Les marchés aux puces à Vancouver rassemblent chaque fois des milliers de visiteurs curieux, en quête de l’objet rare. Le 18 mars, au Croatian Centre, le 21st Century Flea Market ne dérogera pas à la règle. Collectionneurs avertis et amateurs de trouvailles pourront retracer l’histoire de leurs biens matériels, ravivant du même coup un pan de leur héritage.
« Faire les marchés aux puces, c’est l’acte d’achat éco-responsable ultime », lance Renée Lafontaine, propriétaire de l’entreprise 21st Century Promotions depuis 2000. Acheter des produits déjà utilisés semble en effet en attirer plus d’un.
Depuis son lancement, la formule séduit toujours autant : « C’est aussi un paradis pour les chasseurs de bonnes affaires ! », relève la responsable. Un aspect à ne pas négliger quand on considère le coût de la vie si élevé à Vancouver. « Acheter des objets de seconde main représente des économies substantielles. Et les objets anciens ont tendance à être plus résistants et à durer plus longtemps », convainc-t-elle.
Évaluer un bout d’histoire
Pour cette 19e édition, des estimations verbales de l’experte Gale Pirie seront disponibles sans rendez-vous de 10 h du matin à 15 h, moyennant 10 dollars par objet. « Il y a un code de conduite très strict que je respecte en tant que membre certifié du Canadian Personal Property Appraisers Group ». Beaucoup de critères entrent en jeu dans les évaluations. La première, le but de l’estimation : « Est-ce pour une assurance, un héritage, une vente… », demande la spécialiste à ceux qui viennent la consulter. Elle considère ensuite « l’âge, l’état, la rareté, et la demande sur le marché ».
Forte de ses 25 ans d’expérience dans le domaine, Gale Pirie se repose sur ses connaissances personnelles lors des estimations verbales. Celle qui a travaillé dans l’émission Canadian Antiques Roadshow, diffusée sur CBC, a vu passer des milliers de bijoux anciens, d’objets familiaux en tous genres, de métaux, de porcelaine de Chine, ou encore d’œuvres d’art. Parfois, les situations sont cocasses : « Une fois, une dame a apporté une broche vraiment moche et il s’est trouvé que la pierre était un diamant de 14 carats, qui coûtait plus de mille dollars ! », se souvient-elle.
Une quête d’histoire(s)
Comment expliquer une telle passion pour les objets ? Pour Gale Pirie, c’est une question de recherche des racines. « Mes parents avaient des ancêtres qui ont immigré d’Angleterre et d’Europe et j’ai toujours envié certains de mes amis dont la famille venait et ramenait des objets de leurs pays d’origine », évoque-t-elle. Pour la passionnée, il est important de valoriser le patrimoine matériel. « Ça raconte une histoire », estime-t-elle.
Un grand nombre de visiteurs de marchés aux puces sont à la recherche d’une histoire. « Ces objets sont souvent liés à leur héritage », relève Gale Pirie. Renée Lafontaine confirme : « C’est assurément une quête d’histoire pour les gens. Beaucoup de monde vient pour l’aspect historique et nostalgique ». Et dans une ville aussi multiculturelle que Vancouver, les objets antiques à identifier ne manquent pas, souvent remontant à un héritage culturel transmis de génération en génération.
Origines du terme ‘marché aux puces’
L’expression viendrait de la fin du 19e siècle lorsque des chiffonniers parisiens s’installèrent pour vendre leurs produits au milieu des roulottes de gitans à St-Ouen. Une connotation péjorative entourerait l’expression, évoquant l’adage « Qui se couche avec les chiens se lève avec les puces ». Une autre explication viendrait du fait que les vêtements vendus comportaient souvent des puces, l’hygiène étant peu développée à l’époque. Quoi qu’il en soit, petit à petit, les vendeurs sont devenus des brocanteurs et antiquaires, tels qu’on les connaît aujourd’hui, et les marchés aux puces ont vite conquis le reste de l’Europe dès le 20e siècle.