Dans le cadre des Rendez-vous annuels de la francophonie canadienne qui avaient lieu en mars dernier, des étudiants en français de l’Université de SFU se sont prêtés à l’écriture pour le journal La Source avec, à la clé, des contributions mettant à l’honneur des « acteurs de la francophonie » en Colombie-Britannique.
Pour cette édition, un groupe d’étudiants est allé à la rencontre de Julie Carpentier, chef d’antenne et pupitre télé du Téléjournal Colombie-Britannique, et de Lorraine Fortin, présidente de Visions Ouest Productions, organisme responsable des Rendez-vous du cinéma québécois et francophone en C.-B.
Le lundi matin, le rythme palpitant de l’équipe de Radio-Canada n’est pas ralenti, et la station continue, comme d’habitude, son travail de présentation des nouvelles. C’est à ce moment, lors de notre rencontre ce jour-là, que Julie Carpentier, journaliste dynamique et dévouée à son métier, prend une petite pause dans la préparation et la présentation du téléjournal pour discuter du futur du journalisme dans un univers toujours en mouvement qui continue d’avancer à une vitesse excessive. Après 21 ans d’expérience à Radio-Canada, Julie Carpentier reste optimiste, en milieu minoritaire francophone de la Côte ouest, et ce, en un lien direct avec la poussée démographique notable de la communauté francophone de la Colombie-Britannique.
La recherche d’unification culturelle
Pour Julie Carpentier, il est primordial que les services en français existent afin de préserver la culture francophone au Canada. Dans une province majoritairement anglophone, ces services ne sont pas aussi abondants que ceux en anglais. En tant que présentatrice du Téléjournal de la province, Julie Carpentier travaille avec la passion de servir la communauté francophone. Elle reconnaît que le Téléjournal donne la priorité aux nouvelles concernant cette communauté, en disant que « c’est une perspective différente…notre mandat est de servir en priorité la communauté francophone ».
Toutefois, Julie explique que Radio-Canada ne se concentre pas seulement sur les nouvelles concernant les francophones du Canada, mais cherche aussi à informer « les citoyens francophones des nouvelles en général ». Elle souligne le fait que Radio-Canada ne veut pas créer une image d’individualisme francophone, mais plutôt d’unité.
Évolution, ou révolution
Aujourd’hui, le journalisme est « en transformation depuis quelques années déjà », déclare Julie. La croissance importante de la technologie a changé la façon dont les nouvelles sont présentées et réalisées. Les bouleversements sociaux affectent également les métiers de l’information. Pour autant, elle n’est pas inquiète pour une institution comme Radio-Canada. « On est une institution crédible », constate-t-elle.
« On a des journalistes partout au pays, on en a aussi à l’étranger, donc c’est une maison solide. »
Cependant, même Radio-Canada n’a pas été à l’abri des changements qui l’ont obligée à s’adapter. « Pour nous il y avait deux choses : il y a eu une compression budgétaire et un changement dans notre mode de fonctionnement avec l’intégration du web. Ces changements entraînent une accélération, parce qu’on peut tellement consommer de nouvelles partout et rapidement que nous devons en produire plus avec moins de temps et moins de ressources », explique Julie Carpentier.
L’intégrité des médias et la norme journalistique
Il est très important que les médias soient honnêtes. Julie parle de la « norme journalistique » que suit Radio-Canada pour s’assurer qu’il n’y ait pas de préjugé ni de préférence. En répondant à une question reliée au lien entre la poursuite de la vérité et la poursuite du profit, elle explique que « ce n’est pas nécessairement la poursuite du profit » qui les préoccupe. « C’est la poursuite du clique ». En regardant les statistiques qui sont fournies par les réseaux sociaux, elle a « certainement remarqué une plus grande pression pour que les nouvelles produites fournissent des cliques, mais [elle n’a pas eu] de moment où [elle avait] dû choisir » entre l’un ou l’autre.
Enseigner l’amour de la culture
En tant que membre dévoué de la communauté francophone, Julie Carpentier participe et chapeaute Jeun’INFO, un programme qui explore le monde fascinant du journalisme. Jeun’Info offre aux jeunes une expérience d’apprentissage en milieu professionnel encadré par des personnes-ressources de Radio-Canada. Les étudiants présentent des reportages sur des sujets qui les passionnent tout en relevant les défis du travail d’équipe.
Outre son rôle avec Jeun’Info, Julie Carpentier met un point d’honneur à enseigner à ses enfants la langue de Molière. « Ce qui me motive c’est de voir les écoles qui grossissent. C’est encourageant », explique-t-elle à propos des établissements qui enseignent le français, soulignant l’importance de l’éducation pour l’entretien de la culture francophone.
Dans son amour pour la langue française et sa culture, elle participe aussi aux évènements communautaires tels que le Festival du Bois. Grâce à sa présence assidue et à son regard professionnel, elle a pu observer des changements dans la communauté et s’en réjouit.
Charlotte Law, Helen Luo, Claire Qiu, et Rui Yang Xu