L’immense continent africain ne capture que 4 % du tourisme mondial. C’est à peine une soixantaine de millions de visiteurs pour un continent qui comprend presque autant de pays.
En fait, le tourisme en Afrique ne concerne qu’une poignée de pays, dont deux, les Seychelles et l’Ile Maurice, sont associés à l’Afrique bien qu’étant culturellement très différents du continent. Le Maroc, qui fait figure de géant du tourisme en Afrique, n’est qu’au soixante-deuxième rang mondial et il est frappant de voir que l’Espagne voisine reçoit à elle seule plus de touristes que l’ensemble du continent africain. La Tunisie et l’Égypte ont vu leur secteur touristique dévasté par le terrorisme mais tentent de compenser la baisse du nombre de visiteurs européens en attirant des voyageurs en provenance des pays musulmans et (dans le cas de l’Égypte) de la Chine. Le Kenya, où les célèbres parcs nationaux suffisaient à en faire la vedette du tourisme africain, se remet difficilement des attaques terroristes et des violences inter-tribales qui ont entaché son image.
L’Afrique australe est la seule région du continent où le tourisme est en pleine croissance. L’Afrique du Sud, et, par ricochet, certains de ses voisins immédiats (Botswana, Zimbabwé et Namibie) connaît un taux de croissance touristique annuel qui frise les 10%. Le marché chinois connaît une croissance fulgurante ces dernières années mêmes si, pour l’instant, l’Europe demeure la première région émettrice avec la Grande Bretagne en tête, suivie de l’Allemagne et de la France.
En Afrique francophone, le secteur touristique a du mal à décoller. S’il existe encore un peu au Sénégal et en Gambie, il a quasiment disparu des autres pays du Sahel. Le Mali avait pourtant réussi à mettre en valeur ses richesses culturelles au point d’attirer un bon nombre de visiteurs étrangers épris d’aventures que l’absence d’infrastructures modernes n’effrayait pas. Suite aux attaques des islamistes, les soldats étrangers ont remplacé les touristes et tous les pays occidentaux déconseillent vivement à leurs citoyens de s’aventurer dans cette région du monde. Le Cap Vert, l’archipel lusophone au large du Sénégal, est le seul pays d’Afrique de l’Ouest à posséder une industrie touristique en pleine croissance. Plus au sud, là où les islamistes ne font pas partie du décor, c’est le manque d’infrastructures qui est l’obstacle principal. L’organisation mondiale du tourisme, la Banque africaine de développement et d’autres organismes internationaux ont effectué de nombreuses études et produit de nombreux rapports qui disent tous à peu près la même chose, à savoir, l’Afrique de l’Ouest n’est pas prête pour le tourisme de masse. Les transports terrestres sont difficiles et les liens aériens entre différents pays de la région sont si mauvais qu’il est parfois nécessaire de passer par l’Europe, ce qui rend ces déplacements très chers. Dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Gabon ou l’Angola, les quelques hôtels aux normes internationales sont plus ou moins réservés aux gens d’affaires et leurs prix n’ont rien à envier aux grands hôtels de Londres ou de New York. Bon nombre de pays affirment recevoir chaque année quelques dizaines de milliers de touristes mais en fait, ce calcul du nombre de visiteurs étrangers ne différencie pas les gens d’affaires et les expatriés africains qui reviennent munis d’un passeport étranger des touristes ordinaires au sens habituel du terme.
La prochaine fois que quelqu’un se plaint d’un lieu de villégiature qui est devenu un « piège à touristes » dites-lui que s’il veut tout le contraire, il y a un continent entier qui l’attend.