Sculpteur, poète, dessinateur, romancier, dramaturge, citoyen engagé dans la vie politique, Günter Grass (1927 à 2015) est une figure majeure de la littérature allemande contemporaine. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1999, il jouit d’une renommée internationale dès la publication de son premier roman, Le Tambour (Die Blechtrommel) en 1959.
Le 24 septembre prochain, L’EU Book Club de Vancouver va proposer une rencontre-débat autour de cette œuvre à l’Alliance Française. L’événement est coorganisé par le Consulat général de l’Allemagne et les Instituts culturels nationaux de l’Union européenne (EUNIC). Au total, quatre institutions culturelles d’échelles et de nationalités différentes se sont associées pour cette occasion.
Un événement sous l’égide de l’Union européenne
D’après Damien Hubert, directeur général de l’Alliance française de Vancouver, l’EUNIC est un rassemblement de pays de l’Union européenne qui ont des consulats à l’étranger. À Vancouver c’est le cas de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Portugal ou de la Pologne par exemple.
Les pôles EUNIC sont répartis dans 80 pays. Le Canada accueille depuis 2010 un pôle à Ottawa et un autre à Toronto. À Vancouver, c’est par le biais des EU Book Clubs que les consulats des pays de l’Union organisent régulièrement des rencontres culturelles.
Pour Damien Hubert, ce sont des moments d’échange, de partage. En présentant au Canada des livres venus d’Europe, on peut continuer à créer des débats, à engager une réflexion par-delà les frontières.
À Vancouver, la sélection des ouvrages pour les EU Book Club dépend de leur disponibilité et de leur accessibilité dans les bibliothèques et librairies de la ville. C’est le Consulat général de l’Allemagne qui a choisi Le Tambour, un classique de la littérature d’après-guerre, pour la rencontre du 24 septembre.
Günter Grass, cet « enfant des Lumières », héritier d’une tradition européenne
Ce roman a parfaitement sa place dans un événement de dimension européenne. Le lecteur se retrouve plongé dans l’Allemagne des années 1930. Une époque où « tout le monde bat du tambour. Hitler bat du tambour, les communistes battent du tambour, tout le monde bat du tambour pour faire des rassemblements autour d’idéologies », comme le souligne le cinéaste allemand Volker Schlondorff (réalisateur du film Le Tambour, adapté du roman).
Oskar Matzerat, le héros du roman, décide à l’âge de trois ans de ne plus grandir. Il refuse l’expression verbale, crie au point de briser des vitres et tape toute la journée sur un tambour en tôle dont il ne se sépare jamais. À travers ce personnage grotesque, Günter Grass tourne en dérision le tapage des adultes et la montée du nazisme. Il dessine une fresque historique truculente et sarcastique de l’Allemagne du Nord, de Dantzig à Düsseldorf.
Dans de nombreuses entrevues, dont l’une des plus célèbres est celle enregistrée avec le sociologue Pierre Bourdieu en 1999, Günter Grass évoque son intérêt pour le genre littéraire picaresque (développé en Europe entre les XVIe et XVIIIe siècles). Aussi, il inscrit son œuvre dans la tradition des Lumières. Ses modèles sont, entre autres, les intellectuels français Voltaire et Diderot.
L’Europe, au-delà des considérations politiques, est, par son héritage culturel, le socle sur lequel reposent les valeurs de l’EU Book Club.
Une rencontre-débat à ne pas manquer le samedi 24 septembre de 15 h 30 à 17 h 30 à l’Alliance française de Vancouver (6161 Cambie Street). L’entrée est libre, mais il faut s’enregistrer à cette adresse : eubookclub.vancouver@gmail.com
Paris, 1954 à 1960 : un tournant majeur dans la vie de Günter Grass
Günter Grass s’est installé à Paris après la fin de ses études, en 1954. Il avait déjà pour projet d’écrire un roman sur le Dantzig des années 1930. Un monde perdu, une époque révolue, car cette ville a été annexée à la Pologne en 1945 sous le nom de Gdansk. Durant quatre ans, Günter Grass se consacre sans relâche à l’écriture de son roman. Il vit alors dans une mansarde de l’avenue d’Italie. C’est à peine s’il fréquente les intellectuels existentialistes, pourtant si importants dans son parcours littéraire, Camus tout particulièrement.