Yves Charuest, musicien et improvisateur.
Une collaboration musicale s’étendant sur plusieurs jours va avoir lieu le 6 novembre prochain au Western Front. À l’issue d’un processus d’échange et de créativité, le public découvrira un concert exceptionnel réunissant sur scène deux musiciens de la côte est du Canada, Yves Charuest et Elizabeth Lima, qui joueront en simultané avec des musiciens de la côte ouest. Portraits de ces deux artistes canadiens francophones et regards croisés sur la scène musicale pancanadienne.
La diversité des genres musicaux au Canada et son riche patrimoine sonore vont de pair avec l’immensité du pays et ses différentes communautés culturelles qui coexistent et souvent fusionnent. La grande particularité de cette musique est le lien de communication qu’elle procure et qui en dit long sur l’ethos canadien. Le processus de création musicale est donc vu sous plusieurs angles : multidisplinaire, coopératif ou bien international. Le concert Trading Places s’inscrit dans cette démarche en permettant un échange de musiciens issus de provinces géographiquement éloignées.
Rencontre des « collègues-créateurs » dans le petit monde de la musique improvisée
Trading Places a pour but de rapprocher les artistes canadiens. DB Boyko, directrice du secteur musique au Western Front, souligne que le but de ce projet est de nourrir la création de musique improvisée à travers le pays. « C’est aussi l’occasion de mettre les projecteurs sur deux nouveaux artistes qui ont été sélectionnés pour leur excellence par leurs pairs et d’associer un musicien en herbe avec un musicien plus chevronné ». À l’instar de leurs correspondants vancouvérois (les musiciens Elisa Thorn et Tony Wilson qui ont effectué l’échange en 2016 à Montréal), Yves Charuest et Elizabeth Lima sont les finalistes québécois de cet échange.
Yves Charuest est un saxophoniste. Il a joué avec des musiciens actifs sur la scène internationale et nous confie ses motivations : « Je fais de la musique improvisée qui a ses racines dans le jazz moderne, le free jazz, la musique contemporaine, et sans doute bien d’autres pratiques… Je m’intéresse à des formes plus “ouvertes” où la rencontre et la collaboration peuvent s’avérer très stimulantes pour la musique de création, et la musique improvisée de surcroît. Malgré la grande circulation de l’information avec Internet et les médias sociaux, les distances physiques sont grandes dans notre pays. Un évènement bien organisé comme Trading Places nous offre la chance de venir rencontrer des “collègues-créateurs”, ce qui nous permet d’entendre et d’essayer des choses différentes. »
Elizabeth Lima jouant de la clarinette.
Le profil d’Elizabeth Lima est multidisciplinaire et traduit la volonté de repousser les limites de la créativité sonore : « J’ai commencé le piano à l’âge de 7 ans, puis j’ai abordé le saxophone et la clarinette à l’âge de 12 ans. Mon père est clarinettiste, saxophoniste et chef d’orchestre, donc je baigne dans la musique depuis le début de ma vie. J’ai compris très tôt que je ne pouvais pas respirer et vivre sans produire de la musique ». Elle annonce clairement une musique sensible et communicative : « ma pratique d’improvisatrice (clarinette, voix) s’articule autour de deux pôles principaux : la réponse émotive au son et les rapports humains complexes développés entre les musiciens et avec les spectateurs. Mes performances cherchent à créer une rencontre entre les techniques instrumentales traditionnelles et exploratoires, combinées à des éléments performatifs et théâtraux… je suis influencée par la musique de divers genres et provenances… Je puise également dans la musique de la Renaissance et la musique baroque. Mais en tant qu’improvisatrice, je trouve souvent que les sons étranges de la vie quotidienne sont les plus inspirants. Par exemple, les chants d’oiseaux et d’animaux ou les bruits urbains. J’aime aussi incarner différents personnages comme une dame aristocrate anglaise prenant le thé ou un chihuahua enragé. »
Venir flairer l’atmosphère musicale particulière de la côte ouest
La scène musicale de la côte ouest impose son identité grâce à la place qu’elle fait aux rencontres artistiques. C’est le cas pour Yves Charuest : « étant venu jouer à Vancouver deux fois dans les années 1990, je connais un peu le travail de certains musiciens de la région (Paul Plimley, Dylan van der Schiff, Ron Samworth, François Houle, Peggy Lee, etc.)…. La scène musicale de la côte ouest me semble à la fois très dynamique et active, ouverte aux rencontres avec des créateurs de l’extérieur, comme en font foi les programmations de divers évènements et saisons dont j’ai entendu parler au fil des ans.».
L’ambiance musicale de la côte ouest canadienne séduit également les jeunes musiciens, comme nous le confie Elizabeth Lima : « j’aime beaucoup la “vibe” de la côte ouest et je trouve que ça s’entend dans la musique. Il y a une intensité présente, mais beaucoup d’espace aussi. Il y a une scène bien diversifiée, autant dans l’improvisation qui provient du jazz que de la musique contemporaine. J’admire énormément Lisa Cay Miller
et DB Boyko qui sont des musiciennes sensibles, créatives et érudites. Mais aussi, ces femmes performent et gèrent des organismes dans un monde qui est encore très masculin. Elles sont un exemple de la présence de plus en plus forte des femmes dans le monde de la musique actuelle et elles ont une présence authentique, bienveillante et confiante. »
Concert le 6 novembre : Une rencontre entre deux Montréalais et des musiciens de Vancouver, dont Peggy Lee (violoncelle), Stefan Smulovitz (alto et électroacoustique), Kenton Loewen (batterie), Ben Brown (percussions) et autres. Donc, une rencontre entre différentes générations d’artistes provenant de genres et styles variés. Billets sur www.front.bc.ca.
Si vous souhaitez élargir vos modes d’expressions personnelles et sonores, voici une sélection de quelques sites internet à explorer sur l’initiation à la créativité musicale :
www.old.musiccentre.ca
(pour les plus jeunes)
www.soundstreams.ca
(sur les iPad)
