Avec l’arrivée de l’été, deux trucs ne vont pas tarder à nous faire tourner la tête : la chaleur et les innombrables festivals qui animeront la ville. Les calendriers se remplissent vite d’activités estivales. Mais quels festivals
inscrire à l’agenda ?
Bien que le Festival d’été francophone de Vancouver vienne de se terminer, la ville n’est pourtant pas en manque d’artistes francophones. Les festivals d’envergure internationale accueillent à bras ouverts et, chose plus rare, ils viennent de plus d’une demi-douzaine de pays différents.
Des francophones du monde entier
La francophonie est une dénomination large, parfois vague, si bien qu’on ne se rend pas souvent totalement compte de son amplitude exacte. On pense aux Français, aux Québécois, aux Belges, puis on commence à
bafouiller. Les grands festivals de musique jazz et folk de Vancouver nous rappellent à quel point la francophonie est diverse : la France, le Québec, la Suisse certes, mais c’est aussi le Cameroun, le Sénégal, la
Guadeloupe, Haïti et le Niger qui seront présents sur scène.
Linda Tanaka, directrice artistique du Festival de musique folk de Vancouver, n’hésite pas à mettre les francophones à l’avant-plan : « On a une tente francophone avec des activités à faire à l’intérieur, de la musique et des interviews avec les artistes francophones du festival. Il y aura aussi des ateliers comme la danse québécoise qui sera enseignée ». Parmi les artistes du festival, le groupe Delgres (France) nous apportera une ambiance créole et ILAM (Québec/Sénégal) nous offrira un blues africain. Il est cependant bien de noter que les francophones ne chanteront pas forcément en français. On les entendra dans leur langue maternelle ou bien dans leur langue d’adoption. Blick Bassy, Français originaire du Cameroun, chantera le bassa (une des 260 langues parlées au Cameroun) alors que la Québécoise Gabrielle Shonk y chantera en anglais.
Pour John Orysik, le co-fondateur du Festival international de Jazz de Vancouver, même les artistes locaux viennent d’ailleurs et nourrissent leurs musiques de voyages. C’est le cas, notamment, pour André Lachance et François Houle. Originaires du Québec, ils ont déménagé à Vancouver et voyagent beaucoup. « Ils regardent en avant, ils veulent s’imprégner au maximum de cette culture, des autres cultures et de leur propre culture, afin de créer quelque chose », affirme-t-il.
Des groupes hydrides
Si l’on s’en tient aux programmes des festivals, les francophones sont d’excellents collaborateurs, musicalement et culturellement. Les groupes, trios, quatuors ou plus, se composent d’un beau mélange entre la langue française et celles d’autres pays, comme le Japon, le Brésil, l’Afrique ou les États-Unis. John Orysik en est fier : « Le jazz est une expression culturelle et une expression musicale qui a ses origines, bien entendu, aux États-Unis. Mais c’est une forme de musique qui est très ouverte démocratiquement ». Parmi ces groupes, on compte Satoko Fuji & KAZE. « Il y a Christian Pruvost et Peter Orins qui jouent avec un groupe japonais. Donc, vous avez deux artistes francophones et deux artistes japonais dans un seul groupe. Ils sont ensemble
depuis longtemps ».
Au Festival international de Jazz de Vancouver, on trouvera aussi Malika Tirolien, originellement de la Guadeloupe, vivant maintenant à Montréal. Elle chantera en créole et en français dans un tout nouveau groupe, Bokanté. La Suisse Sylvie Courvoisier, quant à elle, forme un trio avec deux musiciens américains, Kenny Wollesen et Drew Gress. En plus de provenir des quatre coins du monde, les francophones n’hésitent pas à se mélanger. Les organisateurs des festivals encouragent ces initiatives et travaillent dur pour offrir une atmosphère de collaboration.
Collaboration et jam sessions
Pendant quelques semaines, des musiciens qui ne se sont apparemment jamais rencontrés, sont invités à interagir. Pour John Orysik, ces collaborations permettent d’actualiser sans cesse la musique. « Les gens d’autres cultures sont capables d’amener leurs propres éléments de folklore dans leur expression du jazz. En d’autres mots, lui faire peau neuve, lui permettre sans cesse d’évoluer ».
La musique est un langage à part entière et le caractère international des festivals le tourne à leur avantage. « Même s’ils ne peuvent pas parler la même langue, quand ils montent sur scène dans une séance musicale improvisée (jam session), ils parlent la langue musicale du jazz. ».
Linda Tanaka, pour sa part, recherche ce que les artistes ont en commun, ou ce qui les sépare des autres, et prend grand plaisir à organiser les rencontres. « Parfois, je choisis des styles complètement opposés pour faire un atelier. J’ai Blick Bassy, de France, originaire du Cameroun, et il va jouer avec un artiste aborigène. Il a un violoncelle dans son groupe et cet artiste autochtone a aussi un violoncelle, alors je les ai rassemblés dans un atelier ». Ce qui peut se présenter comme une simple rencontre de fortune peut devenir le début d’un nouveau son, d’une nouvelle carrière. John Orysik en témoigne : « Parfois, ils créent une attraction tellement forte qu’ils décident de former un groupe, d’enregistrer leur musique et de voyager. C’est fantastique. »
Le Festival international de Jazz de Vancouver et le Festival de musique folk de Vancouver ne sont donc pas internationaux pour rien et mettent sur scène toute la richesse de la francophonie – une francophonie qui est unie par une langue mais qui est composée de différentes cultures, avec différentes nuances. Découvrez donc toute l’ampleur du monde francophone à travers ces deux festivals, où les différents cocktails culturels risquent de faire des étincelles.