Jeanne, Nathaly et Marie sont trois femmes aux tempéraments et goûts différents. Elles évoluent aussi dans des mondes distincts : chef de projet dans l’industrie, directrice de clinique, et chargée de développement. Elles ont pourtant un dénominateur commun : passionnées et tenaces, ce sont des femmes modernes, qui travaillent dans la science et les technologies, à contre-courant des standards. À l’occasion de la Journée mondiale
des femmes et des filles en science, le 11 février, voici le portrait de trois scientifiques, héroïnes du quotidien.
Jeanne Métayer a toujours eu la bosse des maths. Pour elle, ce sera donc logiquement classe préparatoire et une école d’ingénieur, les Arts et Métiers, en France. Immergée dans le milieu nautique depuis l’enfance, « rejoindre Zodiac été comme une évidence, un appel pour lequel j’avais un très bon pressentiment ».
« Ne pas avoir de complexes. C’est ta propre valeur qui importe. », Jeanne Métayer
La Française a pris le large, littéralement, pour rejoindre la filiale basée à Singapour de Zodiac Milpro, un constructeur de bateaux semi-rigides pour militaires et professionnels. Après deux ans, la jeune femme a décidé de venir s’installer à Vancouver. Et le défi est au rendez-vous : « En tant que chef de projet, je participe autant à la partie avant-projet et chiffrage qu’au suivi. Je participe à la définition technique et je fais le lien entre mes clients, mes fournisseurs, les bureaux d’études et la production », explique-t-elle.
Cette expérience enrichissante permet à la jeune femme de côtoyer des experts, tout en apportant son œil neuf et ses connaissances techniques. « Une de mes professeurs avait l’habitude de dire qu’il fallait suivre ses envies, et ne pas avoir de complexes, que c’est notre propre valeur qui importe ». Et, même si parfois il faut trouver sa place et prouver sa légitimité dans un monde au masculin, c’est le mantra que Jeanne garde en tête.
La passion comme moteur
Marie Labitté a cette étincelle au fond des yeux. Après un parcours au Canada à la recherche d’un sens dans son travail et plusieurs travaux alimentaires, la trentenaire originaire de France décide de plaquer Toronto pour Vancouver.
L’intérêt qu’elle a développé pour les projets durables et responsables prend une autre dimension quand elle rejoint Canopy, cette ONG écologiste qui se consacre à la protection des forêts et des espèces. Son point d’action est inédit : « Nous voulons toucher les acteurs intermédiaires, les marques telles que H&M ou Stella McCartney, et les sensibiliser pour influencer les moyens de production, sans agir directement sur les consommateurs », précise-t-elle.
Aujourd’hui, Marie travaille sur de grandes problématiques environnementales. « Nous proposons des alternatives aux mauvaises solutions, lance-t-elle. Nous avons des marques qui nous suivent et qui vont ainsi pousser leurs concurrents dans ces démarches ».
Et le rêve de préserver la planète devient réalité : « Aujourd’hui, neuf des dix plus gros producteurs mondiaux de viscose ont signé des politiques d’entreprise qui les engagent à ne pas se procurer de bois de forêts anciennes en danger », se félicite la jeune femme. Grâce à son inspiration, l’impossible devient possible : changer le monde.
« Il faut du travail et de la rigueur pour pouvoir atteindre et réaliser ses rêves et passions », Nathaly Janco
Le chemin n’était pas tout tracé pour Nathaly Janco, initialement diplômée en gestion et marketing. Après plusieurs années de travail dans ce domaine, une curiosité aiguisée et une envie folle d’apprendre la poussent à reprendre des études en cosmétologie et système du corps.
En s’associant avec un médecin, la Canadienne a poursuivi sa formation dans le domaine médical, et a pu peaufiner ses connaissances pendant dix ans. « Peu importe le domaine dans lequel on évolue, lorsqu’on veut atteindre des objectifs, il faut de la rigueur. On n’a rien pour rien », avise-t-elle.
Et le résultat est à la hauteur de ses attentes : elle devient rapidement directrice de clinique pour Dermapure, entreprise dédiée à la santé de la peau sans chirurgie, sans pour autant sacrifier sa vie de famille. « La famille est ma stabilité, ce qui me rend forte dans mes défis de tous les jours », souligne-t-elle.
Sa deuxième famille, professionnelle, elle, lui apporte aussi une certaine sérénité : « Quand un patient pleure de satisfaction en voyant les résultats après traitements, ça me touche systématiquement », raconte-t-elle. S’il a fallu batailler pour se bâtir une crédibilité et une réputation en début de carrière, pour Nathaly « il ne faut jamais se mettre de limites, tout est accessible si on le désire vraiment, mais cela nécessite travail et rigueur ».
Féministes, naturellement
Trois femmes, trois passions, trois inspirations. Hors des sentiers battus, ces femmes relèvent des défis au quotidien, telles des éclaireurs pour les générations de femmes à venir. Pourtant, aucune ne se dit féministe. Toutes le sont par inadvertance.
« Certains ne le savent pas, mais ils sont les féministes par inadvertance qui changent le monde aujourd’hui. Nous avons besoin de plus de personnes comme celles-là », déclarait Emma Watson lors de son discours à l’ONU pour les femmes en septembre 2014.
Pour aller plus loin :
ONU Femmes : l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes : www.unwomen.org
Journée internationale des femmes et des filles de science du 11 février : www.un.org/fr/events/women-and-girls-in-science-day/background.shtml