Pour la majorité de la population, le mois septembre sonne le glas de l’été et annonce la rentrée scolaire automnale. Au Collège Éducacentre, septembre annonce la continuation des programmes amorcés en été, puisque l’établissement est ouvert toute l’année. Seul collège francophone en Colombie-Britannique, Éduca-centre ne connaît pas de rentrée proprement dite, malgré des programmes débutant fin-août début septembre, un atout qui répond aux besoins des nouveaux arrivants qui, eux, préparent leur rentrée.
Avec pour mission de répondre aux attentes de la communauté francophone sur le plan de la formation professionnelle et de l’aide à l’emploi, Éducacentre offre un ensemble de programmes appartenant à un modèle dit intégré, accessible sur trois campus (Vancouver, Victoria, Prince George) ainsi qu’en ligne. Pour le mois de septembre, le collège accueillera plus d’une centaine d’étudiants en cours collégiaux.
S’adapter au marché de l’emploi
« C’est toujours un besoin d’intégration économique, plus vaste qu’un simple emploi, pour s’intégrer dans la communauté. Et nous, nous avons une démarche complète pour trouver cet emploi durable » souligne d’entrée de jeu M. Julien Capraro, le coordonnateur marketing du Collège Éducacentre. Dans la même foulée, il annonce le retour du programme Jeunes au travail à l’antenne de Surrey. Mis en veilleuse depuis environ un an pour cause d’attente de subventions, ce programme s’adresse aux jeunes entre 15 et 30 ans qui éprouvent des difficultés à entrer sur le marché du travail. Un autre programme qui porte le doux nom de FILM, facilite lui aussi l’accès au marché du travail pour les francophones et s’inscrit dans la même dynamique. Bien que le français soit défendu, la non-maîtrise de l’anglais dans une province anglophone est une véritable barrière. Le programme Workplace English est présent pour y pallier. Le but est d’adopter une vision transversale qui prend en compte l’ensemble des difficultés des étudiants, et d’y remédier de manière adaptée, avec par exemple une aide à la rédaction de CV, ou un retour aux études.
Rappelons que, depuis 2015, le collège est reconnu par la Private Training Institutions Branch, (PTIB) et par la Education Quality Assurance (EQA), délivrés par la province. « La qualité de notre travail est reconnue, c’est essentiel », indique M. Capraro. Suivre l’ensemble de son cursus scolaire, études incluses, en français est possible dans la province, et cette reconnaissance valorise le collège aux yeux du public. Seul organisme francophone reconnu par les autorités, « nous sommes un maillon de la chaîne dans le continuum de l’éducation en français » précise-t-il.
L’atout francophone
Les derniers chiffres parus dans le recensement 2016 de Statistique Canada montrent une progression de la langue française en Colombie-Britannique et au Yukon, à l’inverse de la tendance nationale. Le nombre de
personnes ayant le français comme langue maternelle en Colombie-Britannique enregistre une augmentation de 1,3 %, (71 680 contre 70 755 en 2011), et de 11 % au Yukon, (1 815 contre 1 630 en 2011). Si le visage de la francophonie se diversifie dans la province, « le français est une force économique. Les nouveaux arrivants francophones peuvent utiliser cette force pour intégrer le marché du travail », indique M. Capraro. La demande de personnes qualifiées qui maîtrisent la langue de Molière augmente chez les professionnels. Un avantage pour les étudiants avec plus de facilité en français, comme Carmen Payet Gal, 49 ans, qui prépare son diplôme en ligne en Éducation à la petite enfance : « étudier en français est un privilège, cela me permettra de travailler dans les écoles francophones, anglophones ou bilingues ».
Les cours en ligne donnent à Éducacentre une accessibilité sur l’ensemble de la province. Un atout pour la communauté francophone grandissante mais dont le poids reste minoritaire par rapport aux langues asiatiques. C’est le cas à Surrey, où la communauté francophone s’accroît beaucoup plus rapidement qu’à Vancouver, et où Éducacentre offre de plus en plus de programmes, une évolution importante pour le collège.
Par ailleurs, M. Julien Capraro explique qu’au niveau collégial, Éducacentre n’arrive pas à former assez de personnes pour répondre aux besoins de la province, comme en éducation, car il y a une forte popularité pour ces postes. Les carrières en français se développent dans ce domaine, notamment grâce à l’immersion qui gagne du terrain. D’autres domaines d’expertise voient aussi le jour, comme le programme en Gestion d’évènements que suit Emilie Dehoubert, 30 ans : « J’ai vu quelques annonces où le français est recommandé sans être essentiel. Être bilingue offre plus de possibilités, surtout dans les communautés francophones hors du Québec ».
La démarche d’Éducacentre pour renforcer la communauté francophone à travers un éventail de formations adaptées aux besoins, des professionnels comme des étudiants, répond donc à une demande en progression. Conscient du faible poids culturel et économique de la communauté francophone, le coordonnateur marketing du Collège y voit là « un axe pour l’avenir à développer », surtout pour une langue officielle. En somme, pour lui, « la francophonie est un socle commun très important, c’est aussi la beauté de ce qu’on fait, qui nous permet de travailler ».
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