Avec plus de 400 000 habitants, la ville de Surrey subit depuis quelque temps une revitalisation de son environnement par une intelligentsia qui repense la cité. Pendant longtemps, les habitants de la ville de Surrey devaient se déplacer dans les grands centres, comme la ville de Vancouver, pour trouver du travail. Déplacements parfois difficiles considérant la densité de la circulation dans le Grand Vancouver et certaines lacunes sur le plan du transport en commun en provenance des villes en périphérie. Cependant, la construction du Central City est venue transformer l’approche économique de la ville en offrant à ses habitants l’avantage de graviter autour d’une valeur fondamentale contribuant à l’essor du développement économique : l’échange.
Central City est un projet né de l’histoire de Surrey, dont la croissance rapide et le manque de planification ont laissé sa population avec le sentiment de ne pas pouvoir bénéficier d’un centre-ville pour se rassembler. Le multiculturalisme dans lequel évolue la ville rendait intéressante la réalisation d’un tel projet d’envergure. Comment ont-ils réussi à faire converger les habitants de la ville vers un espace public commun ? En réaménageant un centre commercial en déclin au cœur de la ville, en y construisant au sommet le pavillon de l’Université Simon Fraser et en y intégrant une tour à bureaux. L’équipe de Bing Thom Architects a réussi
sa mission : offrir une place publique où les résidants ont envie de se rassembler, toutes origines confondues. Un amalgame d’atriums baignant dans la lumière naturelle organisent le bâtiment à l’intérieur. La construction en bois lourd, matériau historiquement associé à la Colombie-Britannique, est utilisée ici de façon contemporaine et technologiquement avancée.
Ville de migration
La transformation de l’espace public de Surrey vise à densifier la banlieue afin d’offrir à sa communauté la chance de s’intégrer à son environnement, d’une part pour le travail et d’autre part pour la vie sociale. « Les villes attirent le monde grâce à des ouvertures économiques et celles-ci se retrouvent de plus en plus vers les grands centres », affirme Pierre Gallant, architecte. Le professeur d’université, Kamal Al-Solaylee, s’est exprimé sur le sujet dans le cadre d’un récent Walrus Talk. « Nous parlons de villes de migration, ces gens travaillent dans les grandes villes, mais ne peuvent s’offrir un logement dans les grands centres comme Vancouver, alors ils vivent en marge », explique-t-il. Il devient alors impératif pour la communauté de s’identifier à sa ville afin de s’y intégrer et d’y ressentir un sentiment d’appartenance, tout en conservant sa culture.
Surrey, un nœud idéal d’interaction
« Au lieu de nous séparer, la migration est plutôt notre histoire commune. », confie Mary Clare Zak, directrice générale de la politique et des projets sociaux de la Ville de Vancouver, lors de son exposé au Walrus Talk de Surrey le 29 septembre dernier. Comptant 41 % d’immigrants parmi sa population, Surrey ne cesse de croître, économiquement et démographiquement. « C’est très positif comme situation », affirme Pierre Gallant. Selon lui, si la ville reçoit des gens, c’est donc qu’il y a un besoin de s’y rendre, un attrait, ce qui veut dire qu’elle évolue et que cela crée une force économique intéressante. « Cela amène un remue-ménage qui en choque certains, mais qui donne des chances à plusieurs autres », renchérit-il.
La culture canadienne se voulant inclusive et accueillante, il est d’actualité de penser qu’il existe une place pour les différentes langues et cultures dans le pays. Le Centre urbain de Surrey se retrouve alors au cœur d’un échange multiculturel combinant toutes les classes de la société où partage et culture sont les mots d’ordre. « La nature humaine a peur du changement, mais elle désire le changement », conclut Pierre Gallant.
Qui est Bing Thom ?
Architecte canadien originaire de Hong Kong, Bing Thom est reconnu pour avoir travaillé à la conception de plusieurs bâtiments de la ville de Surrey, notamment le Central City, la Surrey City Centre Public Library et le Guildford Aquatic Centre, pour lequel il a reçu la médaille d’excellence en architecture en 2016. Subitement décédé le 4 octobre dernier à l’âge de 75 ans, monsieur Thom laisse derrière lui un héritage important pour la population et la communauté des architectes.
Pingback: Les manchettes de « La Source » en 2016 | La Source | Volume 16, Édition 32 - 6 décembre 2016 au 10 janvier 2017