Dès le tournant du siècle dernier, la ville de Vancouver alors en plein boom économique offre à la classe moyenne (familles, célibataires, immigrants…) une chance unique d’acquérir une maison ou de se la construire soi-même. Aujourd’hui, chaque quartier de la ville affiche une réalité économique et sociale bien distincte. Un nouvel engouement est ainsi né pour les maisons patrimoniales dans notre région avec pour principe la découverte de notre histoire au sein d’un bâti restauré et administré par des équipes de bénévoles passionnés.
En 2014, plus de 240 bénévoles ont œuvré pour le soutien à la Fondation du patrimoine de Vancouver. Ils ont travaillé sur des projets de tours guidés et d’évènements en faveur d’un public toujours plus nombreux à vouloir découvrir les maisons d’exception qui ont marqué l’histoire, l’identité et la culture commune du territoire. Nous sommes donc partis à leur rencontre pour comprendre le phénomène et l’intérêt que suscitent les maisons patrimoniales locales.
Alerte sur la préservation du patrimoine
En 1986, la ville de Vancouver se dote d’un registre du patrimoine. Ce registre fait office de premier inventaire du patrimoine bâti de la ville. De ce dernier va émaner un plan d’action pour certifier et restaurer des maisons ayant une grande valeur patrimoniale. Il édicte plusieurs règles qui permettent un certain contrôle pour sauver le patrimoine bâti de la ville et ainsi éviter les démolitions.
Parmi les grands principes de ce plan, il est mentionné que les bâtisses doivent être construites avant 1940 et conserver l’intégrité de leur architecture originelle. En complément, l’accent est, aujourd’hui, mis sur la notion d’identité urbaine à long terme et d’exigence en matière d’objectif écologique.
Un exemple de maison d’exception et du travail de revitalisation : la maison Roedde à Vancouver
Parmi les maisons citées dans le registre, nous trouvons la Maison Roedde, située sur la rue Barclay dans le West End. Anthony Norfolk, ancien président bénévole de la Maison Roedde, partage avec nous son engagement : « l’an dernier, nous avons fêté les 25 ans de planification et d’opérations de rénovation intérieure et extérieure de la maison Roedde. Nous avons réalisé les travaux conformément à ce qu’elle était pendant les 32 premières années d’occupation de la famille de l’un des premiers imprimeurs et relieurs de Vancouver. En ce sens, nous pensons qu’il est important de savoir comment les pionniers vivaient et de comprendre notre passé pour nous aider à développer un futur collectif ».
Un message d’ouverture et de partage qui s’inscrit dans les actions proposées entre les quatre murs de la maison et qui occupent la trentaine de bénévoles dévoués à la maison Roedde comme Lloyd, retraité et enthousiaste à l’idée de faire découvrir la vie quotidienne de la famille Roedde aux visiteurs du monde entier. Le tour guidé est très convivial, bourré d’anecdotes et d’humour qui rendent la visite de la maison interactive. Alice, elle, prépare le thé. Elle est étudiante en histoire à UBC. Pour elle, être bénévole à la maison Roedde, « c’est simplement magique ! » Concerts de jazz, location de salle pour des évènements privés, programme scolaire… Les « plus grandes satisfactions » d’Anthony Norfolk (sans ordre de priorité, comme il le précise), sont : « le travail accompli pour faire revivre cette maison, sa fréquentation toujours plus importante, et la qualité de niveau professionnel des activités proposées… »
Le virage écologique des maisons patrimoniales
Qu’il s’agisse de travaux intérieurs ou de réhabilitation des espaces extérieurs, les maisons patrimoniales font partie de la communauté. Dans le quartier du West End de Vancouver aux abords de la maison Roedde, la ville a lancé une proposition aux habitants afin de créer des espaces potagers et pédagogiques, des bacs à aromates frais sont également mis à disposition de la communauté. Ce sont des liens qui unissent les concitoyens à leur environnement urbain et parmi lesquels s’inscrivent activement les bâtis historiques.
Pour Kathryn Morrow, directrice des communications de la fondation du patrimoine de Vancouver : « les bâtiments patrimoniaux sont la clef d’une communauté en santé. La conservation et la restauration des bâtiments patrimoniaux font également partie d’un avenir durable en ce sens que la restauration empêche des milliers de tonnes de matériaux de construction utilisables de se retrouver dans la décharge et réduit la consommation de nouveaux matériaux de construction. Bien entretenus, les bâtiments patrimoniaux peuvent également être aussi efficaces au niveau énergétique que les nouveaux bâtiments ».
Un autre exemple de modèle écologique décrit par Anthony Norfolk de la Maison Roedde :
« Des mesures peuvent être prises pour améliorer la performance des émissions des bâtiments existants sans nuire à l’apparence. Roedde House vient d’investir (coût partagé avec la Ville) dans une mise à niveau de performance sérieuse qui devrait sensiblement réduire les émissions, et nous faire économiser de l’argent en conséquence. Sur le plan technologique, nous devons constamment investir dans une plus grande capacité, à la fois dans le matériel et les logiciels. Nous comptons sur l’aide bénévole et professionnelle pour leur fonctionnement. Il faut, tout simplement, suivre le rythme des progrès qui nous aident à mieux faire notre travail. On ne peut pas sauter de ce train ! »
www.roeddehouse.org
www.vancouverheritagefoundation.org
www.searcharchives.vancouver.ca/houses