C’est le moins qu’on puisse dire, la langue de Shakespeare surpassera celle de Molière au prochain Festival des écrivains de Vancouver ! Et ce, non seulement en ce qui a trait au nombre d’auteurs, mais également à la quantité d’événements littéraires… Bien que la francophonie se fasse timide cette année, il n’en demeure pas moins que le Festival se taille une place parmi les plus importants événements littéraires en Amérique du Nord.
Toujours le rendez-vous annuel des passionnés de littérature en Colombie-Britannique depuis maintenant 29 ans, le Festival promet une programmation 2016 composée de près de 90 événements littéraires animés par une centaine d’écrivains. Bien des thèmes y seront abordés… mais tous en anglais !
Pas de 26e anniversaire pour La Joie de lire cette année
Depuis 1990, l’événement La Joie de lire constitue le rendez-vous littéraire francophone du festival destiné aux élèves des programmes de français langue première et d’immersion française. Cette année, ne le cherchez pas dans la programmation, il fait relâche pour un temps indéterminé. « C’est la première année que nous ne programmons pas d’événements en français pour les étudiants. C’est principalement causé par une raison budgétaire. Nous réexaminerons la situation pour l’année 2017 et espérons avoir les fonds nécessaires pour le remettre au programme », précise Hal Wake, directeur artistique du festival.
L’absence d’événements francophones n’ampute toutefois en rien la programmation diversifiée que promet le réputé festival. « Nous ne programmons pas vraiment par thème. Les relations entre nos premières nations et la communauté actuelle seront discutées. Les États-Unis d’aujourd’hui et d’hier seront également décrits dans quelques événements. La vie en temps de guerre sera également au centre d’un certain nombre de discussions », explique le directeur artistique qui confirme en plus que le festival souhaite offrir une programmation pour tous. Entre poésies, thrillers, romans historiques, bandes dessinées, etc., chacun saura y trouver son compte parmi les dizaines d’événements littéraires animés par l’un ou l’autre des 110 écrivains participants.
Faible participation d’écrivains francophones
Venus des États-Unis, de l’Irlande, de l’Espagne, de la Nouvelle-Zélande, de l’Italie, de l’Angleterre, et bien sûr du Canada, 110 écrivains seront à Vancouver pour partager leur passion de la littérature. Et pour le Canada, toutes les provinces seront représentées, à l’exception de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard.
« Le Festival des écrivains de Vancouver sélectionne une centaine d’écrivains parmi près de 300 propositions. Nous faisons la sélection au cours des mois d’avril et de mai et, souvent, nous avons peu d’informations sur les livres. Mais généralement, nous essayons de trouver des auteurs avec qui nous pouvons établir des conversations », renchérit Hal Wake à propos de la procédure de sélection des participants.
Et si l’on jette un œil sur la langue d’écriture des écrivains participant, bien qu’au total cinq parlent français, une seule écrit dans la langue de Molière : la Québécoise Catherine Leroux. L’Association des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ), dont Leroux est membre, n’a pas voulu commenter quant au taux de participation des écrivains francophones au Festival et à l’absence d’événements francophones cette année. On rappellera que l’UNEQ, qui regroupe 1 650 membres, travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’Étranger, de même qu’à la défense des droits socio-économiques des écrivains.
Catherine Leroux : unique écrivaine francophone
« Je suis très heureuse d’y participer puisque je n’ai jamais eu l’occasion de visiter Vancouver, ni même l’Ouest canadien. Ce sera l’occasion de rencontrer un nouveau public », confie Catherine Leroux quant à sa participation au Festival.
Née non loin de Montréal, l’écrivaine québécoise touche à plusieurs métiers avant de se mettre à l’écriture à titre de journaliste. Par la suite, elle publie son premier roman, La marche en forêt. Finaliste au Prix des libraires du Québec, ce roman d’une grande humanité a charmé le public et la critique. Le mur mitoyen, son deuxième roman, a remporté le Prix France-Québec et Madame Victoria, le Prix Adrienne-Choquette.
En septembre dernier, Catherine Leroux apprend que son deuxième roman, Le mur mitoyen, ou The Party Wall dans sa version anglaise traduite par Lazer Lederhendler et publié aux éditions Biblioasis – devient finaliste du prestigieux prix Scotiabank Giller. C’est le 7 novembre prochain que le lauréat sera dévoilé lors d’un gala télédiffusé qui se tiendra en présence des cinq autres finalistes. Une tournée à travers le Canada est en cours pour faire la promotion des titres en lice.
« Je ne me pensais pas capable d’imiter Fred Astaire, surtout dans un lieu public, mais c’est l’effet que cette formidable nouvelle a eu sur moi ! Je suis ravie et honorée ; j’ai hâte de découvrir les livres qui sont en lice avec le mien et d’aller à la rencontre des lecteurs de partout au pays », mentionne Leroux, enthousiaste.
Et cette rencontre des lecteurs, elle la fera aussi durant le Festival, notamment lors de trois événements. « Je participe à Between the Pages, une activité liée au prix Scotiabank Giller, le lundi soir. Puis, le vendredi, je prendrai part à deux lectures-tables rondes, l’une à 10 heures intitulée Conceit, l’autre à 13 heures, intitulée Sibling Strongholds. »
C’est donc du 17 au 23 octobre prochain, à l’île Granville, que des milliers de personnes se donneront rendez-vous pour découvrir ou redécouvrir la richesse et le dynamisme de la scène littéraire actuelle et ainsi vivre l’expérience souhaitée par le directeur artistique : « Nous espérons que ceux qui assisteront à nos événements s’amuseront, s’informeront et participeront. Nous souhaitons qu’ils partent avec une pensée différente d’eux-mêmes, de la communauté et même du monde. C’est pourquoi l’un de nos slogans est “réimaginez votre monde !” »
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