La Source, The Source version anglaise, votre journal bi-mensuel, source indispensable de toute bonne information, prend congé pendant les six prochaines semaines. N’ayant pas d’autres débouchés, je ne peux faire autrement que d’emboîter le pas. Je suis donc, à partir d’aujourd’hui, en vacances.
J’ai pris ma retraite voilà plus de dix ans. Pourtant ce mot, vacances, continue de m’enchanter, de me faire rêver, de me fasciner chaque fois qu’on le prononce, chaque fois qu’on y fait allusion. Je me fais sans doute des illusions mais, quand elles arrivent, j’ai le sentiment de les avoir bien méritées. Travail bien accompli, me dis-je, non sans un certain brin d’autosatisfaction non justifiée. Un soulagement inexplicable s’empare de moi. J’exulte. Vacances, synonyme de liberté, de plaisir, de joie de vivre. Vacances, antonyme de travail, de labeur, de souffrance. En tant que roi du farniente et du dilettantisme, j’apprécie toute occupation qui me permet de passer du temps à ne rien faire.
Ceci étant dit, la question maintenant se pose : que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie durant les six prochaines semaines qui m’ont été attribuées ? Suis-je capable de mettre à profit cette période de congé qui m’est imparti ? Suis-je en mesure de tenir le coup jusqu’au bout ? Autant de questions qui demeureront sans réponse jusqu’à la prochaine parution du journal prévue pour le 30 août prochain.
Mais déjà je peux envisager les possibilités mises à ma disposition et, de même, anticiper les obstacles que je devrai surmonter afin de maximiser mes chances de passer un bel été et surtout de bonnes vacances.
Ma réflexion a déjà commencé. Elle a d’ailleurs fait pas mal de chemin. Au grand désarroi de ma chère et tendre épouse, je devrai en principe passer pas mal de temps devant mon poste de télé. L’Euro 2016 est bien fini mais il y a d’autres évènements sportifs qui retiennent mon attention. Depuis le départ du Tour de France je me tape toutes les étapes. Je me mets à la page sur toutes les possibilités de dopage. Je suis le maillot jaune, lors de son passage, pour m’assurer qu’il n’a pas besoin d’un bon repassage ; les coureurs doivent toujours être présentables. Je suis ce Tour à chaque détour. Je suis, je deviens, le Tour, et rien d’autre pendant le Tour. Mes enfants et mes amis ne me reconnaissent plus. Mes yeux sont des roues, mon nez un pédalier, ma cervelle une selle, mon front un guidon. Je suis méconnaissable. Ce sera ainsi jusqu’au 24 juillet.
Entre temps je devrai suivre les acrobaties et fanfaronnades de Donald Trump au congrès du Parti républicain (18 à 21 juillet) ainsi que les accolades et titillements de nombrils chez les Démocrates américains (25 à 28 juillet). Ces évènements méritent le déplacement devant mon poste de télé. Je ne m’attends pas à de grosses surprises, les dés ayant été jetés. Par contre quelques mouvements de protestation, causés par l’insatisfaction d’une grande partie de l’électorat, sont à prévoir. Nous, Canadiens, pendant ce temps là, serons au poste d’observateurs, ravis de vivre de l’autre côté de la barrière, contents tout en comptant notre chance.
Puis ce sera au tour des Jeux Olympiques de Rio 2016 qui se tiendront du 5 au 21 août. Cette fois-ci, ça devient sérieux.
Aucuns Jeux olympiques, à ma connaissance, n’ont connu autant de mauvaise publicité avant la cérémonie d’ouverture. Le Brésil, il y a encore quelques années de cela, faisait rêver. Rio particulièrement. Vous pensiez carnaval et samba. De nos jours fraude et Zika deviennent les facteurs de référence et soulèvent dès lors l’inquiétude. Je vous garantis, croyez-moi sur parole (la mienne ne vaut pas cher), qu’au niveau sportif, ces Jeux connaîtront un énorme succès. De nombreux records seront battus. Les athlètes feront de leur mieux pour aller le plus vite possible afin de quitter rapidement le pays. Ils vont aussi tenter, pour ne pas l’attraper ou se faire rattraper, de battre de vitesse le moustique porteur du virus Zika. Attendez-vous à de grandes performances.
À la fin des Jeux, je pourrai enfin sortir de ma tanière. Il me faudra alors affronter les rayons néfastes du soleil. Je devrai, d’autre part, composer avec une nature estivale hostile, à savoir : me faire dévorer par des moustiques avides de mon groupe sanguin, entouré d’un bataillon de fourmis voraces se léchant les babines à l’apparition de mes sandwichs pendant que de féroces guêpes hargneusement me guettent.
À bien y penser je vais passer la fin de l’été devant mon poste de télé en attendant tranquillement l’automne et l’hiver avant de sortir. Tous ensemble : vive les vacances, plus de pénitence, les nouvelles au feu et la télé au milieu.