À nous de bien commencer la saison avec un coup de cœur pour l’installation Jeux de bols et de voix, imaginée par l’artiste québécoise Marie Côté. L’exposition, visible à la Surrey Art Gallery à partir du 23 septembre prochain, mêle sons et formes pour une expérience pleine de sensibilité.
Marie Côté découvre l’extraordinaire résonnance des chants de gorge, chantés traditionnellement par les femmes inuits de l’Arctique canadien, lors d’un concert de l’orchestre symphonique de Montréal dirigé par Maestro Kent Nagano. « La proximité de leurs bouches lorsqu’elles chantaient m’a intrigué »,
se souvient-elle.
Les femmes inuits ont appris à jouer avec l’écho de leur voix, toutes proches, l’une en face de l’autre, le son se réverbérant de la bouche d’une chanteuse à l’autre dans un jeu de résonnance. « Ce sont les chants des femmes et de la nature », nous précise l’artiste.
Coup de théâtre en 2014, le chant de gorge est officiellement reconnu comme patrimoine immatériel du Québec. C’est un élan supplémentaire donné au projet artistique de Marie Côté. Elle donne ainsi vie à son idée : faire chanter les bols de porcelaine, mais pas que !
Relier l’objet à l’espace
Le public entre dans une salle d’exposition pour une expérience sensible et pleine de respect, qui nous donne à voir et à entendre de son voyage jusqu’au village d’Inukjuak, au Nunavik, qu’elle effectue lors de l’été 2011. L’artiste se rappelle : « J’ai beaucoup appris de la terre et j’y ai trouvé une harmonie avec mon environnement».
Marie Côté nous offre cet univers naturel vocal par la résonnance de la porcelaine. Le creux de chaque poterie renvoie à une trame de l’univers sonore des femmes inuits. On entend ainsi des chants de gorge mais également les sons qui rythment leur quotidien. Chaque bol, nuancé de bleu pâle et de gris, est
placé dans l’espace de la salle avec soin. L’artiste donne forme à la terre et au vide.
Savoir apprécier les choses simples
Jeux de bols et de voix est une expérience délicate qui capte l’essentiel des terres du Nord. En utilisant ces objets du quotidien que sont les bols pour nous raconter la vie de ces femmes, l’artiste nous ramène à la beauté simple de notre environnement, qui livre ses secrets lorsqu’on prend le temps de l’écouter.
« C’est une expérience que je voulais à tout prix partager », souligne Marie Côté.
Et partage il y aura. À la Surrey Art Gallery, dans le cadre du programme d’exposition Ground Signals, un programme qui « donne à voir et à entendre au travers des sens la terre au-delà du paysage », une douzaine d’artistes issus des quatre coins du Canada regroupent leurs travaux afin de plonger le public dans l’expérience de la nature. Non pas comme divertissement ou industrie, mais comme beauté primaire et fondamentale.
Le travail de Marie Côté invite les curieux à voir et à écouter plus loin que la vision banale du panorama figé, à expérimenter l’art de l’essentiel. Pour l’artiste, il suffit de voir la nature comme un lien et la simplicité comme source de beauté.
Exposition à voir et à revoir entre le 23 septembre et le 10 décembre, à la Surrey Art Gallery.
Biographie de l’artiste Marie Côté
Marie est aujourd’hui sculptrice et céramiste depuis plus de 30 ans. Après des études en céramique à la Banff Centre School of Fine Arts, Marie Côté obtient un Baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia en 1985. Elle poursuit un stage de perfectionnement en Angleterre, à Liverpool Polytechnic en 1986 et bénéficie d’une résidence d’artiste en 2011 à Inukjuak, au Nunavik. En plus d’exposer ses œuvres dans plusieurs galeries au Québec ainsi qu’en France et en Syrie, elle participe à des événements importants comme Visions 91 dans le cadre des Cent jours d’art contemporain de Montréal, la Biennale internationale de céramique de Châteauroux, en France, ArtCité tenu par le Musée d’art contemporain de Montréal et le Toronto International Art Fair. Axé autour de la poterie où la forme se déploie à partir du vide, son travail entend dévoiler cette expérience complexe qui relie l’objet à l’espace.