Originaire de la ville de Québec, le moment entre la décision de tout quitter pour recommencer à zéro et ma ruée vers l’Ouest s’est déroulée très rapidement. L’idée initiale de migrer vers l’Ouest canadien a mûri dans mon esprit durant moins de six mois avant mon départ. L’appel des montagnes se faisant alors plus fort que l’envie de demeurer confortablement assise dans ma routine, j’ai quitté le Québec à bord de ma voiture le 1er août 2015. En quête de zénitude et la tête pleine de projets, j’ai traversé le Canada d’un bout à l’autre pour venir m’installer en Colombie-Britannique.
La question « Pourquoi ? » surgit donc aussi fréquemment qu’une formule de politesse à chacune de mes rencontres. Un an plus tard et pourtant bien installée, j’ai toujours de la difficulté à répondre à cette question. Les gens évoquent une multitude de raisons, aussi valables les unes que les autres, expliquant pourquoi ils se sont établis dans le Grand Vancouver. Mais pour quelle raison devrait-il toujours y avoir un « pourquoi » ? Est-ce que la simple envie de faire autre chose de sa vie ne suffit pas à justifier une telle décision ? Ma réponse serait plutôt : « Et pourquoi pas » ? !
Québec est une ville magnifique, son côté historique et la gentillesse de ses habitants en font un endroit prisé par les touristes à travers le monde. Tout le monde y parle français (ou presque) et chacun s’y sent chez lui. C’est pourquoi en arrivant à Vancouver, j’étais un peu inquiète de voir comment j’allais m’intégrer à la population multi-ethnique qui peuple son territoire. Allais-je m’y sentir comme chez moi ?
D’abord, j’ai trouvé un emploi dans un milieu francophone. Ce qui m’a permis assez vite de me sentir bien par rapport à la langue ! Je parle anglais pour l’avoir appris à l’école, mais je dois avouer qu’en m’installant ici, j’ai trouvé un peu pénible d’avoir à toujours m’exprimer en anglais lorsque je sortais de chez moi. Pénible dans la mesure où m’exprimer dans une autre langue que la mienne constituait un défi quotidien important à 35 ans. Au tout début, je m’excusais systématiquement auprès de mes interlocuteurs pour mon accent en leur précisant que l’anglais n’était pas ma langue première. Je me suis vite rendue à l’évidence qu’ici tout le monde a un accent ! À quoi bon s’excuser ? J’ai appris à assumer fièrement cet accent québécois qui transparaît inévitablement dans ma manière de m’exprimer.
Vancouver nous permet de nous entourer d’une multitude de cultures différentes sans sentir que la nôtre est négligée. J’adore arpenter les allées d’épiceries où saveurs, couleurs et origines se mélangent. La ville offre d’ailleurs son lot de festivals et d’événements culturels qui cherchent à rassembler les membres de sa communauté et nous faire sentir comme chez nous. Je ne me suis d’ailleurs pas fait prier pour participer au Festival du Bois de Maillardville qui se voulait une quasi-réplique des fameuses « cabanes à sucre »
typiques au Québec avec sa tire d’érable et ses chansonniers rassembleurs. Étonnant de voir à quel point les seuls faits d’entendre parler en français et de porter une chemise à carreaux pouvaient nous réconforter !
On se laisse d’ailleurs emporter par le mode de vie plus sain que prône la majorité des habitants de Vancouver. C’est après avoir soudainement eu l’envie de pratiquer le yoga et de manger du tofu que je me suis rendu compte que c’était la ville qui s’installait en moi, et non l’inverse. Même qu’au terme de mes vacances d’été, j’avais hâte de rentrer chez moi. Parce que « chez moi » c’est ici maintenant.