La langue française est rarement associée aux médias sociaux. Certains experts condamnent d’ailleurs ces plateformes sociales, principalement utilisées en anglais dans le monde. En février 2014, l’Office québécois de la langue française (OQLF) avait d’ailleurs demandé à une commerçante québécoise de traduire la page Facebook de son entreprise en français.
Pour Mme Catherine Caws, enseignante à l’Université de Victoria, ces technologies d’information et de communication sont au contraire une occasion unique dans l’apprentissage d’une langue étrangère.
Le 29 novembre prochain, Mme Caws donnera à l’Université de Victoria une présentation intitulée Pédagogie et médias sociaux : le web social au service de l’apprentissage du français ?, organisée par l’Alliance française de Victoria.
L’évènement, qui se déroulera sur le campus de Victoria, permettra aux participants de réfléchir sur les mutations des contextes d’apprentissage des langues à l’heure du numérique, et notamment sur les mutations des modes de communications et d’interaction sur les médias sociaux, par leurs différents utilisateurs.
Le choix de ce thème est important pour Mme Caws, qui s’est très tôt intéressée à ces nouvelles techniques d’information. « Cette thématique est liée à mes intérêts de recherche et notamment à l’utilisation de Twitter », a-t-elle déclaré.
Si Mme Caws se penche particulièrement sur Twitter, c’est parce qu’elle en a fait un outil primordial dans son métier d’enseignante. Elle utilise régulièrement ce média avec ses étudiants.
« Twitter est un élément intéressant, notamment pour les étudiants débutants ou intermédiaires. Cet outil d’information permet d’enrichir le vocabulaire de chacun. Chaque mot sur twitter est important car leur nombre est limité. Twitter permet ainsi à chaque utilisateur de sélectionner avec précaution le vocabulaire qui sera utilisé dans une phrase, qui ne peut compter que 140 caractères au maximum. Cela permet ainsi de mettre l’accent sur un mot dans son contexte, car il prend de la sorte tout son sens. »
Les principes généraux associés à l’exploitation du web social pour mieux percevoir les possibilités d’exploitation des outils de communication virtuelle, seront également abordés au cours de la soirée, tel que Twitter.
« Twitter n’est pas un outil simple à utiliser. Il reste néanmoins un très bon moyen pour les étudiants de français qui sont débutants ou intermédiaires.
« Twitter est un outil que l’on peut utiliser à tout moment et cela permet aux étudiants d’être toujours branchés sur cette plateforme numérique, en français. Avec cet outil, ils peuvent suivre de nombreuses institutions francophones qui se consacrent à la langue et au vocabulaire français, telles que Le Robert, RFI, ou encore TV5. Mes étudiants qui utilisent twitter peuvent également lire d’autres comptes francophones, ou être suivis par d’autres utilisateurs. Cela les encourage donc à publier plusieurs « tweets » (messages), tout en prenant garde de bien les formuler en français. »
Pour Mme Catherine Caws, ces outils numériques sont devenus primordiaux. « De nos jours, ce sont des outils qui sont utilisés dans le monde professionnel. Ils sont un excellent moyen de communication. Un étudiant qui souhaite étudier le marketing, par exemple, devra conjuguer avec ces éléments numériques. »
Si ces nouvelles technologies ont révolutionné les techniques d’enseignement chez bon nombre d’enseignants, Mme Caws est néanmoins consciente des contraintes que ces outils peuvent engendrer.
« Ce n’est pas simple de comprendre Twitter. Cet outil peut s’avérer complexe au début. Avant de commencer les cours, certains de mes étudiants n’avaient jamais utilisé ce média social. Ils ont néanmoins rapidement compris son utilisation et son importance », a-t-elle précisé.
Pour Mme Caws, les étudiants utilisent également ces instruments sociaux lorsqu’ils ont plusieurs histoires à raconter, ou des idées à partager. Elle compare d’ailleurs Twitter à une sorte de musée numérique, qui renseigne les visiteurs lorsqu’ils se branchent sur l’information donnée.
« Twitter facilite les échanges entre étudiants. Souvent, lorsqu’un étudiant apprend une nouvelle expression française, il la partage sur twitter. Cette expression peut donc être instantanément lue par les autres étudiants qui suivent le compte. Ils apprennent ainsi des nouveaux mots sans être présents dans une salle de classe. Ces supports numériques médiatiques suscitent la réflexion auprès des étudiants. »
C’est particulièrement cet atout que Mme Caws apprécie chez Twitter. L’outil permet effectivement d’apprendre la langue française de manière interactive et touche également de nombreuses personnes à la fois. « C’est un moyen de partage plus efficace que le papier. De plus, il ne rend pas les étudiants si nerveux », a ajouté Mme Caws.
Catherine Caws enseigne la langue française et la linguistique à l’Université de Victoria depuis 2002. Ses recherches sont, en grande partie, focalisées sur l’apprentissage des langues assisté par ordinateur. Elle possède également un blog intitulé « À la recherche d’une pédagogie…teaching French in the 21st century ».
Le 29 novembre prochain, Mme Catherine Caws aura l’occasion, lors de sa présentation qui sera axée sur les médias sociaux en tant qu’outils pédagogiques, de mettre en lumière de nouvelles avenues pour l’apprentissage de la langue française dans une ère de plus en plus numérique.