« Le monde entier doit reconnaître que les filles ne sont la propriété de personne et les victimes de personne. Plutôt, les filles sont les catalyseurs les plus puissants pour un monde différent. », Save the Children
En 2016, année au cours de laquelle les États-Unis auraient pu élire leur première présidente, la question de la place de la femme est plus pressante que jamais. Quel pays est le plus sûr lorsqu’on est une fille ? L’organisation non gouvernementale Save the Children a la réponse dans son étude récemment publiée sur la santé, l’éducation et le futur des filles dans 144 pays. Préparez-vous à quelques surprises !
Le meilleur et le pire
Selon l’enquête de l’organisme, le pays le plus sûr pour les filles est la Suède. Cela n’étonne pas le professeur de sociologie Mark Harris puisqu’il affirme : « Surprise, Suède, Finlande, Norvège… ces pays scandinaves ont tous des programmes de santé gratuits. Donc, bien sûr, le résultat : ils se placent très bien dans le classement. »
De même, c’est au Niger où, si l’on est une fille, on a le plus de risque de se marier avant 18 ans. Peut-on donc dire que les pays riches sont plus sûrs que leurs cousins, plus pauvres ? Dans les extrêmes, oui. Mais entre les deux, il y a quelques surprises. C’est au Rwanda, par exemple, qu’on trouve le plus fort taux de femmes au Parlement. Mais toutes surprises ne sont pas forcément bonnes. Comme le Royaume-Uni (15e rang) ou encore les États-Unis (32e rang), le Canada ne s’en sort pas aussi bien qu’on aurait pu l’imaginer.
Le Canada et ses lacunes
Le Canada se trouve en 19e position, juste derrière la France. Pourtant, ce sont tous deux des pays développés qui ont, croit-on, de quoi faire rêver les filles : le mariage forcé est illégal, l’éducation obligatoire et la médecine avancée. D’après Save the Children, deux domaines sont à améliorer au Canada : le taux de femmes au Parlement et le nombre de grossesses chez les adolescentes. En effet, en 2013, 11 723 jeunes filles de moins de 19 ans ont donné naissance au Canada, selon Statistique Canada. Et si Justin Trudeau est le 1er Premier ministre à avoir un cabinet égalitaire, le parlement compte 88 femmes contre 247 hommes. Cependant, ces deux critères donnent-ils une fidèle image de la situation des filles au Canada ?
D’après le professeur Harris, il faut se méfier des généralisations. Chaque communauté rencontre des obstacles différents. Il y a, après tout, deux Canadas. « Les obstacles rencontrés par les filles des Premières Nations varient considérablement des Canadiennes blanches de classe moyenne. Les chances varient suivant qui vous êtes, d’où vous venez, votre religion… ». Pour lui, le Canada a des soucis plus pressants à régler que les grossesses des jeunes adolescentes ou les femmes au Parlement. « On a un gros problème de trafic de femmes et de jeunes filles au Canada. Un trafic interne. Concernant la sécurité des filles, c’est un critère que je soumettrais à ce genre d’évaluation ».
Une enquête incomplète
Save the Children classe les pays en cinq critères : le mariage forcé, l’éducation, le nombre de mères adolescentes, le taux de mortalité maternelles et le nombre de femmes au Parlement. Le professeur Harris demeure sceptique : « Je pense que tout index ou toute évaluation est problématique en soi car cela dépend de votre assortiment de critères et de l’importance que vous leur donnez. »
Même avec des critères plus complets, les chiffres, statistiques et autres études ont donc du mal à donner une idée précise de la réalité des femmes dans le monde. « Vous essayez de mettre une valeur physique sur des problèmes de société qui empêchent l’égalité. Une nation comme le Canada a une égalité formelle mais expliquez-moi pourquoi les femmes ont 81 cents pour chaque dollar que l’homme gagne ? ».
Malgré un classement sans doute imparfait, Save the Children pointe du doigt un problème de société très présent. Pour aider les filles, l’association a trois objectifs : 1) apporter des aides financières aux filles dans le besoin, 2) établir des droits égaux entre les garçons et les filles et 3) demander une prise de responsabilité aux gouvernements. Ce dernier objectif amènerait une amélioration des données concernant l’exclusion des filles.
Le site Internet
www.savethechildren.ca
permet de devenir bénévole
et de faire des dons, dont celui d’éduquer une fille (70 $).