C’est l’un des événements les plus marquants de la vie d’un couple : le mariage se doit d’être un instant à part, entre fête et moment sacré. Qu’en est-il pour les différentes communautés qui composent la mosaïque de la Colombie-Britannique ? Une rencontre en 2014 avec des professionnelles d’un secteur florissant, celui des mariages « culturels », reste d’actualité.
Selon une étude réalisée par l’agence provinciale Vital Statistics, en 2010, 1 150 mariages ont été célébrés en Colombie-Britannique par des représentants hors communauté chrétienne. Spécialistes de l’organisation de mariages, Brenda Nijjer et Kristy DeBoer ont bâti leur réputation sur le bouche à oreille, en particulier au sein de la communauté originaire d’Asie du Sud. Pour les Britanno-Colombiens originaires d’Inde, par exemple,
« l’organisation de mariages est un concept nouveau, soulignait Brenda Nijjer (Ayda Productions). Traditionnellement, il y a assez de membres au sein d’une famille pour aider à l’organisation du mariage et on ne fait pas appel à un professionnel. Mais les jeunes mariées indiennes souhaitent désormais que chacun apprécie la fête, car cela demande énormément de préparation. »
Le rôle central des traditions
En effet, pour un mariage à l’indienne, on peut parfois compter jusqu’à six événements différents. « Il y a un certain nombre de rites festifs à respecter du côté de la future mariée, mais aussi du futur marié, racontait Brenda Nijjer. Dans la communauté originaire du Penjab ou pour un mariage Sikh, on peut ainsi compter deux ou trois réunions pour chaque famille. La mariée est au centre d’un événement appelé Fête pour Dames qui donne le coup d’envoi des célébrations. »
Parmi les spécificités des mariages culturels, les traditions ont un rôle central. « Un mariage chinois typique devrait inclure ce que l’on appelle la Cérémonie du thé, les Jeux de porte ou encore le porter de toasts, expliquait Lisa Lee, de Shing Weddings. Parfois, certains couples de la communauté chinoise qui parlent le mandarin ne suivent pas ces coutumes, mais il faudra que le jeune couple s’assoie sur un lit neuf, par exemple… Selon l’origine exacte des couples, il peut y avoir différents usages à suivre. »
Côté habillement, les couleurs vives semblent être d’usage pour bon nombre de futurs mariés. Le rouge remporte la mise du côté de la communauté chinoise, mais aussi indienne : « Les mariées en général portent du rouge, relevait Brenda Nijjer. Le marié, quant à lui, porte ce que l’on appelle un Achkam, l’habit traditionnel indien. »
Au sein de la communauté coréenne, la tendance chez les jeunes couples est apparemment de se marier sans officiant. Par ailleurs, les photos de mariage sont prises en deux temps : avant la cérémonie, souvent dans des mises en scène étudiées, afin de pouvoir les faire imprimer et encadrer pour accueillir les invités le jour J, puis pendant et après la cérémonie, comme on le fait en Europe notamment. Les mariés doivent également rendre hommage à leurs parents et s’incliner devant eux pendant la cérémonie, qui se tient souvent en fin de matinée ou en après-midi, sans prolongations en soirée.
Le meilleur des deux mondes
Mais que se passe-t-il lorsque les futurs mariés sont d’origines différentes ? Leur mariage se doit d’être à leur image et à l’image de la Colombie-Britannique : métissée. « Tous les couples souhaitent incorporer des aspects de leur propre culture, que ce soit au niveau de la nourriture, du décor… expliquait Kavita Mohan, organisatrice de mariages. J’ai travaillé pour un couple dont le mari était d’origine vietnamienne, et qui a choisi de réaliser ses photos de mariage au jardin botanique du Dr Sun Yat Sen. La tendance pour les mariées indiennes est de porter une tenue traditionnelle pour la cérémonie au temple et une autre tenue plus occidentale pour la réception. La plupart des couples ont grandi ici, ils veulent le meilleur des deux mondes. »
Un marché florissant
Selon l’enquête réalisée par le magazine spécialisé Weddingbells, le budget moyen d’un mariage au Canada en 2014 était estimé à 31 685 $ et le nombre de noces à 162 056. Au sein de ce secteur dynamique, le créneau des mariages culturels semble attirer un intérêt grandissant. « Je m’occupe actuellement d’un mariage pour un couple d’origine indienne qui souhaite faire quelque chose de différent, détaillait Kavita Mohan, avec une réception dans un hôtel au centre-ville. J’ai remarqué que beaucoup d’entre eux proposent désormais différents types de menus pour les mariages et plus seulement un seul menu occidental. »
DJ, photographes, organisateurs d’événements… impossible d’ignorer les mariages culturels : pour beaucoup de communautés en effet, un mariage n’est pas l’événement d’un seul jour, mais rassemble une multitude de festivités, sans oublier un nombre important d’invités. Un mariage occidental compte en moyenne 128 invités, contre plusieurs centaines de convives pour certaines noces culturelles. « Généralement, pour un mariage indien, on peut tabler sur une moyenne basse de 400 à 500 personnes, et pour certains ce chiffre monte jusqu’à 1 000 », confirmait ainsi Brenda Nijjer.