Et si l’on pouvait refaire le monde, que changerait-on ? Qu’est-ce qu’on supprimerait ? La question m’est venue à l’esprit récemment alors que je regardais tranquillement le journal télévisé. Les nouvelles, vous pouvez l’imaginer, étaient désastreuses comme c’est bien trop souvent le cas. Conscient de noircir les choses, par habitude je suppose, j’aimerais pouvoir apporter un bémol à mon éternel pessimisme. Cela m’est difficile. J’aimerais tant que notre aventure terrestre se passe à merveille, que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Je ne peux toutefois prendre mes désirs pour des réalités. Mes espoirs pour un monde meilleur, c’est triste à dire, sont continuellement bafoués, trainés dans la boue. En aucune manière néanmoins je souhaite que mes idées noires et défaitistes affectent votre joie de vivre et s’emparent de votre bonne humeur. Prenez donc mon propos avec un gros grain de sel que vous aurez eu le soin de poivrer auparavant. Mais reconnaissez tout de même qu’il y a de quoi se désoler.
Depuis environ un peu plus d’un an, l’état de santé de notre chère planète a empiré avec la venue et l’installation au pouvoir d’une série de personnages totalitaires répugnants qui se sont arrangés pour venir tenir compagnie à d’autres personnalités tout aussi arbitraires peu recommandables depuis longtemps établies et parfaitement installées sur des trônes qu’elles ne sont pas prêtes à céder. Les dictatures, pour le plus grand malheur de la race humaine, procréent des petits à une allure qu’envient nos amis les lapins. Ces dictateurs en puissance semblent avoir créé une fratrie pour le moins inquiétante et qui s’en va grandissante. Regardez-les jouer entre eux. Ces joyeux lurons autocrates affichent sans vergogne leur admiration mutuelle tout en insultant publiquement les chefs d’État qui ne partagent pas leur conception du pouvoir, les jugeant faibles, mous et inaptes.
Notre Trudeau national en a pris pour son grade. En attaquant par pur machiavélisme (manipulation amorale) notre premier ministre, le président Trumpadour, signataire de pacte bidon, membre à part entière de la société des dictateurs en devenir, nous a insultés, nous braves canadiens qui ne demandons rien à personne si ce n’est qu’un peu de respect et le retour au pays de la coupe Stanley. Nous sommes les dindons de la farce et ce ne sont pas les semblants de grandes accolades qui devraient nous faire changer d’avis.
Tout est pour le show et malheureusement nous nous laissons prendre. Les dictateurs, petits et grands, savent mieux que personne manipuler les médias généralement contrôlés par le pouvoir en place dans les états totalitaires ou ceux en passe de le devenir. Piétiner et bafouer la démocratie, pour laquelle ils n’ont aucun respect, demeure leur ultime objectif.
Le monde a ainsi pris une autre dimension qui n’est pas à son avantage. George Orwell s’est donc trompé d’une trentaine de décennies lorsqu’il a écrit 1984. Nous sommes maintenant entrés dans une ère de dystopie dont nous ne sommes pas prêts de sortir. Pour le moment le Canada semble être épargné par ce fléau qui gagne de plus en plus de terrain. La tyrannie, qui a déjà pignon sur rue en Russie, en Iran, en Corée du Nord, en Chine notamment, inspire d’autres états à suivre le mouvement. La Pologne, la Hongrie, la Turquie et j’ose maintenant ajouter les États-Unis, pour ne nommer que ceux-ci en exemple, grignotent du terrain pour devenir à leur tour des autocraties. Avec la prise de pouvoir des partis d’extrême droite, rejetant toute aide humanitaire aux migrants, la déshumanisation devient complète. L’idée de vouloir séparer des enfants de leurs parents sans papiers n’est ni plus ni moins qu’une intention diabolique insensée et odieuse, indigne d’un pays qui se prétend civilisé. Fermer ses frontières à des milliers de naufragés en Méditerranée dépasse les limites de l’entendement. Faire fi des problèmes environnementaux, ignorer les questions d’éthique, assassiner des innocents au nom de croyances religieuses, liquider des opposants politiques, se désintéresser de la pauvreté, voilà les signes avant-coureurs de la dystopie vers laquelle infailliblement nous nous dirigeons. 2018 va finalement donner raison à George Orwell.
Face à ce monde en déroute qui ne tient plus la route je me permets donc d’imaginer un autre monde, un monde plus sage, plus tolérant, plus juste, un monde moins morose, moins sinistre, moins cynique, moins cruel. En somme je me réserve le droit de rêver. Du rejet de la dystopie, je suis ainsi passé allègrement à l’utopie. Réveillez-moi seulement pour la finale du Mondial.