L’enseignement du français en Colombie-Britannique n’est pas au beau fixe. Manque de professeurs qualifiés, difficultés de reconnaissance, et surtout des demandes croissantes. Face à ces demandes, l’école des Pionniers-de-Maillardville lance deux nouveaux programmes d’activités parascolaires en immersion.
Céline Kossmann, enseignante de français en école secondaire, a auparavant enseigné trois ans en immersion. À la question de savoir si l’on pouvait parler de crise de l’enseignement francophone en Colombie-Britannique, elle répond : « Oui, car il y a plus de demande que d’offre, c’est-à-dire plus de classes que d’enseignants bilingues disponibles et désireux d’enseigner le français ou en français ».
Mais à quoi cette situation est-elle attribuable ? Plusieurs facteurs rentrent bien évidement en jeu mais le premier auquel pense Céline n’est pas le plus évident. « Le coût de la vie, dit-elle, contraint les professeurs à déserter certains quartiers ou villes devenus inabordables. Ce phénomène touche bien sûr toutes les professions mais, le vivier d’enseignants bilingues qualifiés étant déjà limité, cela a des conséquences immédiates sur le nombre de postes vacants ».
Pour pallier ce problème de pénurie, il faudrait, d’après l’enseignante, encourager et faciliter l’apprentissage du français pour les futurs professeurs. En outre, les jeunes en immersion devraient se rendre compte qu’elle est plus qu’un apprentissage linguistique et qu’elle peut devenir leur carrière.
L’immersion est un joyau
L’immersion est incontestablement la façon la plus efficace d’apprendre une langue. Plus jeune on apprend une langue, plus on la maîtrise aisément et rapidement. Les programmes d’immersion ont une place indiscutable dans les écoles, ce qui explique que tant d’associations et de personnes du milieu scolaire, parmi tant d’autres, se battent actuellement pour qu’ils soient faciles à mettre en place.
Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada, était interrogé par les membres du Sénat en décembre 2017 et s’était exprimé sur l’immersion française : « Je crois que l’immersion en français est l’un des meilleurs outils à notre disposition pour accroître le bilinguisme au pays. L’immersion en français est un joyau et il faut tout faire pour qu’elle continue de rayonner et pour qu’il y ait suffisamment d’enseignants. »
Malgré les difficultés rencontrées pour trouver des professeurs, l’école des Pionniers offrira deux nouveaux programmes parascolaires d’activités sportives en immersion française. Pratiquer un sport en français est d’un intérêt majeur selon le personnel enseignant, car cela permet de sortir l’apprentissage de la salle de classe, un défi récurrent lié au contexte d’enseignement en milieu minoritaire.
Cette situation ravit les jeunes comme Ashton Ramsay, un élève finissant de l’école des Pionniers-de-Maillardville. Lauréat de la bourse 2018 du Conseil de jeunesse francophone de la Colombie-Britannique et fondateur du Calendrier francophone de la Colombie-Britannique, il est profondément engagé dans la promotion de la langue française. Habitué des activités en immersion, il est enthousiasmé par la création de ces nouveaux programmes. « Faire du sport en français c’est intéressant car ce n’est pas comme dans une salle de classe, dit-il. C’est bien, on joue, on se socialise en français. On ne s’occupe pas des notes. Ces activités vont sans aucun doute plaire aux élèves ! »
Du point de vue de l’enseignant, « faire pratiquer un loisir, un sport ou un art donne l’occasion de vivre des expériences en français relatives aux centres d’intérêts des jeunes et de parler français en situation authentique, explique Céline. Le français est une discipline scolaire, certes, mais c’est une langue vivante qu’il faut avoir l’occasion de pratiquer dans la vie de tous les jours, avec des locuteurs variés et dans des contextes familiers ». Une déclaration à laquelle tout apprenant d’une seconde langue vivante ne peut qu’acquiescer.
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