Littéralement, la sage-femme est la femme qui sait : sait comment accompagner les parents durant la grossesse, l’accouchement et les premiers jours de vie du nouveau-né. Métier ancestral, qui a connu beaucoup de transformations au cours des deux derniers siècles, La Source a voulu en savoir plus sur ces professionnelles (majoritairement des femmes) qui assistent environ 20 % des nouvelles naissances en Colombie-Britannique.
Et dans une province dominée par la diversité des origines et des croyances, Patricia Rohlfs, sage-femme, nous en dit plus sur sa pratique et sur l’approche sur mesure offerte aux futures mamans.
De la matrone à la professionnelle de santé
Dans la plupart des sociétés, et ce dès l’antiquité, des femmes, appelées matrones en français, prenaient en charge les soins entourant la naissance. Principalement basé sur l’expérience, le savoir se transfère alors de génération en génération. Les mères des philosophes Socrate et Aristote font d’ailleurs partie des sages-femmes célèbres de l’histoire. « Les origines et les pratiques diffèrent énormément d’une civilisation à l’autre, et on peut encore le voir de nos jours. On constate de grandes différences entre les pays, et même entre les provinces du Canada », nous précise Patricia Rohlfs. L’avancée de la science a ensuite permis de grands progrès dans le domaine médical. Mais au lieu de reconnaître l’expertise de ces femmes qui avaient acquis un grand savoir au fil du temps, les médecins, principalement des hommes, ont accaparé cette spécialité et exclu ces femmes dont la pratique était jugée trop folklorique. Patricia Rohlfs l’évoque de façon éclairante : « Le mouvement qui a permis la reconnaissance des sages-femmes dans nos sociétés modernes ne peut pas être détaché du mouvement féministe. » En effet, il faudra des années pour que la tradition séculaire se transforme en un métier réglementé, incluant un cursus universitaire et la reconnaissance de l’accouchement autrement que comme un simple acte médical. Aujourd’hui, la profession est régulée par un Collège, et le diplôme est obtenu après 4 ans d’études universitaires.
Une prise en charge centrée sur les besoins de la maman et du bébé
« En Colombie-Britannique, les sages-femmes, comme en Ontario, sont intégrées au système de santé. Cela permet d’avoir accès aux installations médicales, et nos services sont couverts par la MSP », nous spécifie la maïeuticienne, autre nom plus technique donné aux professionnelles de la naissance. « Nous fonctionnons en petites équipes de 2 ou 3, et nous accompagnons les mères tout au long de la grossesse, sommes présentes à l’accouchement et les heures qui suivent, et faisons un suivi pendant 6 semaines pour offrir un soutien lors des soins au nouveau-né qui peuvent parfois effrayer les nouveaux parents. » Cette prise en charge est très personnalisée et permet de créer un lien privilégié entre les parents et les sages-femmes. Quand on lui pose la question de la plus-value de cette approche comparée au suivi par un médecin, Patricia Rohlfs s’exclame : « Il faudrait demander aux mamans ! » En effet, le taux de satisfaction est très élevé parmi les personnes qui ont recours à ces services, et le taux de réussite de l’allaitement maternel est d’ailleurs meilleur car l’accompagnement est plus soutenu. « Et nous avons accès aux tests médicaux et pouvons prescrire une gamme de médicaments en lien avec la grossesse, ce qui assure une qualité des soins tout en offrant un choix éclairé aux parents quant aux options pour leur bébé. »
Qui s’adapte à la diversité culturelle !
C’est alors tout naturellement que ce modèle de soins sur mesure puisse s’adapter à la diversité populationnelle rencontrée au Canada. « Nous tenons compte des différentes cultures et croyances, des religions etc. Comme notre accompagnement est très personnalisé, avec des rendez-vous de 45 minutes en moyenne, nous pouvons répondre aux besoins des familles, quels qu’ils soient. De plus, il existe des sages-femmes pouvant parler français, farsi, mandarin etc. ». Patricia Rohlfs explique que dans une même culture, les demandes et attentes peuvent être très diverses, et qu’il ne faut pas tomber dans les généralisations. C’est ce que permet la prise en charge sur mesure des sages-femmes, offrant notamment l’accouchement à domicile pour les grossesses non compliquées, mais aussi abordant des sujets comme la nutrition, l’activité physique ou l’aide sociale, au besoin.
Le 5 mai prochain sera la Journée mondiale de la sage-femme, occasion de reconnaître les grandes compétences développées par ces professionnelles qui, depuis la nuit des temps, accompagnent les familles du monde entier en ce moment sacré qu’est la naissance.
Pour plus de renseignements et une liste complète des sages-femmes en Colombie-Britannique : www.bcmidwives.com
Pour avoir accès à une sage-femme francophone : www.maternitymidwives.com