Le 21 avril, l’Union Jack sera porté avec fierté du côté de Roundhouse Community Centre à Vancouver. La Royal Society Of St. George y organisera une foire pour célébrer avec deux jours d’avance saint Georges, patron de l’Angleterre, en réunissant tous ceux qui désirent célébrer les cultures des îles britanniques. L’occasion de revenir sur l’immigration britannique passée et présente.
Difficile d’ignorer les racines de la Colombie-Britannique. Sur des terres autochtones non cédées, partout les panneaux vous renverront à un passé au parfum de thé Earl Grey. Vous pouvez ainsi habiter dans une ville nommée en l’honneur d’un navigateur anglais, George Vancouver, à l’angle de deux rues aux noms de deux Edward différents de la famille royale, roi et prince, et visiter la capitale de la province rendant hommage à une reine du Royaume-Uni et du Canada, Victoria, sans oublier les villes nordiques de Prince George et de Prince Rupert…
Les Anglais deviennent les immigrants majoritaires à partir de la Confédération en 1867, poussés par le chômage et les bas salaires, conséquences des progrès techniques de la révolution industrielle. En 1910, 108 000 Anglais débarquent au Canada. Le développement du rail conduira une grande partie d’entre eux à partir vers l’Ouest. La Compagnie de la Baie d’Hudson ouvre par exemple une mine à Nanaimo qui emploie principalement des mineurs anglais de Staffordshire et des Cornouailles. Des immigrants plus bourgeois s’installent dans la vallée de l’Okanagan pour cultiver la terre.
Les communautés s’organisent et s’entraident. Patricia Morris, membre de la Vancouver Welsh Society, explique ainsi que « les immigrants gallois sont venus à Vancouver dans les années 1880 et ont établi leur propre Société qu’ils installent au Cambrian Hall, bâtiment de 1929 que nous occupons toujours dans le quartier de Mount Pleasant ».
De nos jours, 31% des Vancouvérois et 42% des Britanno-Colombiens descendraient d’immigrants britanniques, d’après le recensement de 2016. Parmi eux, une majorité descend d’immigrants anglais, soit 19% de la population vancouvéroise, puis viennent ensuite les Écossais et les Irlandais.
Histoire d’allers-et-retours
Trois générations de femmes d’une même famille ont passé leur vie entre le Canada et l’Angleterre. La grand-mère, Margaret Burford, s’est installée avec ses parents à Victoria, attirés par les recommandations d’un oncle et la douceur de vivre. Elle se souvient du choc culturel : « C’était les années 50, j’avais 16 ans. J’étais très discrète et je portais encore des couettes. Les Canadiennes, elles, étaient maquillées et étaient moins farouches ! ».
Après avoir passé de nombreux étés à Victoria avec ses grands-parents, Jane Burford, sa fille, décide d’émigrer à son tour en direction de l’île de Vancouver avec sa fille Lucy Gregory. « L’adaptation s’est faite sans problème et je n’ai jamais senti le besoin d’entretenir ma culture anglaise. Ce n’est pas si différent ici ! ». Lucy ajoute : « Partager une langue commune est un avantage pour nous. Même si les gens sont toujours surpris par mon accent anglais, ils voient vite que nous avons beaucoup de choses en commun. J’habite maintenant à Vancouver et je me sens ici chez moi ».
Promouvoir la culture britannique
Steve McVittie, président de la St George Society, né au Canada de parents anglais et irlandais, souhaitait d’abord mettre en avant la culture anglaise : « Les Irlandais ont la Saint-Patrick, les Écossais ont la fête de Robert Burns, les Gallois la Saint-David. Mais les Anglais ne font pas grand-chose pour la Saint-Georges et c’est dommage ».
Initialement, son association avait pour but d’aider les nouveaux arrivants anglais mais se concentre maintenant sur la culture : « C’est vital parce que si vous ne connaissez pas vos racines, vous êtes perdu. Ce n’est pas un hasard si les services de recherche des origines par l’ADN sont florissants sur internet ».
Les événements culturels organisés sont variés. Du côté gallois, Patricia Morris énumère ainsi : « Nous avons des groupes de lecture et de généalogie, des cours de gallois, des concerts et des sorties dans des pubs ».
La culture britannique est encore bien présente en Colombie-Britannique. Gageons qu’elle pourrait bénéficier d’un nouvel afflux d’immigrants britanniques qui, déçus par le Brexit, pourraient aussi cocher la case « Leave » pour eux-mêmes.