Il y a du changement dans l’air dans les écoles de Colombie-Britannique. Le 6 janvier dernier, le ministère de l’Éducation de la province publiait sur son site Internet un communiqué de presse annonçant l’implantation progressive de nouveaux programmes scolaires, de la maternelle au secondaire.
Le processus, initié en 2015, devrait prendre fin au cours de l’année 2018–2019. Des changements notables ont déjà eu lieu pour les élèves et les professeurs des niveaux 1 à 9.
Préparer les élèves à « un monde où la technologie est reine »
L’essor d’Internet et des réseaux sociaux a bouleversé la société contemporaine : communication instantanée, information continue accessible n’importe où, n’importe quand. Les nouvelles technologies prennent une place de plus en plus importante dans les relations sociales et le milieu professionnel. Partant de ce constat, le ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique a décidé de moderniser les programmes scolaires.
Traditionnellement, l’apprentissage des élèves est basé sur le principe de la mémorisation et de la restitution des connaissances. Cette méthode n’est plus à l’ordre du jour. Dans chaque discipline, les professeurs doivent désormais présenter des cas pratiques. Comme l’explique un représentant du Ministère, l’accent est mis sur « la compréhension et l’application des connaissances de manière ludique. Les élèves sont incités à travailler en groupe. Cela permet de développer l’esprit d’équipe, une réflexion collective et le sens critique ».
La pédagogie évolue et, par conséquent, les critères d’évaluation aussi. Le Ministère a donc mis en ligne un certain nombre de documents – en anglais et parfois même en français – pour guider les professeurs et les parents dans cette période de changements. Une nouvelle matière a d’ailleurs fait son entrée en 2016 : le code informatique. Réservé aux élèves de 9e, ce cours optionnel devrait être proposé à l’ensemble des classes de la province d’ici 2018–2019. Quant aux cours fondamentaux, la lecture, l’écriture et les mathématiques gardent une place centrale dans l’enseignement général.
Des phases d’essai à la mise en application
Les nouveaux programmes scolaires ont été conçus entre 2011 et 2016 par une équipe d’enseignants et d’intervenants en éducation de la Colombie-Britannique. Adam Woelders en faisait partie. Vice-principal de l’école primaire R.C. Garnett à Langley, Adam a participé au projet en tant que spécialiste des sciences sociales. Son école est d’ailleurs l’une des premières de la région à avoir appliqué les nouveaux programmes :
« c’était à l’automne 2013 avec les classes de 4e et 5e. Mais, en réalité, nous [les enseignants de R.C. Garnett] faisions ça depuis déjà dix ans ». L’école est en effet un établissement pilote, c’est-à-dire que le ministère de l’Éducation y autorise des expériences, des essais en matière de pédagogie et d’activités.
« L’école primaire est propice aux expérimentations parce que les professeurs qui apprennent aux enfants à lire, à écrire et à compter, sont des experts en matière de pédagogie. Les professeurs de lycée sont davantage des experts dans leur domaine d’enseignement. Ils ont peur des changements en terme de pédagogie et d’évaluation parce que les élèves doivent obtenir un certain nombre de crédits pour avoir leur diplôme de fin d’étude et s’inscrire à l’université ». C’est sans doute pour cette raison que l’application définitive des nouveaux programmes de la 10e à la 12e a été repoussée à l’année prochaine.
Le budget alloué par la province
Pour 2017, le ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique a prévu un budget total de 29,4 millions de dollars (27,4 millions pour les écoles publiques et 2 millions pour les écoles privées). Cet argent sera distribué en fonction du nombre d’élèves par district. Les écoles pourront ainsi acheter du matériel et des équipements utiles dans le cadre des nouveaux programmes. Dans un souci de transparence, chaque achat devra être signalé aux parents d’élèves ainsi qu’à la province.
La création de cette aide reçoit un avis très favorable dans le corps enseignant. Mais certains y voient l’arbre qui cache la forêt. Avec l’augmentation des factures d’électricité et des services de soin non couverts par le gouvernement, les districts n’auraient visiblement plus les moyens de subvenir aux besoins des écoles. En 2015, 29 millions de dollars ont ainsi été supprimés du budget alloué aux districts. L’aide prévue pour 2017 couvrirait donc à peine les pertes des années précédentes.
Entre tradition et modernité, les écoles canadiennes proposent un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. Les nouveaux programmes scolaires semblent répondre aux évolutions récentes de la société canadienne. Les phases d’essai ont notamment démontré leur efficacité à court terme. Reste à savoir quel sera l’impact sur les jeunes générations dans les prochaines années.