Je me souviens encore d’un de mes jouets préférés quand j’étais petite, un kaléidoscope. C’est un tube qui contient des fragments de verre colorés et mobiles produisant, grâce à un jeu de lumière et de miroirs, des motifs ornementaux symétriques et géométriques qui varient à chaque coup de secousse. La grande image perçue se compose ainsi de celles reflétées par les miroirs. Face à la pluralité culturelle de Vancouver, représentée par ces prismes de verre multicolores, chacun d’entre nous la perçoit de façon différente à travers son propre kaléidoscope, en fonction de ses propres miroirs – sa culture et ses systèmes de valeurs d’origine. Richesse, complexité ou chaos, la beauté est dans l’œil de celui qui regarde !
À Vancouver, la diversité est omniprésente sous toutes ses formes, que ce soit au niveau de la cuisine, des marchandises, des langues, des accents, des couleurs de la peau, etc. C’est une ville multiculturelle, où cohabitent des populations d’origines variées. La force de la métropole du Pacifique consiste en sa capacité de permettre à chacun d’y trouver sa place tout en assumant sa propre identité culturelle, et à lui donner les outils et les possibilités pour faire ces choix. Cette pluralité m’inspire et me ressource au jour le jour, ayant vécu la moitié de ma vie en Asie, l’autre en Europe puis en Amérique. Vietnamienne d’origine, diplômée d’une grande école de Paris, ma vie est profondément liée au sol canadien depuis des années.
À Vancouver, comme dans la majorité du Canada, on célèbre le concept d’une société inclusive, mis en place par le gouvernement Pierre Elliott Trudeau dans les années 1970. J’ai été surprise par la différence entre les deux pays nord-américains vis-à-vis de leur approche à la diversité et à l’intégration des immigrants. Les États-Unis utilisent le fameux modèle du melting pot pour assimiler les immigrants d’origines diverses dans la culture américaine, alors que le Canada favorise le multiculturalisme, encourageant les immigrants à maintenir leurs ancrages culturels. Pour ceux qui se posent la question, la politique d’immigration française est basée sur l’assimilationnisme. Il est sous-entendu que chaque modèle comporte des atouts et des faiblesses et que, dans cette ère de mondialisation, on ne peut que questionner l’existence d’un modèle absolu au détriment de l’autre dans n’importe quelle société moderne.
À Vancouver, il semble que la différence ne soit ni une menace ni un handicap, mais une source de force et une richesse à valoriser. Toute la grande agglomération a fait de gros efforts pour prendre en compte les diverses cultures et reconnaître les identités multiples. Elle a réussi à faire preuve de tolérance, d’ouverture à la différence et de respect mutuel des cultures plurielles qui y coexistent. Comme l’a dit l’ancien secrétaire de l’ONU, Kofi Annan, « la tolérance est une vertu qui rend la paix possible ». Il est cependant important pour les individus d’avoir un sentiment d’identité mais aussi d’appartenance à la fois, afin de forger l’unité canadienne. Ainsi, le gouvernement et les organisations communautaires ont mis en place de nombreuses initiatives pour accueillir les nouveaux arrivants et favoriser leur intégration, toujours en mettant en valeur la pluralité tout au long des démarches.
En bref, la culture de la ville de Vancouver souscrit à la diversité. Chaque individu, chaque culture, et chaque religion est un morceau de prisme qui s’associe et se transforme en différentes combinaisons dans un dynamisme de sérénité pour refléter la réalité, une réalité qui fait surtout briller les différences.