Comme le disait Georges Simenon, « La bonne cuisine, c’est le souvenir », et cela n’a jamais été aussi vrai pour les immigrants à la recherche des saveurs de leur enfance qui, telles une madeleine de Proust, peuvent raviver les mémoires et apporter du réconfort. L’identité culturelle des produits d’Europe de l’Est est marquée par sa diversité entre plats traditionnels, boissons alcoolisées et non alcoolisées, salades et pains… Cependant, les ressortissants d’Europe de l’Est vivant en Colombie-Britannique ont-ils l’embarras du choix quand ils veulent se faire plaisir en s’offrant une cuisine en lien avec leurs origines ?
Les gastronomies ukrainienne, russe, polonaise, hongroise, croate remontent à bien loin dans le temps. Elles restent très prégnantes, certainement grâce à l’envie des peuples d’Europe de l’Est de faire perdurer leur héritage culinaire, lui-même lié à leur vie culturelle. Pour autant, les ressortissants d’Europe de l’Est ne sont-ils pas dépréciés quand il est question de se faire plaisir avec leurs mets traditionnels ? Autrement dit, en Colombie-Britannique est-il toujours facile, voire simplement possible, de s’offrir de « l’Européen oriental » dans nos assiettes ?
Constat mitigé
Un tour dans la ville de Vancouver permet de s’apercevoir de l’existence de réseaux de distribution alimentaire alternatifs qui offrent les ingrédients entrant dans la composition de la cuisine est-européenne. Toutefois, une interlocutrice rencontrée à l’entrée d’un commerce nuance les faits. Mirnova est arrivée au Canada comme immigrante il y a de cela une douzaine d’années. Elle a vécu dans diverses villes de Colombie-Britannique avant de venir s’établir à Vancouver.
« En Russie, d’où je suis originaire, l’hiver est long et froid ; les étés courts, mais chauds. Nous faisions donc beaucoup de conserves de légumes pour l’hiver. J’ai du mal à trouver ici à Vancouver ces conserves qui ont marqué mon enfance », explique-t-elle.
« Nous avons ici des produits frais auxquels manquent néanmoins la saveur et surtout la senteur des produits originaux », dit-elle d’un ton nostalgique de son passé à Khabarovsk.
Présence de commerces de proximité
Mirnova nuance cependant son constat : « À chaque fois que je décide de concocter un plat de mon enfance au pays, pour ma propre famille, je trouve sur place assez facilement les ingrédients qu’il me faut ».
En poussant l’investigation, nous pouvons constater la présence ça et là de petits commerces de détail spécialisés en produits de l’Europe orientale. Dans la rue Bidwell par exemple, la supérette Euro Food Plus permet de s’approvisionner en épices indispensables à la réalisation de recettes de l’Europe de l’Est.
Au-delà des rayons des géants de l’alimentaire, l’on constate donc la présence à Vancouver de commerces se spécialisant dans les produits et aliments propres à cette culture Est-européenne.
Les restaurants ne sont pas en reste
Avec l’été et ses charmes qui poussent irrésistiblement la population à aller à l’extérieur, la tentation de pouvoir déguster un bon plat ou s’offrir une pâtisserie à la façon ukrainienne, russe ou encore polonaise peut se présenter.
Les communautés d’Europe de l’Est sont présentes et dynamiques en Colombie-Britannique, ayant à leur actif pas moins d’une dizaine de centres culturels différents célébrant leurs origines, tels que le Croatian Centre ou encore le Russian Centre. Conséquemment, des hauts lieux de la gastronomie Est-européenne sont légion à Vancouver et ses environs.
La pâtisserie fait partie des habitudes gastronomiques en Europe orientale. Dans la rue Davie, la tradition pâtissière est perpétuée grâce à Transylvanian tradition avec des gâteaux et biscuits fondants, venus tout droit de recettes ayant voyagé dans le temps.
Dans la rue Denman (avec notamment le restaurant Ukrainian Village), ou sur Marine Drive, Vancouver renferme des lieux de restauration qui se spécialisent dans la gastronomie russe, ukrainienne et d’autres pays d’Europe orientale. Aux dires de clients rencontrés à la sortie de ces établissements, la tendance dans la composition des menus de ces restaurants va vers un mélange de la gastronomie locale et de mets ancestraux, ce qui donne aux plats un goût revisité mais agréable. Des cornichons produits localement, combinés avec les choux de nos fermes, tant prisés dans la restauration russe et ukrainienne, composent les ingrédients de soupes ou autres plats.
Ainsi, manger chez soi des plats traditionnellement servis à table en Europe de l’Est est tout à fait envisageable quand on vit à Vancouver. Des épiceries se spécialisent dans la vente de produits incontournables dans la concoction de recettes à l’ancienne, tandis que manger dehors est également dans l’ordre du possible, surtout en été !
Envie d’un mets d’Europe orientale ?
En Europe orientale, les plats sont diversifiés et riches. Les mets principaux se cuisinent avec beaucoup de betteraves, de choux et de pommes de terre. La fameuse soupe russe bortsch en est une illustration. Avec ses variantes en Ukraine, en Roumanie et partout ailleurs en Europe de l’Est, elle agrémente les tables à manger dans les foyers.
Les farces à base de viande, poisson, fromage, pommes de terre, choux et fruits, qu’elles s’appellent Pelmeni en Russie ou Varenyky en Ukraine, sont de pure tradition ancestrale dans l’art culinaire en Europe de l’Est. De même, les pâtés farcis et cuits au four sont des plats nationaux que les grands-parents préparent quand ils veulent faire des gâteries à leurs petits-enfants. Appelés Pirojki ou Pirog selon le pays où l’on se trouve, ils entrent dans le répertoire du patrimoine culinaire de l’Europe de l’Est.