« I lost my husband » : un vent de liberté féministe souffle sur scène

Du 15 au 24 mars, le Gateway Theatre présentera pour la première fois l’adaptation anglaise de la pièce francophone de Catherine Léger J’ai perdu mon mari. Cette comédie féministe, traduite par Leanna Brodie et produite par le Ruby Slippers Theatre, aborde avec légèreté des thèmes universels : l’amour et la liberté.

La pièce relate l’histoire d’une femme atypique, Evelyne, qui lors d’une soirée arrosée perd un pari avec la jeune serveuse du bar Le Capri. Pour une simple histoire de karaoké, les conséquences vont être surprenantes. Et pour cause, elle a parié son mari…

Mais est-ce vraiment un problème pour elle ? Veut-elle le récupérer ? Les questions s’enchaînent alors pour Evelyne, qui, par envie d’indépendance et par goût du risque, souhaite se construire un autre destin.

Une comédie dans l’air du temps

Créée en 2014 à la demande de la production québécoise À tour de Rôle, l’œuvre interroge sur la place de la femme moderne au sein du couple et de la société actuelle. Pour l’auteur Catherine Léger, au-delà de faire rire, elle fait aussi réfléchir : « Cela me tenait à cœur d’écrire une comédie avec un propos social. C’était le contexte idéal ».

En traitant de sujets actuels avec humour, Catherine Léger rend la pièce accessible à tous. « Evelyne plaît beaucoup aux femmes et leur fait se poser la question ‘suis-je plus aliénée que je ne le pense ?’. Et comme c’est drôle, cette comédie plaît également au public masculin » explique l’auteur. Le succès est immédiat au Québec : plus de 30 représentations ont été jouées à guichet fermé à Carleton-sur-Mer en Gaspésie.

Vers une conquête de l’Ouest

Un engouement que Leanna Brodie, la traductrice, partage complètement : « Cette comédie rassemble les cultures tout en brisant les idées préconçues sur l’autre. Elle permet à ces femmes d’être, sans jugement, loin de la perfection morale et politique ». Adepte des travaux de Catherine Léger, elle avait déjà collaboré avec elle sur l’adaptation anglaise d’une de ses précédentes œuvres Opium 37.

Leanna Brodie a eu l’idée de donner une seconde vie à la pièce J’ai perdu mon mari et assure qu’elle était tout à fait adaptable au public anglo-saxon de Vancouver. « Finalement on rit plus de soi que des personnages, chacun peut s’identifier. Ce n’est pas une comédie identitaire »,
souligne-t-elle.

Pour garder la substance comique tout en respectant le texte original, la traductrice a travaillé avec l’auteur. « L’humour est une affaire de rythme et Catherine le maîtrise à la perfection. Mon défi était d’être à son niveau », précise Leanna Brodie. Selon elle, l’adaptation anglaise a nécessité de légers ajustements mais le message de fond est resté le même : « la quête de liberté de toute une génération, et la génération l’emporte ici sur toutes les particularités culturelles ».

Une production en phase avec la pièce

Leanna Brodie a proposé ensuite cette comédie à Diane Brown, cofondatrice et directrice artistique du Ruby Slippers Theatre. Depuis 1990, cette compagnie de théâtre indépendante est la seule à Vancouver à produire des traductions anglaises d’œuvres québécoises originales. « Je suis persuadée que le public de Vancouver peut s’enrichir des œuvres québécoises », assure Diane Brown.

Le Ruby Slippers Theatre ne favorise pas seulement la diversité et l’échange culturel, il donne aussi la parole aux femmes dans le théâtre. « Avec notre programme New Works by Diverse Women, nous répondons au fait que plus de deux tiers des pièces du pays sont aujourd’hui écrites et dirigées par des hommes », affirme la directrice artistique. C’est donc tout naturellement que Diane Brown a accepté de produire I lost my husband : « C’est une pièce à la fois intelligente et drôle sur l’histoire d’une femme qui trouve sa voie et qui y croit. Il y a une révolution sociale en cours. J’espère que cette comédie pourra participer à son développement », ponctue la productrice.

I lost my husband au Gateway Theatre du 15 au 24 mars.