Festival et du festival Coastal Jazz.
En 1941, Germain Lemieux (1914 à 2008), chansonnier franco-ontarien et fondateur en 1961 du Centre franco-ontarien de folklore, a confessé : « Si nous voulons chanter en français, nous égayer au moyen de rengaines françaises, faisons un effort pour mémoriser nos chants de langue française et ensuite laissons le talent naturel s’exprimer librement et faire aimer notre répertoire. »
Plus d’un demi-siècle plus tard, Mélisande, artiste québécoise, reprend avec son mari Alexandre de Grosbois-Garand, l’une de ses compositions traditionnelles dans un style « électro-trad ». Son titre joyeux « Le vin est bon » offre un rythme entraînant, notamment grâce à la combinaison de beats électroniques et de l’échantillonnage tout en s’accompagnant d’instruments acoustiques.
C’est en effet Andy Hillhouse qui l’a sélectionnée dans le cadre du Harrison Festival pour la programmation de sa trente-huitième édition. Le festival est né à Hot Springs, de la volonté de quelques passionnés qui voulaient développer les arts de la scène dans le domaine musical, et qui pensaient que les magnifiques paysages de la région et le développement touristique potentiel seraient bénéfiques pour l’existence d’un festival local.
Directeur artistique du festival depuis 2013, Andy Hillhouse guide ses choix par une pluralité culturelle s’inscrivant dans la réinterprétation de la musique traditionnelle. Parce que sa femme est francophone, parce qu’il a un goût prononcé pour la musique folk traditionnelle, il est important pour lui que le français,
« parlé dans tant de pays au monde et en Afrique », précise-t-il, mais surtout langue officielle du Canada, soit mis à l’honneur.
Parmi les autres artistes francophones présents cette année, découvrons Vox Sambou, interprète international de hip-hop, reggae et défenseur des rythmes traditionnels haïtiens. Andy Hillhouse parle de lui comme de « l’une des lumières les plus brillantes de la musique canadienne au monde. Il est très dynamique sur scène et utilise le rap comme un moyen d’engagement social puisqu’il travaille avec les jeunes défavorisés du centre-ville de Montréal, où il vit. »
Notons aussi la participation de Shauit, originaire de la réserve de Maliotenam, à quelques kilomètres de Sept-Îles sur la Côte-Nord qui s’est entiché de la musique reggae il y a quelques années et ne lui a jamais fait faux bond depuis. Si Andy Hillhouse l’a choisi, c’est pour quelque chose d’unique : il intègre le reggae, le hip-hop et le rap au répertoire de la musique populaire innue.
Elage Diouf est l’un des artistes de musique du monde les plus connus au Québec, il a notamment collaboré avec les membres des Colocs, et sa musique est « une combinaison merveilleuse de styles musicaux pop ouest-africains et d’une écriture contemporaine populaire de chansons », apprécie le directeur artistique.
Coup de projecteur sur la scène jazz française
Le festival Coastal Jazz a lieu à Vancouver depuis 1985. Organisation à but non lucratif, le festival a été créé dans l’idée de rapprocher les communautés nationales et internationales à travers plusieurs types de musique : jazz, blues, musique du monde, et musique créative. Les cinq dernières années ont mis la lumière en particulier sur le jazz français, en partenariat avec l’Institut français et le consulat général de France à Vancouver.
Cet événement musical va accueillir cet été le pianiste virtuose Benoît Delbecq, également compositeur et producteur, ainsi que le clarinettiste François Houle, sans oublier la flutiste et pianiste Eve Risser.
Dans la programmation du festival, on retrouve des artistes québécois de renommée mondiale tels que le quatuor d’André Leroux, saxophoniste, déjà présent l’année passée, le trompettiste Jacques Kuba Seguin, le quatuor de Marianne Trudel accompagné d’Ingrid Jensen, l’une des plus délicates pianistes du pays et l’une des préférées de Ken Pickering, le directeur artistique du festival.
Cependant, son coup de cœur cette année va au quatuor d’Émile Parisien, un trentenaire saxophoniste et compositeur de jazz. Ken Pickering l’a découvert à Brême en 2014 et se passe en boucle son album. Il confesse avec admiration : « C’est une musique d’exploration qui n’est ni crispée ni guindée, mais toujours guidée par un profond sens du swing. Monsieur Parisien mérite cet énorme succès naissant et sa réputation de l’un des plus brillants jeunes talents de la scène jazz. »
Si votre curiosité est piquée, notez que le festival Coastal Jazz aura lieu à Vancouver du 24 juin au 3 juillet prochains, et qu’Émile Parisien se produira (gratuitement !) au Performance Works le 25 juin, à 14h30. Le site internet du festival vous offrira une présentation complète des modalités de réservations de tous les concerts : www.coastaljazz.ca.
Attirés par la pluralité culturelle et la musique traditionnelle ?
Le Harrison Festival se tiendra quant à lui du 9 au 17 juillet, et vous trouverez toutes les dates et informations utiles sur son site internet : www.harrisonfestival.com