Le patrimoine d’une ville, c’est l’idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés et que nous devons transmettre aux générations futures. Cet héritage culturel se fractionne en plusieurs catégories, comme le patrimoine linguistique, architectural, religieux, industriel ou urbain. Cette mosaïque patrimoniale forme alors un tout caractérisant la ville dans laquelle la société évolue.
La nécessité de participer à la constitution d’un héritage pour demain dépasse largement la simple propriété personnelle ; elle implique aussi de léguer, à ceux qui suivront, toute la richesse culturelle de la ville.
Le multiculturalisme de Vancouver ne dilue-t-il pas l’identité de son patrimoine ?
Aujourd’hui, la population de la Colombie-Britannique est merveilleusement diversifiée. Plus de 40 grands groupes culturels autochtones sont représentés dans la région. Les grandes communautés asiatiques de la province ont fait du chinois et du punjabi les langues les plus parlées après l’anglais. Il existe également d’importantes communautés allemandes, italiennes, japonaises et russes en plus de l’apport des francophones installés ici depuis le début des années 1900. Cet amalgame de cultures forme l’identité du patrimoine de la ville dans laquelle prospèrent une cuisine distincte, une architecture singulière, une variété de langues et des arts omniprésents. Même si certains pourraient croire à une « dilution » du patrimoine, celui-ci est au contraire enrichi par ces caractéristiques uniques.
« Le patrimoine fait partie de toutes communautés et la diversité culturelle de Vancouver enrichit ce patrimoine distinct », affirme monsieur Pierre Gallant, architecte. Les sites patrimoniaux et historiques de Vancouver mettent en évidence la diversité culturelle de la ville. Promenez-vous dans le quartier Gastown, visitez l’un des plus grands et plus dynamiques quartiers chinois d’Amérique du Nord et observez à proximité une conserverie de pêche du golfe de Géorgie du 19e siècle à Richmond. D’autres sites préservent l’histoire autochtone et pionnière de la ville, ainsi que l’architecture des époques victorienne et édouardienne. En outre, de nombreux sites modernes reflètent l’émergence de Vancouver comme ville de classe mondiale avec des événements culturels et sportifs.
En visitant ces lieux ou tout simplement en arpentant les rues du voisinage, vous y retrouverez l’essence même de l’héritage historique de la ville. « L’histoire du pays repose sur les vagues d’immigration de partout dans le monde faisant suite aux différents épisodes d’essor économique », ajoute monsieur Gallant. L’immigration suit les occasions économiques, ce qui fait de Vancouver une ville prisée par ces exodes de population.
Expansion rapide en Colombie-Britannique
Le transport et le développement ont marqué une nouvelle période d’expansion économique rapide dans les années 1950 et 1960. Les projets de construction massive ont changé la forme du paysage en Colombie-
Britannique. « La géographie a imposé une certaine limite aux urbanistes de l’époque, et restreint encore aujourd’hui certains projets », explique monsieur Gallant. Les projets de barrages ont transformé les rivières en lacs, les éoliennes géantes ont alimenté des dizaines de nouvelles usines de pâtes et de fonderies, la route Transcanadienne fut achevée, tandis que de nouveaux ponts, chemins de fer et traversiers ont relié les gens au progrès technologique. La géographie spectaculaire qu’offre le Grand Vancouver force les urbanistes à user d’imagination afin de préserver cet environnement si caractéristique du patrimoine de la ville. « La géographie imposante de Vancouver fait partie de l’héritage, il faut protéger son environnement et sa diversité, » ajoute l’architecte. Si le sens même d’une identité consiste à prendre en considération les éléments qui la distinguent des autres, il est possible de croire que le patrimoine de Vancouver reflète avec brio l’essence de
son unicité.
Un patrimoine à conserver
Certains organismes comme Heritage Vancouver ou Vancouver Heritage Foundation ont comme mission d’inspirer les gens avec l’idée que des aspects importants et irremplaçables du patrimoine culturel de Vancouver fournissent à la communauté un avantage social et méritent d’être protégés pour les générations futures. Selon ces organismes, les sites du patrimoine et les monuments de la communauté sont des expressions tangibles du passé qui contribuent au caractère, à l’attractivité et la qualité de vie dans les quartiers de Vancouver. Ils définissent les communautés, relient ses habitants à leur histoire et créent un héritage pour les générations futures. Ils développent des outils pratiques, véhiculent des informations et incitent les gens à contribuer à la conservation des édifices du patrimoine et des structures par le biais de collectes de fonds.
Le patrimoine et le test du temps
Selon l’architecte Pierre Gallant, les gens ont plutôt tendance à regarder les vieux édifices datant des années 1 800 ou début 1 900. « Ces vieux édifices sont souvent les plus prisés parce qu’on les trouve beaux et qu’ils font partie du paysage depuis longtemps », explique-t-il. « Les édifices plus modernes sont plus difficiles à apprécier puisque ça prend du temps ». Il compare d’ailleurs cette identification du patrimoine à la musique. « Nous écoutons encore aujourd’hui du Mozart, parce que c’est familier. Mais découvrir Shostakovich demande un peu plus d’effort, mais on finit par apprendre à l’apprécier », lance-t-il. Selon l’architecte, le patrimoine moderne de la ville reste à identifier et à préserver puisqu’il fait partie de l’identité des générations futures. Pour la modernité « le test du temps n’est pas encore passé », conclut-il.
Top 10 des éléments les plus menacés du patrimoine de Vancouver en 2016
1. Bayview Community School (1913–14)
2. Crown Life Plaza (1978)
3. Chinatown
4. Salvation Army Temple (1950)
5. St. Stephen’s United Church (1964)
6. Red Light District of Alexander Street
7. Commercial Drive
8. Townley & Matheson homes
9. Vancouver College (1924, 1927, 1957)
10. False Creek South
Source: heritagevancouver.org