Les 7 et 8 juillet à Vancouver se produira le danseur et chorégraphe québécois Paul-André Fortier. Dans le cadre du festival The Edge of Dance, son spectacle Solo 70 sera le cadeau d’anniversaire du septuagénaire. Retour sur un parcours et un travail hors du commun.
Ce spectacle est un adieu à la scène pour Paul-André Fortier. En effet, il sera la dernière représentation de sa fondation, Fortier Danse-Création, qui fermera ses portes le 31 décembre 2018.
En une heure de performance, Solo 70 met en scène Paul-André Fortier, unique danseur sur scène, ainsi que le comédien Etienne Pilon et la guitariste punk-rock Jackie Gallant sur des textes d’Etienne Pilon. L’objectif : « Travailler avec d’autres artistes qui n’ont pas le même univers. Frotter la danse à un auteur dramatique pour voir ce qu’il en ressort », précise l’artiste.
Inconnu et renouveau
Paul-André Fortier fait partie d’une génération de chorégraphes « ouverte à la modernité et au risque créateur ». Son art se réinvente à chaque interprétation. Sa longue carrière est marquée par la faculté à entendre et suivre les références actuelles. Sa danse et ses chorégraphies sont des mélanges épicés de diverses symboliques, où le corps n’est pas qu’un instrument mais un vecteur de communication et de diffusion d’un message poétique. Le mouvement, au premier plan de son art, est aussi le fil conducteur de sa carrière. « Je ne suis pas tourné vers le passé, dont je n’ai d’ailleurs pas de nostalgie », dit-il lui-même.
Le chorégraphe se produit là où on ne l’attend pas. Il prévoit ainsi ses œuvres dans des lieux divers tels que des magasins ou des places publiques. Ce n’est alors pas le public qui vient à lui mais l’inverse. Un public qui n’a pas choisi son spectacle mais qu’il faut captiver, forçant l’artiste à expérimenter et faire un pas de plus vers l’inconnu pour chaque projet.
Une émulsion de talents
De 25 à 70 ans, Paul-André Fortier a su se renouveler, s’entourer de nombreux autres artistes et surtout surprendre son public. « Je danse parce que j’y crois », évoque-t-il. En 2006, pour son spectacle Solo 30 X 30, il se lance le défi de réaliser 450 représentations dans des lieux publics. Il se retrouve notamment sous la pluie à exécuter des figures au sol dans des flaques d’eau. Qu’importe le temps, l’envie et les conditions météorologiques, le Québécois va au bout de son engagement et ne regrette rien.
Aujourd’hui, une dernière fois il surprend en interprétant à nouveau en solo à soixante-dix ans. Il s’offre un dialogue en scène avec de plus jeunes artistes, les appelle à mettre la danse au défi, à la pousser de nouveau dans l’inconnu. C’est, selon lui, à cet âge-là que le corps exprime et dialogue avec le spectacle. Il ne peut certes plus faire autant de pirouettes que dans sa jeunesse. Pourtant, les années n’empêchent en rien son mouvement de se charger d’une riche poésie.
Dans son spectacle Vertiges, il parle du vertige de l’âge, de la ligne d’horizon qui se rapproche et de ces questionnements qui apparaissent peu à peu, surtout dans une carrière de danseur qui s’arrête généralement autour des quarante ans.
Un flambeau qui passe
La fondation de l’artiste fermera ses portes le 31 décembre de cette année, après quarante ans de création. Il est temps pour Paul-André Fortier de tirer sa révérence et « prendre un tournant ». Si sa fondation s’arrête, Paul-André Fortier ne tire pas pour autant le rideau de la création. D’autres mondes l’intéressent, dont celui de la performance dans les galeries d’art.
Aux générations futures, le chorégraphe hors pair adresse un seul mot : « la passion ». Ainsi, si les pages se tournent, le monde de la danse contemporaine tel que le chorégraphe l’a connu, et auquel il a grandement contribué, ne disparaîtra jamais totalement.