Mardi 4 septembre, les quelque 6 000 élèves des 40 écoles du Conseil scolaire francophone feront leur retour dans les salles de classe. Au programme, toujours les mêmes défis, récurrents d’une année à l’autre : besoin de personnel et manque d’infrastructures. Les élections scolaires et la poursuite de la cause juridique marqueront aussi l’automne.
« Le personnel enseignant est très enthousiaste pour cette rentrée 2018 », observe Marie-France Lapierre, présidente du Conseil d’administration du Conseil scolaire francophone (CSF). Parmi les nouveautés cette année figurent les nouveaux programmes d’études en 10e année adoptés par la province.
Le curriculum de français sera désormais à la hauteur des attentes pour Bertrand Dupain, directeur général du CSF : « Ce curriculum est le résultat d’un travail exceptionnel réalisé par la directrice de l’école Victor-Brodeur à Victoria Pascale Bernier et son équipe qui ont travaillé avec le ministère de l’Éducation de la province pour présenter un programme qui représente enfin les attentes de la communauté ».
Dès septembre, les élèves de 10e année auront donc le choix entre plusieurs spécialisations en plus du tronc commun. Français nouveau média, français écrit, français oral… Les étudiants pourront approfondir un ou deux sujets de prédilection. « Nous avons dû nous battre un petit peu pour que le programme de français langue première fasse partie de cette nouvelle structure », confie le responsable.
Des dossiers toujours d’actualité
Malgré tout, la rentrée reste parsemée de défis. « Ce sera un automne assez mouvementé et palpitant pour la communauté francophone en Colombie-Britannique », prédit Marie-Andrée Asselin, directrice générale de la Fédération des parents francophones de Colombie-Britannique. Plusieurs dossiers importants vont en effet se poursuivre, à commencer par le manque d’enseignants qui sévit encore.
Le recrutement et la rétention du personnel scolaire sont des problèmes récurrents pour le conseil scolaire. « Ça semble être la tendance cette année encore », regrette Marie-Andrée Asselin. À une semaine de la rentrée des classes, une cinquantaine de postes restent à pourvoir.
Pourtant, le CSF a fait des pieds et des mains pour recruter enseignants, secrétaires et personnel de soutien, y compris à l’extérieur de la province et même en Europe. Des partenariats ont été conclus avec des universités et le conseil travaille avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour aider les candidats dans leurs démarches.
Avec une augmentation annuelle de plus de 2 % du nombre d’inscrits, le CSF est victime de son succès et a besoin de plus d’employés. « Nos programmes sont de plus en plus prisés, ce qui crée du même coup des problèmes d’embauche », explique Bertrand Dupain. Les postes non pourvus ne sont, par ailleurs, pas que des temps pleins et pourront être comblés jusqu’au 30 septembre. En attendant, « toutes les écoles ouvriront et tous les enfants seront accueillis », assure le directeur.
Besoin d’écoles
Le manque d’infrastructures constitue l’autre défi majeur. « Il y a un manque d’espace dans nos écoles, on a besoin de plus d’établissements », plaide Marie-Andrée Asselin. « On a tellement de rénovations à faire », complète Marie-France Lapierre. En outre, certaines écoles se trouvent sur des terrains loués à des conseils scolaires anglophones, plaçant le CSF dans une situation précaire.
Deux écoles devaient être créées pour la rentrée à Kimberley et Golden, dans l’intérieur de la province. Mais les projets sont au point mort : l’une manque de local et l’autre n’a pas reçu les inscriptions nécessaires des parents d’élèves.
Entre ici en jeu l’affaire Russell, car le problème d’infrastructure est étroitement lié à la cause juridique. Selon Marie-Andrée Asselin, le système de financement de la province ne permet pas de répondre à la demande. « Le CSF a besoin de plus de fonds », avance-t-elle. Elle conteste notamment la méthode employée pour calculer la surface nécessaire dans la construction d’une nouvelle école. « Le ministère prend les chiffres actuels et pas potentiels, alors qu’on sait très bien qu’il y a toujours une recrudescence des effectifs suivant la construction d’une nouvelle école ». Ainsi l’établissement devient trop petit trop rapidement, parfois même avant la fin de sa construction.
D’ici la fin du mois d’octobre, le conseil d’administration actuel du CSF devra décider s’il porte l’affaire à la Cour suprême du Canada ou non. « On ne se laissera pas assimiler comme l’a affirmé la juge Russell », lance Marie-Andrée Asselin. « Je trouve ça dommage que dans chaque province il faille retourner dans les mêmes batailles. Il faut toujours se battre, mais la communauté francophone est forte », déplore de son côté Marie-France Lapierre, confiante malgré tout.
Les élections scolaires à venir
Cet automne sera aussi le temps des élections scolaires au CSF. Les sept membres du conseil d’administration du CSF seront renouvelés d’ici le 20 octobre. Trois des sept régions ont d’ores et déjà élu par acclamation leur unique candidat.
Les sept conseillers scolaires, élus pour un mandat de 4 ans, s’occupent de la gouvernance, élisent le président et le vice-président, décident de l’orientation du CSF et votent le budget. Marie-Andrée Asselin encourage les gens à voter avec la campagne « Notre avenir se joue dans nos écoles ! ». L’objectif est de surpasser le résultat des dernières élections en 2014 où 682 bulletins avaient été comptabilisés.
Le vote se fait de façon électronique jusqu’à la date de clôture du 20 octobre. Tous les francophones de la Colombie-Britannique, même sans enfant, peuvent prendre part. Encore faut-il être membre du CSF en date du 22 juin 2018.
Retrouvez toutes les conditions d’admissibilité sur www.csf.bc.ca/conseil-d-administration/elections-scolaires
Septembre 2016 : jugement de la Cour suprême provinciale. La juge Loryl Russell indique que la province n’a pas respecté l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés en ne finançant pas suffisamment certaines écoles. La province doit alors 6 millions de dollars en dommages au CSF.
Octobre 2016 : demande d’appel du jugement par le CSF et la Fédération des parents. L’appel porte sur certains aspects du jugement, notamment sur la méthode employée dans le financement des écoles, jugée désavantageuse pour la minorité linguistique et qui trahirait ainsi le principe d’ « équivalence réelle » énoncé par la Cour suprême du Canada.
Juillet 2018 : appel rejeté par la Cour d’appel de la province. La décision de première instance est donc confirmée.
Automne 2018 : le CSF doit décider s’il porte l’affaire à la Cour suprême du Canada d’ici le 20 octobre.