La musique et l’artisanat traditionnels métis seront à l’honneur le 29 juillet prochain au musée de la ville Surrey. L’événement gratuit sera ouvert à tous afin de faire découvrir au plus grand nombre cette culture autochtone à part entière.
Connus pour leurs broderies perlées de motifs floraux et leurs écharpes tissées au doigt, le peuple Métis possède des savoir-faire qui témoignent de leur identité mixte, à la fois européenne et autochtone.
Historiquement, les premiers Métis sont originaires de la colonie de la rivière Rouge, entre l’actuel Manitoba et le Dakota du Nord, et de la région des Grands Lacs. Nés de l’alliance entre des femmes autochtones de différentes tribus et des colons européens, principalement Français et Écossais, venus comme coureurs de bois, voyageurs et négociants impliqués dans la traite des fourrures au XVIIIe siècle.
Victimes des lois répressives de la Confédération canadienne, les premiers Métis se mariaient et vivaient entre eux. De ce regroupement hétéroclite est née véritable une culture commune : une langue, le michif, des arts populaires (la broderie perlée avec des motifs floraux, le tissage au doigt), une alimentation (bannock, pemmican) et surtout une histoire politique qui résonne encore de nos jours, à l’heure du 150e anniversaire du Canada. En effet, ce n’est qu’en 2003 que la Cour suprême du Canada accorde le statut de nation autochtone aux Métis. Ils ont désormais les mêmes droits et privilèges que les Inuits et les membres de Premières Nations.
Le rôle des organisations non gouvernementales dans la défense de la culture métis
La fin des années 1960 marque un tournant pour les Métis sur le plan politique. Caractérisée par le développement de mouvements contestataires au Canada et dans les pays occidentaux, cette période voit naître un certain nombre d’organisations défendant les droits des autochtones. La Manitoba Métis Federation, l’Ontario Métis and Non-Status Indian Association, ou encore la Louis Riel Métis Association of BC (le nom de cette dernière fait allusion au représentant politique métis le plus influent de l’histoire du Canada. Voir encadré). Ainsi, dans les Plaines et l’ouest du Canada, des Métis se regroupent pour lutter contre les mesures discriminatoires imposées par le gouvernement fédéral, notamment le Livre blanc de 1969.
Au fil du temps, ces organisations se sont développées à tel point que certaines ont été officiellement reconnues par le gouvernement au niveau fédéral et provincial. En Colombie-Britannique, c’est la Métis Nation British Columbia (MNBC) qui, sous la direction du Métis National Council (MNC), se charge de représenter et de protéger les droits de cette population. D’après un agent de la MNBC, il y a actuellement 37 communautés réparties dans toute la C.-B., dont six dans les Basses-terres continentales (Lower Mainland).
D’après une enquête nationale réalisée en 2011 auprès des ménages, 451 795 personnes se sont déclarées Métis, ce qui correspond à plus de 1 % de la population recensée au Canada. En Colombie-Britannique, près de 70 000 personnes se sont proclamées Métis. Toujours d’après cette enquête, le Grand Vancouver est l’une des agglomérations accueillant le plus d’habitants métis au niveau national, soit 18 485 personnes en 2011. Elle est troisième après celles de Winnipeg (46 325) et d’Edmonton (31 780).
A Métis Celebration : un partenariat entre la MNBC et le musée de Surrey
Forte de son expérience sur le plan social, politique et économique, la MNBC joue aussi un rôle important dans la création d’événements culturels consacrés à la promotion de la culture métis. C’est la raison pour laquelle Lynn Saffery, directeur du musée de la ville Surrey, et Drew La Jeunesse, chargée du public, ont pris contact avec cette organisation pour préparer une journée honorant les Métis.
Leona Shaw, directrice du Ministère de la Culture, du Patrimoine et de la Langue de la MNBC, s’est chargée de la sélection des artistes et artisans participant à la célébration du 29 juillet au sein du musée. Au programme, des concerts de musique traditionnelle jouée au violon fiddle, des représentations de danse appelée gigue, un atelier de broderie perlée Métis et de nombreuses surprises à découvrir.
Le musée propose régulièrement des expositions et des évènements pour promouvoir les différentes communautés qui vivent dans la région. D’après Lynn Saffery, lui et son équipe tentent d’inviter le plus possible des autochtones au sein du musée. Leur objectif est d’inviter et de faire participer la communauté pour créer des liens entre les gens.
Cet évènement est le dernier de la saison avant la fermeture du musée pour travaux. Une occasion à ne pas rater pour découvrir ou redécouvrir la richesse de la culture Métis et rencontrer ses ambassadeurs de Colombie-Britannique.
Saviez-vous que…
Louis Riel s’est illustré dans la lutte pour les droits des Métis de la rivière Rouge et du Territoire du Nord-Ouest dans les années 1870 à 1880, il est aussi considéré comme le fondateur de la province du Manitoba. Accusé de trahison par le gouvernement canadien, Louis Riel est exécuté le 16 novembre 1885 à Regina en Saskatchewan. Depuis, le Manitoba a instauré un jour férié en son honneur chaque troisième lundi de février. Le gouvernement de Colombie-Britannique a préféré le 16 novembre pour lui rendre hommage et célébrer publiquement l’héritage métis. Mais ces initiatives sont très récentes – 2007 pour le Manitoba, 2016 pour la Colombie-Britannique – par rapport à la présence historique des Métis dans ces deux provinces.