Immigrer, c’est avoir tout laissé derrière soi. Qu’ils viennent d’Europe, d’Afrique ou d’ailleurs, les francophones parcourent des milliers de kilomètres pour découvrir un autre mode de vie à Vancouver. Si leur goût de l’aventure et l’envie d’explorer de nouveaux horizons sont bien présents, la réalité les rattrape parfois. Les difficultés peuvent en réfréner plus d’un, mais les francophones peuvent compter sur un réseau d’entraide pour surmonter les défis de l’immigration. Témoignages.
Une fois sur place, les immigrants ont un certain nombre de défis à relever. S’exprimer et se faire comprendre, trouver un logement et un emploi, et reconstruire un tissu social qui les accompagnera dans les bons comme dans les mauvais moments. Alors, une fois les valises posées, sur qui peuvent-ils compter ? Où et comment trouvent-ils leurs marques ?
Se former un réseau
À Vancouver, une personne est souvent définie par son réseau. Ici, ce qui compte n’est plus l’origine ni l’expérience mais plutôt les connaissances. Développer son réseau est donc une priorité et pour ce faire, il existe un certain nombre d’évènements et d’activités.
Pour Rudy Mulenda, étudiant belge à Vancouver, la priorité a été de suivre des cours d’anglais intensifs pendant cinq mois avant de poursuivre son cursus académique : « Je me suis vite rendu compte que les cours m’apportaient la possibilité de rencontrer de nouvelles personnes et de m’ouvrir à leur culture, à leur passé ». Car avant tout il faut pouvoir communiquer dans la langue locale de façon assez naturelle et fluide. « Cela permet à la fois de rencontrer de nouvelles personnes et de s’immerger dans le monde canadien », ajoute-t-il.
Il existe aussi des rencontres moins conventionnelles comme les Toastmasters qui permettent à tout un chacun de prendre la parole en public sur des sujets variés et gagner ainsi en confiance. Anne Stoll, jeune maman travaillant en tant que coordinatrice des services francophones pour l’Autorité des services de santé de Colombie-Britannique, recommande dans la même veine les spectacles humoristiques en anglais qui permettent simultanément « de prendre le pas de l’humour local tout en améliorant son anglais ».
La solidarité s’exprime aussi par l’existence des habitations coopératives ou COOP. Nadine Dechiron souhaitait vraiment en intégrer une et après plusieurs mois et tentatives elle a pu joindre la COOP de ses rêves où elle habite depuis maintenant plus de quatre ans. Ce mode de vie alternatif est basé sur la vie en communauté, la confiance et le partage, et apporte un soutien quotidien à ses membres.
Sur le plan professionnel, Laurent Geschwind, lui, a apprécié les conseils dont il a pu bénéficier en participant à des évènements organisés par l’association BC Talents from France, qui arrange régulièrement des rencontres à l’intention des francophones pour les aider à s’intégrer dans leur nouvelle vie vancouvéroise. Pour lui, à l’image de l’association, les francophones de Vancouver s’apportent soutien et conseils tout au long de l’année. « La mentalité change, les bras s’ouvrent et les conseils s’enchaînent, que ce soit dans la vie de tous les jours autour d’un verre ou bien sur les groupes de partage. Une vraie chaîne de solidarité se crée sur le principe de redonner un peu de ce que l’on a reçu », explique le jeune homme.
Les réseaux sociaux, un outil d’intégration ?
Si, en 1976, Nadine répondait à des annonces parues dans le journal pour trouver un emploi, il en est tout autrement aujourd’hui. Les réseaux sociaux, tels que LinkedIn ou Facebook, sont autant d’outils qui peuvent s’avérer bien utiles. Les groupes de partage regorgent en effet de bons plans, que ce soit pour trouver un emploi, un logement ou des partenaires de loisirs. Beaucoup de premiers contacts se créent ainsi grâce à des groupes tels que Le Croutard sur Facebook. « Les deux premières années que j’ai passées ici ont été moins riches en rencontres jusqu’à ce que je me décide à intégrer les groupes francophones », confie Laurent, désormais résident permanent canadien.
Les réseaux sociaux, et plus particulièrement les groupes francophones, fourmillent de bonnes astuces, trouvailles et autres conseils pour bien réussir son intégration à Vancouver. Ils permettent bien souvent de briser l’isolement de l’immigrant et de l’ouvrir à la vie locale. Anne l’atteste : « Pour retrouver un tissu social, rien de mieux que de pratiquer des activités qu’on aime ». D’après elle, se rencontrer pour partager une activité
« permet de côtoyer des gens de manière naturelle et non forcée, plus authentique ». C’est ce que Laurent a fait en rejoignant un club de sport et un groupe de personnes pratiquant les activités qu’il affectionne.
Les pièges à éviter
Pour beaucoup de francophones, il est impensable de fréquenter des groupes de Français en arrivant. Les raisons invoquées sont multiples : l’envie de s’immerger dans un environnement anglophone, côtoyer d’autres cultures, s’ouvrir à l’inédit. Pour Nadine, lorsqu’elle a immigré il y a plus de quarante ans, l’objectif
était de « fuir une culture française dans laquelle [elle] ne trouvait pas [sa] place ».
Cela dit, pour Anne, « s’il faut bien entendu essayer d’intégrer des groupes anglophones, se priver de la communauté francophone locale est un réel gâchis ». Selon elle, les francophones, actifs grâce à de nombreuses associations dynamiques et autres groupes, aident à créer du lien et à le maintenir.