C’est presque une lapalissade… auriez-vous raison de me faire remarquer. Mais c’est en fait une réalité à laquelle Vancouver ne peut échapper. On pourrait aussi dire que plus il y en a, moins il en reste. Dans les deux cas une des conséquences est la même, soit la hausse des prix. Vous aurez compris qu’il s’agit encore du prix, donc de l’accessibilité à l’immobilier.
D’abord pour ce qui est de la ville de Vancouver, il faut maintenant se faire à l’idée que le prix moyen d’une maison unifamiliale est de 1,9 million $. Même avec une correction de 10% des prix de vente, cela restera toujours hors d’accès de la moyenne des acheteurs. Il faut donc se rendre à l’évidence. Les maisons sont quasi hors de prix, les condos continuent de grimper et les loyers, qui sont de plus en plus rares, sont aussi à la hausse.
Voyons quelques statistiques très révélatrices. Le taux de disponibilité des logements locatifs est de 0,6% à Vancouver, soit 6 sur 1000 et de 0,8% dans la grande région de Vancouver, soit 8 sur 1000. Le taux est de 4,2% à Montréal. La solution est claire, il faut construire plus et en grand nombre.
Malgré les efforts considérables des différents paliers de gouvernement municipal et provincial, le stock de logements locatifs de Vancouver et sa grande région est donc insuffisant pour répondre à la demande. Dans son rapport sur le logement et les sans-abri en 2015, présenté au conseil municipal en avril dernier le directeur général des services communautaires de la Ville de Vancouver indique qu’il faudra 31 000 unités de logements pour répondre à la demande d’ici 2021.
Lors de sa dernière allocution devant le Urban Development Institute (UDI) de Vancouver le 2 juin dernier, Bob Rennie, spécialiste de la mise en marché, aussi connu sous le sobriquet de « Roi du condo », aborde une fois de plus la question de l’accessibilité au logement. Rappelons qu’il conseille également en matière de développement immobilier aussi bien Christy Clark que Gregor Robertson et qu’il est un des bailleurs de fonds des libéraux et de Vision Vancouver. On peut en conclure qu’il a l’oreille des deux politiciens les plus importants de la province en matière de développement urbain et de transport en commun.
Alors quand vient le temps de parler de densité urbaine et de transit, Bob Rennie a des idées bien claires. Pour lui la solution ne peut venir que de la densification de la région et non plus uniquement celle de Vancouver. Ses critiques pourraient dire à juste titre que Bob Rennie prêche pour sa paroisse mais on ne peut mettre ni son expertise ni sa crédibilité en doute.Rappelons que c’est à lui que la mairie a confié la responsabilité de la mise en marché des unités invendues du Village olympique auquel on prédisait un avenir de village fantôme quand la ville en a pris possession. Allez faire un tour au village et dans ses alentours et dites-moi où se cachent les fantômes, si vous en trouvez.
Pour lui, il faut arrêter de mettre l’accent sur la ville de Vancouver et se concentrer sur la grande région de Vancouver. C’est là que se trouvent l’espace et le potentiel de développement, ce qu’il illustre avec d’autres chiffres. En 2007, dit-il, il s’est construit 3 687 unités de logement qui au moment de leur livraison étaient déjà vendues à près de 99%. D’ici 2019 il y en aura 3312 qui seront livrées, soit 375 unités de moins qu’en 2007 pour la seule année. Ces unités sont aussi presque toutes vendues.
Selon lui, de plus en plus de boomers choisissent de vendre leur maison à gros prix sachant profiter d’une bonne affaire quand elle se présente mais choisissent de rester en ville. Ils exercent ainsi une pression forte sur la demande pour de grands appartements. Donc les promoteurs, en réponse à cette demande, construisent plus de grands condos dans les derniers étages de leur projet, réduisant ainsi le nombre de logements plus petits et en même temps l’offre de ces unités sur le marché. Pour eux, le rendement en vaut la chandelle et la demande reste forte.
Il n’y a pas de solution à la question d’accessibilité au logement sans le développement du système de transit, dit Bob Rennie, en s’adressant directement à Peter Fassbender, ministre responsable de Translink, qui était dans la salle. Il faut souhaiter que cette remarque ne soit pas tombée dans l’oreille d’un sourd, tout en s’imaginant bien qu’il l’ait déjà faite à Christy Clark elle-même. Et, de plus, un condo à Burnaby coûte 50% moins cher qu’à Vancouver et 65% moins cher à Surrey.
Comme le disait Bob Rennie, « Si vous avez sur votre pelouse une affiche contre un immeuble de condos alors vous n’avez pas le droit de parler du prix inaccessible de l’immobilier à vos enfants. »