Justine Mallou, étudiante en deuxième cycle au département de sciences politiques à Simon Fraser University (SFU), vient de remporter le Concours national d’essai étudiant grâce à un travail sur les obstacles à l’éducation postsecondaire chez les peuples autochtones. C’est la deuxième fois consécutive qu’un étudiant de SFU remporte le concours. Rencontre avec une étudiante engagée.
Le Concours national d’essai étudiant est un concours qui engage les étudiants à proposer des améliorations pour le service public. Lancé il y a cinq ans par l’Institut d’administration publique du Canada (IPAC), son but est de sensibiliser les étudiants aux enjeux de la fonction publique. Il est d’ailleurs ouvert aux étudiants en maîtrise et doctorat.
William G. Lindsay, conseiller spécial sur les affaires autochtones à SFU, le présente ainsi : « C’est une façon pour les jeunes esprits de se présenter et de proposer leurs idées novatrices ». De plus, « [c’est] une situation gagnant-gagnant pour les deux parties : les étudiants peuvent se mettre en valeur et le gouvernement reçoit de bonnes idées ».
Justine Mallou explique pourquoi elle s’est engagée dans ce concours : « Je cherchais l’occasion de mettre en pratique mes connaissances théoriques et méthodologiques […] pour proposer des recommandations afin d’améliorer la fonction publique ».
L’éducation chez les peuples autochtones, une problématique d’actualité
Il existe un programme d’aide aux étudiants du postsecondaire (PSSSP), créé en 1977, qui vise à améliorer l’employabilité des étudiants inuits et des Premières Nations. Cependant, des imperfections demeurent et les raisons sont multiples : une aide financière inadéquate, un désavantage scolaire lié aux manques de qualifications académiques et à la langue, ou une barrière géographique qui impose des frais de déplacement et d’hébergement importants.
Justine Mallou a choisi de traiter ce sujet après avoir travaillé comme stagiaire au département des Affaires autochtones et du Nord à Gatineau, au Québec. Elle développe : « Nous avions eu pour mission de rédiger un rapport [qui] nous a permis de voyager dans les communautés de Premières Nations au Canada. À cause des barrières liées à la distance géographique et l’éloignement des communautés rurales, mon équipe n’a pas pu rendre visite à une communauté à l’intérieur du Québec. C’est à ce moment-là que j’ai découvert la difficulté imposée aux communautés rurales qui les empêche d’accéder aux ressources essentielles, l’une étant l’accès à l’éducation ».
Dans son essai, l’étudiante établit alors quatre recommandations : permettre que les financements soient valides pour toute la durée du programme postsecondaire de l’étudiant, créer un poste d’agent de liaison entre l’étudiant, le programme postsecondaire, le bénéficiaire et Affaires autochtones et du Nord Canada (INAC), développer une plate-forme nationale d’apprentissage en ligne, et enfin, surveiller le réalignement des objectifs avec les résultats visés.
Le conseiller sur les affaires autochtones, William G. Lindsay, décrit la victoire de Justine Mallou comme « un travail opportun avec un aspect de ‘réconciliation’ ancré, un mot et un concept clés en ce moment ».
Et après ?
La suite, Justine Mallou nous l’explique : « Au cours des prochains mois, j’aurai l’occasion de […] partager mes propositions devant les hauts fonctionnaires au niveau fédéral ». Elle pense aussi à sa future carrière professionnelle : « Grâce à ce concours, j’obtiendrai une offre de stage rémunéré de quatre mois au sein de la fonction publique fédérale ».
Au-delà de sa propre réussite, c’est un sujet de plus grande ampleur que la jeune étudiante espère faire avancer : « La réconciliation chez nous à Vancouver ne doit pas être compliquée à mettre en pratique. Il s’agit d’avoir un esprit ouvert pour pouvoir en parler avec nos réseaux. Peu à peu, ces petites discussions mèneront à favoriser une relation qui est fondée sur la confiance, la responsabilité et la transparence envers les communautés autochtones ».
Reste à voir si le fédéral saura prêter une oreille attentive aux recommandations de l’étudiante. William G. Lindsay avise : « C’est maintenant à la bureaucratie d’envisager des recommandations comme celles-ci. Ou vont-elles tomber dans l’oubli ? Difficile à dire… ».