Depuis 1996 et la proclamation officielle du gouverneur général du Canada, Roméo LeBlanc, le 21 juin est la Journée nationale des peuples autochtones. C’est l’occasion pour les Premières Nations, les Inuit et les Métis de partager et de faire découvrir leurs richesses culturelles dans un moment de fête.
La Gulf of Georgia Cannery Society et le Pathways Aboriginal Centre s’associent pour une journée de célébration le samedi 23 juin. C’est une après-midi de partage et de découvertes qui s’offre aux visiteurs. On pourra s’intéresser à l’art autochtone contemporain lors d’une visite guidée organisée conjointement par la Galerie d’art de Vancouver et Galerie d’art de Richmond. L’artisanat et la cuisine indigènes seront également représentés avec un concours de fabrication de bannock, pain traditionnel qui connaît autant de recettes que de cuisiniers.
Naissance d’un partenariat
Jelica Shaw, coordinatrice au Pathways Aboriginal Centre, définit son rôle comme celui « d’offrir des occasions aux membres de la communauté de s’épanouir et de donner le meilleur d’eux-mêmes grâce aux expressions culturelles et artistiques ».
Mimi Horita, directrice marketing et média de la Gulf of Georgia Cannery Society se souvient : « Jelica Shaw nous a contactés il y a quatre ans, cherchant un lieu pour célébrer la Journée nationale des peuples autochtones avec les jeunes du Pathways Aboriginal Centre. Le musée de notre site historique recense les nombreuses communautés qui ont participé à l’histoire de l’industrie de la pêche sur la côte ouest du Canada, à commencer par les peuples autochtones. Notre association à but non-lucratif était donc honorée de cette demande ». Depuis lors, le centre et l’association poursuivent leur partenariat.
La participation des jeunes à cette journée de célébration lors de danses traditionnelles peut, selon Jelica Shaw, être perçue comme une forme de « thérapie expressive » : « Avoir le moyen d’explorer et de partager le mouvement est une guérison pour certains d’entre eux », évoque-t-elle.
Danser pour panser des plaies
Le terme de guérison est aussi celui qu’emploie la danseuse Shyama-Priya pour qualifier ses performances. « J’étais une personne très timide et depuis que j’ai commencé à danser, il y a presque vingt ans, j’ai eu beaucoup plus confiance en moi », confie-t-elle. Shyama-Priya interviendra avec ses élèves des Wild Moccasin Dancers pour « danser avec tous ceux qui veulent apprendre ». Elle présentera différents types de danses dont la fancy, à l’origine « danse de la libération de la femme » surnommée aujourd’hui la danse du papillon, car elle évoque le vol de l’insecte.
Chaque danse a évolué pour parvenir à ce que nous voyons aujourd’hui dans les pow-wow », ces rassemblements festifs intertribaux. « Le mois dernier, alors que je donnais un cours, une vieille femme est venue vers moi et m’a dit : ‘nous n’aurions jamais eu le droit de danser ainsi’. Le gouvernement l’interdisait », rapporte Shyama-Priya.
En effet, en 1914, un nouvel amendement à la Loi sur les Indiens, l’Indian Act, adoptée en 1876, prohibe les danses et les regalia, les vêtements de gala traditionnels. Les dirigeants des églises chrétiennes s’opposaient à toutes croyances païennes et à leurs manifestations qui rendaient « l’assimilation » des Premières Nations difficile. Il faudra attendre 1951 pour que le gouvernement autorise les pow-wow et les danses traditionnelles, en reconnaissance du lourd tribut que les soldats canadiens d’origine amérindienne ont payé durant la Seconde Guerre mondiale.
« La vieille femme me rappela pourquoi partager ces danses rend la culture vivante, poursuit la danseuse. Plus nous expérimentons une chose, plus nous la comprenons, plus nous lui donnons de la valeur ». Ainsi, les pow-wow ne sont pas des reconstitutions du passé culturel. Les chansons et les danses évoluent avec chaque génération, représentant l’expression artistique et spirituelle de peuples en évolution, vivants et libres.
National Indigenous Peoples’ Day celebration, samedi 23 juin, de 12 h 30 à 16 h au 12138 4e Avenue à Richmond